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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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je n’y avais pas prêté attention…
    — Et l’homme ne venait pas ?
    — Non, il n’a jamais mis les pieds dans le village. Il partait se promener dans les bois, on le rencontrait, par hasard, appuyé sur sa canne comme un promeneur ordinaire. Bonjour, bonsoir, c’était à peu près tout ce qu’il disait.
    — Il était vieux ?
    — Mais non. Entre deux âges : quarante, quarante-cinq ans. Elle, elle s’est mise à venir chez nous très souvent… Elle s’entendait bien avec la mère. Elle lui faisait des confidences. Maman nous a dit que ces gens venaient de Paris où ils avaient un grand magasin et qu’ils étaient venus pour se reposer et se soigner car son mari faisait de la dépression…
    « Et puis, un jour, Odile m’a demandé d’aller chercher cette enveloppe. Elle a ajouté de n’en parler à personne. J’avais quinze ans, j’ai pris ça pour une aventure…
    — Qu’est-il arrivé ensuite ?
    — Après, le bonhomme a disparu. Enfin, on ne l’a plus vu traîner dans les bois. Elle est restée seule quelque temps et, un beau jour, voilà que deux voitures de gendarmes traversent en trombe le village et se dirigent vers le château. Dans ces voitures, il y avait des messieurs en chapeaux. Tu sais, ceux de la Gestapo… Ils ne se sont pas attardés. Ils sont repartis en emmenant Odile…
    — Une arrestation.
    — Je ne sais, mais ça en avait tout l’air. Maman était épouvantée. À la maison, elle n’arrêtait pas de gémir : “Dire que je l’ai reçue comme une amie ! Me faire ça… C’est sûrement une créature ou une voleuse, l’avoir laissée entrer dans la maison !…” Papa, lui, haussait les épaules.
    “Aujourd’hui, on arrête des gens pour pas grand-chose. Calme-toi, tu n’y es pour rien…”
    Moi, je n’étais pas tranquille. Il y avait eu une perquisition au château quelques jours après l’arrestation. Cette enveloppe grise me tracassait… Et puis, peu à peu, on n’en a plus parlé et même, je l’avais presque oublié.
    — Vous n’avez jamais eu de nouvelles ni d’elle ni du mari ?
    — Penses-tu, on n’en a pas cherché !… Pourquoi attirer l’attention sur nous, surtout à cette époque.
    — Et tu dis que c’est après que les parents se sont mis à discuter ?
    — Oui. Assez longtemps tout de même, on ne parlait plus de cette histoire depuis un bout de temps… Il ne doit y avoir aucun rapport entre les deux. »
    Yvette ne répondit pas, mais elle, elle le voyait le rapport entre la boîte blanche aux merveilleux bijoux et cette mystérieuse Odile qui avait un magasin à Paris. Ne serait-ce pas sa fortune qu’elle aurait confiée à la mère ?
    « Alors, reprit Jacques, à ton avis, on peut en parler maintenant ?
    — Bien sûr, tout est fini, soupira-t-elle.
    — C’est drôle, on dirait que ça ne te fait pas plaisir.
    Yvette haussa les épaules.
    « Mais si, quelle idée ! » répondit-elle sans conviction.

VIII
    Le visage de Fritz
    Et un jour, David revint…
    C’était un dimanche de septembre. Les brumes de l’automne commençaient à enrubanner la vallée et la fraîcheur du vent faisait serrer les gilets autour des épaules.
    Il était vêtu d’un chandail qui flottait sur ses pantalons de golf. Pour être plus libre à vélo, il en avait attaché le fond avec une pince à linge.
    Yvette était triste, ce jour-là, et n’avait pas envie de sortir, mais Paulette avait beaucoup insisté car sa mère lui défendait de “traîner seule sur la route”.
    Comme il fallait s’y attendre, le père avait fini par avoir un accident. Un soir où il avait forcé sur la bou­teille, il était tombé alors qu’il portait une faucille et l’ou­til recourbé lui était entré profondément dans la jambe. Une large entaille barrait son mollet gauche et le faisait atrocement souffrir. Cet accident avait, au moins, eu le don d’emporter la mauvaise humeur de la mère. Elle s’était précipitée sur la plaie béante et, depuis, la soi­gnait avec une décoction de feuilles d’orties macérées dans l’eau-de-vie, appliquées à même la blessure, remède souverain à ses yeux.
    Elle accompagnait donc Paulette mais elle avait le cœur gros, et était si visiblement préoccupée que David s’en aperçut.
    « Que se passe-t-il, on dirait que quelque chose vous contrarie ? »
    Alors, en veine de confidences, elle lui raconta l’accident de son père. Elle expliqua au garçon ce qu’était sa vie, entre

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