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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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dans une bataille. Lui, le
grand borgne de Lombardie, le prince devant qui, autrefois, tout le monde
pliait, le riche Monsignore possédant terres, palais, domaines, serviteurs,
était là sur la mousse à trembler pour une femme qui aurait dû rester à filer
la laine.
    «
Si jamais nous sortons de cette équipée, je jure sur mon honneur de la dresser
à ma façon ! » songea Fulvio, rongé par la jalousie.
    Sur
cette énergique pensée, le prince Farnello s'endormit en serrant Zéphyrine
contre lui.

Chapitre XXXVI
LA CITÉ PERDUE
     
     
    Evitant
les vallées malsaines, les Incas avançaient en contournant le Cuzco à l'est.
Ils remontaient vers le nord, par la puna [145] inconnue des conquérants. Au fur et à
mesure que les « fils du Soleil » marchaient à flanc de montagne, leur colonne
grossissait.
    De
partout affluaient des fugitifs venant rejoindre Sapa Inca Manco. Ils
racontaient les horreurs que faisaient en bas les « dieux blancs ».
    Fulvio
donna l'ordre à son groupe de suivre les Incas à deux heures de marche
derrière. Il craignait que ses compagnons, malgré les peaux de puma, ne se fassent
trop remarquer. On s'était organisé. Pando-Pando avait trouvé des lamas qui
portaient le barda de vêtements récupérés çà et là chez des montagnards, l'eau
et la nourriture indispensables à la survie dans ces altitudes.
    Demoiselle
Pluche détestait toujours autant les lamas. Ces susceptibles animaux ne
rataient jamais une occasion de lui souffler un jet d'eau dans le nez. Gros
Léon était d'un grand secours. Il volait au-dessus des Incas, revenant indiquer
à ses maîtres la direction qu'ils prenaient.
    On
avançait depuis cinq jours dans la forêt de Ceja de Montana. Zéphyrine avait l'impression que la
végétation devenait de plus en plus inextricable. Pour nourrir le groupe,
Pando- Pando et Bois-de-Chêne tuaient des guanacos. Leur viande, bien que dure,
était appréciée. Il fallait malheureusement la manger crue, allumer un feu
aurait été trop dangereux.
    Chaque
nuit, Fulvio, le Normand et Pando-Pando, en qui le prince se rendait
compte qu'il pouvait avoir confiance, rampaient jusqu'aux tentes. Marna Occlo était
trop bien gardée pour tenter une attaque surprise.
    —       Toi
attendre Cité perdue, homme de Zéphyrine pâle ! disait Pando-Pando.
    Il
s'obstinait à appeler Fulvio de cette façon assez agaçante pour un macho [146] de sa trempe.
    Depuis
qu'il s'était laissé aller à embrasser Zéphyrine et à dormir contre elle,
Fulvio cherchait maintenant à l'éviter. Poli, l'aidant à passer les pierres
d'un cours d'eau ou à sauter par-dessus les rocs, Fulvio après s'éloignait,
prétextant ses occupations de chef de groupe. Il dormait la nuit enroulé dans
sa peau de lama près de Bois-de-Chêne et de Paolo, ou faisait le guet. Il
laissait Zéphyrine à côté de demoiselle Pluche. La jeune femme concevait de
cette froideur un réel désespoir. Les seules conversations qu'elle avait avec
Fulvio concernaient les enfants. Zéphyrine parlait de la beauté de Corisande.
Elle racontait à Fulvio son voyage, Madrid, François I er , Charles
Quint. Elle évitait, bien sûr, don Ramon de Calzada et minimisait Cortés, ses
deux remords. Comme doué de clairvoyance, Fulvio revenait sur ces noms, ainsi
que sur celui de Soto. Il la fixait alors impitoyablement. Changeant de sujet,
Zéphyrine lui raconta comment elle avait perdu le talisman de Saladin, dans le
cachot de l'Inca. Elle tenta aussi de l'intriguer en parlant des « roses de
sang » qu'elle avait découvertes sur les nuques de Charles Quint, d'Atahualpa
et de Huascar.
    —       Peste, ma chère, vous deviez les serrer de près pour voir ce
que personne jamais ne vit! se contenta de répondre Fulvio.
    Zéphyrine
se mordit les lèvres. Tout se retournait contre elle. Sur la liste de ses
conquêtes s'ajoutaient maintenant le roi d'Espagne et les Sapas Incas !
    La rancune de
Fulvio paraissait tenace. Avec illogisme, il avait tremblé en la voyant sous le
poignard de l'égorgeur ; maintenant qu'elle était vivante, il était décidé à
lui faire payer très cher le prix de ses trahisons.
    Tout en marchant,
Zéphyrine se torturait l'esprit pour tenter de deviner ce que son mari savait
réellement ou seulement pressentait. Tout en regardant sa haute silhouette, ses
épaules bien découplées et ses jambes musclées se jouer des précipices,
Zéphyrine songeait :
    «
Il veut me mettre à l'épreuve. Fulvio, pourquoi êtes-vous

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