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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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contre Votre Majesté, mais pour
garder sa liberté de prince italien, son identité de Sicilien, il a dû
combattre. Il a disparu, mais il n'est pas mort, je le sais... Il connaissait
son volcan mieux que personne... Non, Sire, non, il a été enlevé..., comme mon
fils, mon enfant Luigi, l'a été par doña Hermina de San Salvador...
    Au nom de
l'espionne qui lui avait réussi tant de missions, Charles Quint ne cilla point.
Il se contenta d'agrandir sa lippe.
    —       J'en
appelle à votre justice, Sire, à votre générosité. Rendez-moi mon mari... mon
fils... Votre Majesté peut tout si elle le veut... y compris me tuer pour avoir
osé venir jusqu'à elle sans réel message de Madame Marguerite.
    Zéphyrine baissait
la tête. Etonnée de ne rien entendre après son aveu, elle releva les paupières.
Charles Quint la regardait avec une étrange fixité. Ses pupilles étaient
dilatées. Il sembla vouloir parler. Après quelques hoquets, sa grosse bouche se
tira nerveusement sur le côté.
    —       Sire
! murmura Zéphyrine, inquiète.
    L'empereur ne parut
pas l'entendre. Pâle comme le marbre, son visage soudain se violaça. Un affreux
rictus déformait maintenant sa face. Il paraissait pris d'une angoisse
insurmontable. Zéphyrine, épouvantée, le vit lever la main, tendre le doigt
vers une fiole verte posée sur son bureau, mais le bras de l'empereur était
agité de secousses cloniques. Tout son corps tremblait, secoué de spasmes
déformants. Il poussa un cri, pâlit et tomba aux pieds de Zéphyrine sous
l'effet de terribles convulsions. Le malheureux bavait et mordait sa langue en
se tordant sur un tapis de cuir de Cordoue.
    —       Le Mal sacré [30] !
fit Zéphyrine, pétrifiée.
    Elle se baissa vers
l'empereur. Il se cognait la tête contre le pied ouvragé du fauteuil. Avec
vivacité, elle éloigna ce dernier, contre lequel il pouvait se blesser.
Comprenant qu'elle ne pouvait rien faire d'autre pour Charles, elle se redressa
et s'élança vers la portière.
    —       Don
Ramon, appela-t-elle à mi-voix.
    L'antichambre était
maintenant vide de tout visiteur ou soldat.
    N'hésitant pas,
Zéphyrine courut vers la porte du fond.
    —       Holà
! Y a-t-il quelqu'un ?
    Dans le vestibule
du palais, c'était le même désert. Plus de capitaine Herrera, ni de
hallebardiers.
    « L'empereur est
bien gardé ! » pensa Zéphyrine en courant de nouveau vers le cabinet.
    Charles Quint se
tordait toujours sur le sol. Sa respiration paraissait arrêtée. Il râlait,
suffoquant, mordant sa langue jusqu'au sang. Une mousse rougeâtre sortait de
ses narines et de sa bouche.
    Zéphyrine aperçut
un long coupe-papier au manche ciselé. L'idée la traversa que n'importe qui
aurait pu assassiner Charles et s'enfuir impuni, ayant changé la face du monde.
A côté de l'arme, sur le bureau, se trouvait la fiole verte que le malheureux
avait eu le temps de lui désigner.
    Oubliant ses idées
meurtrières, Zéphyrine saisit le flacon. Elle ouvrit précipitamment le bouchon
d'argent. Une odeur caractéristique et douceâtre monta à ses narines. C'était
le parfum de doña Hermina.
    Sa belle-mère s'était-elle attiré les bonnes grâces de
Charles Quint en lui fournissant cette mystérieuse médication ?
    Avec décision,
Zéphyrine s'agenouilla. Elle prit fermement la tête de Charles
Quint, essuya sa bouche de son mouchoir . Profitant d'un instant où il desserrait les dents, elle
versa entre ses grosses lèvres quelques gouttes du précieux liquide vert. Comme
elle ignorait la dose dont l'empereur avait besoin, et craignant de
l'empoisonner, elle attendit en tenant la tête de Charles sur ses
genoux un temps assez court, qui lui sembla une éternité. Ne voyant aucune
amélioration notable chez le malade, dont les muscles étaient toujours
contractés, Zéphyrine voulut recommencer la même opération.
Les mâchoires de Charles étaient beaucoup plus serrées. Zéphyrine saisit le
coupe-papier. Elle l'introduisit entre ses dents, les écarta et, avec
difficulté, laissa couler la valeur d'une cuillère dans la gorge de l'empereur.
    Cette fois-ci, il
toussa, recracha du sang, son visage était livide. Il avait les yeux exorbités.
Peu à peu, les crispations se calmaient. Sa respiration devenait plus lente.
    —       Sangré Christi ... Que
faites-vous, malheureuse?
    Zéphyrine releva
les yeux. C'était don Ramon qui la trouvait une arme à la main, tenant la tête
ensanglantée de

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