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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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de Tiziano. Le choucas
volait sans cesse au-dessus de sa tête.
    Une seule chose
rassurait le géant. Désobéissant à Zéphyrine, il avait prévenu le grand maître. Villiers lui avait promis de faire renforcer à
l'arrière la surveillance du chevalier Volker.
    C'est ainsi que, chaque jour, les chevaliers de l'ordre et
la princesse Farnello avançaient à une lieue les uns des autres en Espagne.
    La route, souvent défoncée, passait par Utieî, Castillo de Garcimuñoz, Alcazar de San Juan,
Cuenca, pour atteindre
enfin Guadalajara...
    La première chose
qui avait beaucoup étonné La Douceur était qu'en Espagne tous les habitants
parlaient espagnol !
    « Bousus, foutus !
Peuvent point causer 1' " françois " comme tout un chacun », grondait
le géant.
    La deuxième
remarque fut faite par Pluche en traversant les petites villes. « Les
vertugadins sont plus grands ici qu'en Italie, Madame... Il va vous falloir
changer de garde-robe... »
    Zéphyrine avait
tout perdu en Sicile, et les seules robes qu'elle possédait venaient de Malte
où l'élégance n'était pas du dernier cri.
    Telle une
provinciale éblouie, la jeune femme regardait de la litière, ou du mulet
qu'elle chevauchait parfois, les dames de la haute société qui se promenaient,
toujours suivies de valets et duègnes, autour des églises.
    Le visage abrité
d'une mantille, les belles Espagnoles montraient avec orgueil leurs g uardainfante, ces vertugadins énormes dont les cerceaux raides soutenaient un rembourrage
destiné à faire bouffer, à partir de la taille, les jupons et la robe, donnant
la forme d'une cloche.
    En les regardant,
Zéphyrine se sentait démodée. Elle n'avait pas le temps d'en éprouver de la
tristesse, tout occupée qu'elle était à régler les détails matériels du voyage.
    Les 10000 sequins
filaient vite.
    Avant d'arriver, le
soir, Zéphyrine devait s'assurer que La Douceur ou Piccolo avaient acheté, chez
les paysans, poules et rôts, ou, à des chasseurs, perdrix et lapins, vendus
quelques réaux.
    A l'inverse des
hostelleries françaises, regorgeant de nourriture, il n'y avait dans les
auberges espagnoles que ce que le voyageur apportait.
    Parvenue à l'étape,
Zéphyrine réussissait à obtenir pour elle- même et ses femmes un lit, pour les
hommes une botte de paille dans les communs. Seul La Douceur dormait enroulé dans
une couverture en travers de la porte de Zéphyrine.
    De toute façon,
chambre ou écurie, il y avait autant de puces que de punaises. Chacun se
retrouvait le lendemain se grattant à qui mieux mieux.
    Zéphyrine fit une
autre découverte, outre que tout était à vendre, même ce qui n'existait pas,
les venteros [13] étaient plus larrons que les voleurs de grand chemin. A chaque arrêt, Zéphyrine
et ses gens « perdaient » une caisse de leur équipage. Si l'on continuait
ainsi, on arriverait à Madrid dépossédés de tout.
    La Douceur décida de veiller pour coincer les voleurs, mais
les Espagnols étaient plus habiles que lui.
    Ce fut Tiziano qui
fit cesser les vols en allant parlementer avec les venteros.
    —       Pour
qu'il n'y ait plus de larcins, Signora, il faut payer une « prime », cinq réaux
de plus !
    Zéphyrine s'exécuta et les vols cessèrent comme par
enchantement.
    A partir de ce
jour, La Douceur devint presque poli à l'égard du Vénitien.
    Au fur et à mesure
que Zéphyrine pénétrait en Espagne, elle était étonnée du caractère orgueilleux
et ombrageux des habitants. Bien qu'ils fussent extérieurement courtois, la
jeune femme avait l'impression que, du plus petit au plus grand, ils
méprisaient le reste du monde.
    Les bourgeois et
les paysans auxquels Zéphyrine s'adressait paraissaient avoir peine à croire
qu'il existât au monde d'autres terres que l'Espagne et d'autres rois que le
leur.
    Plus Zéphyrine
avançait, plus elle devenait impatiente. Elle aurait voulu fouetter les mules,
galoper à bride abattue vers le but.
    Une grave déception
l'atteignit un matin.
    —       C'
trou du cul d'Vénitien a disparu !
    La Douceur
annonçait la nouvelle en regardant Zéphyrine avec reproche. Elle avait cru dans
les serments de Tiziano. Zéphyrine espéra que sa mansuétude ne serait pas trop
lourde de conséquences. Pour ne pas donner à La Douceur la joie du triomphe,
elle déclara :
    —       C'est
ce que je désirais.
    La Douceur partit
en marmonnant des mots inintelligibles.
    Outre l'inquiétude
que la jeune femme pouvait ressentir à la pensée que

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