Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
Vom Netzwerk:
remontait au
temps de la guerre de Sept Ans.
    Le canon tremblait mais restait
bien dirigé sur sa poitrine.
    — Rassurez-vous, je ne vous
veux aucun mal. Au contraire, je suis venu vous prévenir d’un danger.
    — D’un danger ?
    L’arme toujours braquée sur lui
tremblait de plus belle. Sénart sentit un sentiment de pitié l’envahir :
depuis combien de temps le pauvre homme se cloîtrait-il ici ? Comment se
nourrissait-il ? Comment parvenait-il à survivre dans une telle misère et
dans un tel isolement ?
    — Oui. Vous avez des ennemis,
de puissants ennemis. Connaissez-vous la loge des frères de l’ombre ? Ce
sont eux qui veulent intenter à votre vie. Ils vous ont rajouté à leur liste de
sang. La liste de leurs prochaines victimes.
    L’autre hocha la tête,
désabusé, ses lèvres laissaient s’écouler un filet de bave. Il avait peur, très
peur. En fait, la peur ne faisait plus seulement partie de sa vie, elle était
toute sa vie.
    — La liste de sang, je le
savais. C’était écrit. Ils me l’avaient dit mais, à l’époque, je pensais à
autre chose. J’ai cru au pouvoir, à la puissance et à l’argent qu’ils me
faisaient miroiter. J’étais fou. Savez-vous jeune homme que j’ai été un personnage
important, considérable ? J’étais maire de Grenoble. Ils m’ont tout donné,
tout, mais après il a fallu rendre. Au début, c’est facile, vous prêtez serment
et immédiatement l’or et les avantages pleuvent sur vous. Ils sont à votre
service, tous. Mais plus vous les solliciterez, plus la note à payer sera
lourde. J’en suis la preuve !
    — Maire de Grenoble. Mais vous
êtes monsieur Prunelle de Lierre ! Tout le monde vous croit passé à
l’étranger ou mort…
    L’homme posa son arme et
s’affala sur un banc qui devait aussi lui servir de lit, si l’on en croyait la
misérable couverture, rapiécée de toutes parts posée dessus.
    — Passer à l’étranger ?
Ils m’y retrouveraient de toute façon, cela ne servirait à rien. Ils sont
partout. Savez-vous qu’il existe quatre-vingt-dix-neuf loges de par le monde.
Quatre-vingt-dix-neuf loges comprenant chacune quatre-vingt-dix-neuf frères de
l’ombre… plus un centième, mais ça vous le savez, n’est-ce pas ?
    Sénart se sentit mal à l’aise.
Maintenant, Prunelle de Lierre, si c’était bien lui, le regardait d’un air rusé
et impitoyable.
    « Il n’hésitera pas à me
tuer s’il sent le moindre danger », se dit le jeune homme.
    — Je n’ai pas pénétré comme
vous les mystères des frères de l’ombre, répondit-il prudemment. En fait, je
n’ai qu’une idée approximative de leur organisation.
    L’homme approuva d’un signe de
tête.
    — Et vous voudriez en savoir
plus ?
    — Oui, je suis venu pour vous
sauver mais aussi pour les connaître, eux.
    L’ancien maire de Grenoble
hésita un instant puis se releva.
    — Je vais vous montrer quelque
chose, venez.
    Il lui fit signe de le suivre
puis emprunta le mauvais escalier qui menait à l’étage.
    — Faites attention, il est bien
vermoulu. Ah ! que voulez-vous, je n’ai rien trouvé d’autre.
    Les marches branlaient sous ses
pas. Le bois semblait près de se rompre et toute la structure de l’escalier de
s’écrouler.
    — Venez, c’est là-haut. Vous
verrez, cela vous en apprendra beaucoup sur les frères de l’ombre.
    Ils parvinrent à un palier dans
le même état que le bas de la maison. Une porte arrachée de ses gonds donnait
sur une chambre. On n’y voyait guère. Le jour ne pénétrait pas dans ces ruelles
étroites et des planches bouchaient les fenêtres.
    — Prenez cela.
    L’autre alluma une bougie posée
à terre, devant l’entrée de la pièce, et la tendit à son visiteur.
    — Entrez, n’ayez pas peur.
Regardez.
    Sénart fit un pas en avant
mais, immédiatement, il s’arrêta sur le seuil. Terrifié.
    Le monstre était là. Celui
qu’il avait entrevu à la cathédrale et dans les souterrains de la Contrescarpe.
    Énorme, hideux, le visage
grimaçant, des membres disproportionnés tendus vers lui pour l’attraper. Plus
horrible encore, le jeune homme se rendit compte que la créature ne possédait
pas de peau. Il contemplait directement ses muscles, ses veines palpitantes, sa
chair et ses organes ainsi dévoilés.
    Derrière lui, un rire
sardonique retentit.
    — Il est magnifique, n’est-ce
pas ? Digne d’Abaddon le destructeur, l’envoyé de Dieu qui brisera les
sceaux de l’Apocalypse. Je lui ai

Weitere Kostenlose Bücher