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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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chevelure, plus bas sa douce toison
d'or. Ils se regardent les lèvres pâlies par un trop grand plaisir. Leurs yeux
brillent. Zéphyrine gémit, ouverte, attendant l'instant suprême. Elle tend les
bras, attire Fulvio. Avec un grondement, il s'abat sur elle. Il s'enfonce
doucement d'abord dans cet abri fait pour lui... La chaleur de ce nid l'enivre.
Elle brûle... l'inonde... Les lèvres de Fulvio cherchent la bouche de
Zéphyrine. Il la martèle de coups d'amour. Ils suffoquent, s'offrent, se
veulent. Ils sont tellement faits l'un pour l'autre qu'ils en sont éblouis,
incrédules.
    Ensemble,
ils crient... Ensemble, ils meurent dans l'écume éternelle au faîte de la
volupté. Dehors, le clapotis de l'eau résonne sur les flancs du vaisseau.
    Après
quatre-vingt-dix jours de traversée, sans tempêtes, les voyageurs manquant
d'eau aperçurent enfin des côtes se profiler à l'horizon.
    On
avait perdu deux lamas, trois chevaux et malheureusement dix hommes, de maladie.
    Sur
le pont, tout le monde très excité discutait pour savoir si c'était la pointe
de la Bretagne ou la « corne » du Portugal [158] .
Zéphyrine avait attaché Luigi à une courroie, car l'enfant maintenant marchait
et courait partout.
    Fulvio
avait habilement évité la route des galions espagnols. Chacun espérait que l'on
arrivait en France pour ne pas retomber dans les geôles de Charles Quint.
    Des
mouettes blanches volaient au-dessus des mâts.
    Gros
Léon battait ses ailes noires en signe de joie. De petites embarcations de
pêcheurs venaient au-devant de cette lourde galère inconnue.
    Par
précaution, Fulvio avait fait baisser les pavillons.
    —       Hé ! Ho ! du bateau, où
sommes-nous, les gars ? interrogea- t-il en optant pour le français.
    —       God damn, man, what
wind blows thee here ? (Mordieu,
l'homme, quel vent vous amène ici ?)

Chapitre XLI
CES « DAMNÉS » ANGLAIS
     
     
    —       Et comment sont ces
sauvages, princesse Farnello ?
    —       Comme vous et moi, Votre
Majesté, répondit Zéphyrine.
    Elle
accompagnait ses paroles d'une gracieuse révérence.
    Devant
cette réponse hardie, Henry VIII fronça ses sourcils roux. Son teint vif
d'homme habitué à la chasse rougit. Toute la cour frémit, tremblant de voir ce
bel après-midi ensoleillé assombri par une des célèbres colères du roi d'Angleterre.
    On
s'écartait déjà de cette insolente Zéphyrine Farnello. Pourtant, Henry VIII
restait planté, jambes écartées, devant elle. Une veine dans son cou de taureau
saillait.
    —       Qu'est-ce à dire, Milady?
    Zéphyrine
se redressa, souriante, dans sa somptueuse robe bleue à la Tudor, à large
décolleté carré.
    —       Eh bien, Sire, ils ont des
yeux, un nez, une bouche, un corps et, ma foi, tout ce qui va avec !
    Sous
le chapeau plat à plume, clouté d'orfèvrerie, le gros Henry éclata d'un rire
gras.
    —       Tout... bien tout,
êtes-vous sûre, Milady?
    —       D'après mes déductions et ce que nous pûmes
en juger, j'entends de visu... mais pas du toucher, oui, Votre Majesté.
    Henry
s'esclaffait. Les courtisans, soulagés, imitaient leur roi. On revenait vers
Zéphyrine qui avait l'heur de plaire.
    —       Mais, votre roi des Incas
avait-il une... vous voyez ce que je veux dire, Milady? fit le roi avec un
geste éloquent.
    —       Je le suppose, Sire, mais,
pas plus qu'avec Votre Majesté, je ne puis pour le roi des Incas l'assurer,
n'ayant pas assez approché sa royale personne ! ni, bien sûr, son royal objet.
    Baissant
modestement les yeux, Zéphyrine replongea dans une révérence de cour. Elle
avait tapé juste. C'était exactement le genre de gaillardes plaisanteries
qu'adorait Henry. Dans sa chamarre bordée de fourrure, sa bedaine ronde
tressautait de joie.
    —       Ah ! ah ! ah ! le royal
objet... Prenez-en un peu de la graine, Mesdames, il n'y a qu'une Française
pour avoir cet esprit !
    —       Une Française devenue
italienne par le mariage, Votre Majesté ! rectifia Zéphyrine.
    —       C'est vrai, my God. Où
est-il l'heureux mortel qui possède femme à la langue si bien pendue... Allez
nous le quérir, ainsi que Montrose.
    Un
courtisan descendit au pas de course vers la Tamise chercher le prince Farnello
qui discutait sur la rive avec son ami Mortimer.
    —       C'est bien, ma chère princesse, vous avez
gagné physiquement et votre caractère s'est amélioré, fit le roi, montrant
qu'il

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