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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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chose.
     
    Fulvio
était inquiet. Ses hommes laissés à l'abandon se seraient-ils débandés ?
    En
arrivant avec Zéphyrine et leurs compagnons dans la baie de l'Opale, le prince
Farnello poussa un soupir de soulagement. La galère se balançait doucement sur
les flots. Le nom de la Conception avait été effacé pour être remplacé, gravé en lettres d'or sur la proue, par Zéphyra.
    —       Vous voyez, Madame, que je
pensais à vous! murmura Fulvio.
    —       Crois-tu que j'en ai
douté? répondit, avec tendresse, Zéphyrine.
    Elle
avait les larmes aux yeux en regardant le vaisseau qui l'avait tant intriguée.
Au fond, ce qu'elle se reprochait le plus était de n'avoir pas mieux senti la
présence si proche de son mari.
    La
fameuse intuition féminine lui avait fait défaut. N'était-ce point parce
qu'elle était tout occupée par ce diable de Cortés?
    Fulvio
la regardait d'un air intrigué. Le bouleversement de Zéphyrine ne lui avait
échappé. Le fait d'avoir inscrit son nom sur les flancs du vaisseau
suffisait-il à l'émouvoir à ce point?
    Bois-de-Chêne
était monté à bord de la Zéphyra. Il revenait en criant :
    —       Pitaine, y a plus personne
!
    Fulvio
réprima un juron. Sans marins, son vaisseau ne lui servait à rien. Avec La
Douceur, Piccolo et Paolo, on fit des battues. Les hommes de la galère vivaient
dans un village indien à deux lieues de là. Les guerriers cimarons étant tués
ou partis, les anciens galériens avaient pris possession de leurs cases et de
leurs femmes.
    Ils
accueillirent leur capitaine avec des démonstrations de joie. Fulvio leur fit
une équitable distribution de pierreries, mais il s'aperçut que la plupart de
ses hommes étaient dans un état d'épuisement anormal. Ils pouvaient à peine
marcher, restaient allongés d'un air languissant.
    —       Auraient-ils contracté une
épidémie ? s'inquiéta-t-il.
    —       Je crois deviner laquelle
! fit Zéphyrine, amusée.
    Chaque
marin possédait trois ou quatre femmes indigènes qu'il mettait son point
d'honneur à honorer plusieurs fois par jour. Fulvio arrivait à temps. Ses
marins mouraient de trop d'amour [157] !
    Ils
ne semblaient pas enthousiastes lorsque le prince leur parla de rentrer en
Europe. Zéphyrine joignit son éloquence à celle de son mari.
    —       Avec un seul de ces
diamants, mes amis, vous pourrez vous acheter un commerce ou une terre !
Epouser la fiancée que vous avez laissée au pays.
    Ces
arguments en convainquirent la moitié. Les autres, inébranlables, refusèrent de
partir. Ils étaient trop heureux avec leurs femmes cimarons. Comme ils auraient
double travail, Fulvio pensa que ces malheureux n'avaient plus très longtemps à
vivre.
    Avec
les chevaux, les lamas et bien sûr Gros Léon, on monta à bord de la Zéphyra. Fulvio, prudent, avait fait des provisions
d'eau, de viande séchée, de volailles vivantes et de fruits.
    Par
un matin sans brume, on mit à la voile. Sur la dunette,
    Fulvio
ordonnait la manœuvre. Il avait remis son bandeau noir sur son œil.
    Sous
son chapeau à plumet, le Prince avait l'air d'un grand forban. Pour plus de
précaution, il fit hisser le drapeau espagnol. Dans l'ancienne chiourme devenue
un lieu d'hommes libres, les marins ramaient en chantant.
    «
On rentrait au pays. »
    Zéphyrine
tenait Luigi dans ses bras. Elle regardait, nostalgique, la Castille d'or
s'éloigner. Son cœur se serrait en pensant à tous ces drames. La mort de
Huascar et d'Atahualpa... L'agonie de ce peuple inca qu'elle avait appris à
connaître, à respecter et à aimer.
    Elle
prit la main de Pando-Pando. Le visage acajou de l'Indien restait hiératique,
pourtant Zéphyrine savait le déchirement qu'il pouvait ressentir.
    —       Zéphyrine pâle heureuse,
retrouver terre des ancêtres? fit Pando-Pando.
    —       Oui, Pando-Pando,
Zéphyrine pâle heureuse ! répondit la jeune femme en essuyant une larme sur sa
joue.
     
    Dans
un coffre de la chambre du conseil, Zéphyrine trouva des robes démodées du
début du siècle. Les vertugos n'étaient pas assez bouffants, les manches à
crevés ne se faisaient plus depuis longtemps, mais Zéphyrine était si heureuse
de se vêtir à nouveau en personne de son sexe qu'elle ôta ses chausses pour se
faire lacer par Pluche. Elle fit jaillir ses seins hors du corselet serré à
mort. Vrai, elle se sentait bien, redevenue une dame. Demoiselle Pluche natta
ses longs cheveux de sauvageonne avant de

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