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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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petite cour herbeuse. Kathryn s'assit sur un banc de pierre. Anselm affirmant qu'il voulait en savoir davantage, elle proposa une nouvelle réunion dans le parloir, une fois qu'elle aurait réfléchi. Venables faisait maintenant des adieux discrets à Spineri, qui annonça son départ comme s'il avait un rendez-vous urgent avec le Saint-Père. Il s'en fut, ébauchant distraitement une bénédiction. Les autres se dispersèrent, et Murtagh partit en hâte à la cuisine.
    Kathryn changea de place sur le banc de pierre afin de regarder les buissons de roses jaunes. Les boutons s'étaient ouverts depuis peu, les fleurs à peine écloses cherchaient la force du soleil pour s'épanouir davantage. Dans son dos, les frères convers, sous la houlette de l'infirmier, pénétraient dans l'église pour transporter le corps d'Atworth jusqu'au charnier.
    Plutôt que de consulter des textes, Kathryn décida de se remémorer tout ce qu'elle savait sur l'arsenic, ses effets mortels et sa nature instable. Un extrait minéral : ainsi l'avait défini son père. Qu'avait-il dit d'autre? Ah oui. Les signes de l'empoisonnement apparaissaient après la mort, alors qu'ils étaient parfaitement dissimulés tant que la personne était en vie. « Le jugement de Dieu », l'appelait son père. Il avait été incapable d'expliquer pourquoi, cependant c'était toujours après la mort que les signes devenaient perceptibles. Or le corps d'Atworth montrait tous les indices de l'empoisonnement à l'arsenic : l'aspect cireux, la peau lisse et souple, la poussière rouge, et la lenteur de la décomposition. Il avait dû en absorber une infusion concentrée. Ou s'agissait-il d'autre chose? Entendant un bruit de pas, Kathryn leva les yeux. Colum revenait avec un frère lai qui apportait un plateau avec de la viande séchée coupée en dés, baignant dans une sauce légère parfumée aux herbes, un petit morceau de pain blanc et un gobelet de vin. Il s'était aussi muni d'une serviette et d'eau. Kathryn se lava les mains, remercia le moine et, après avoir refusé le vin, elle mangea avec la cuiller en corne qu'elle avait sortie de son sac. Pendant ce temps, Colum faisait quelques pas, comme fasciné par le buisson de roses.
    — Je les ai surveillés pendant qu'ils préparaient votre plateau! lança-t-il à Kathryn par-dessus son épaule. Si votre hypothèse est bonne, il faut vous méfier de ce que vous mangez et buvez ici.
    —
    Oh, je pense que nous ne risquons rien, répliqua la jeune femme, au moins pour l'instant.

    — Atworth a donc été empoisonné ?
    —
    Cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Ce qu'il faut savoir, maintenant, c'est de quelle manière. Mais allons-y, nous ne pouvons pas faire attendre les autres plus longtemps.
    Tous deux regagnèrent le parloir. S'y trouvaient les quatre moines ainsi que Venables. Seul frère Gervase semblait content. Kathryn prit un siège en bout de table.
    —
    Le corps a été transporté au charnier, déclara le prieur Anselm. J'ai ordonné qu'on brûle la robe et les linges, ainsi que le cercueil.
    —
    Mais ce sont les seules preuves dont vous disposez, ricana Gervase, qui avait du mal à contenir sa satisfaction. Elles vont être détruites, père prieur.
    Je veux dire, nous ne voulons pas garder de reliques.
    —
    Pourquoi êtes-vous si content, frère Gervase? demanda Kathryn.
    —
    Je n'ai jamais aimé Atworth, expliqua le sous- prieur, qui semblait parfaitement à l'aise. Je ne voudrais pas dire que mon frère défunt était un menteur, mais il constituait une énigme : c'était un simulateur, un rusé.
    Jonquil, rouge de colère, demanda :
    — Qu'est-ce qui vous le prouve?
    Gervase fit une grimace.
    —
    Il voulait fuir le monde, mais rencontrait des gens importants et restait le confesseur de la reine mère. Il acceptait de recevoir ses lettres, sans parler des cadeaux qu'elle et d'autres lui envoyaient.
    Le prieur Anselm frappa sur la table.
    —
    Ce n'est pas juste. Frère Roger partageait tout avec les pauvres ; il ne gardait rien.
    Kathryn examina attentivement Gervase : son visage gras, ses joues marquées de veines, la bouche évoquant celle d'un poisson, et le sourire cynique. Un homme qui avait traversé la vie avec une ambition dévorante, sans le talent pour la satisfaire, songea la jeune femme. Sans doute Gervase jalousait-il Atworth, et les protections dont jouissait ce dernier.

    —
    Vous devriez vous montrer prudent, Gervase, le mit en garde Simon l'infirmier.
    Le sous-prieur leva la

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