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la tondue

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Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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D’abord, ils n’ont arrêté que la femme, l’homme avait sûrement rejoint le maquis…
    — Et qu’en ont-ils fait, de cette femme ?
    — Elle a dû être envoyée au camp de Rieucros, près de Mende. On y enfermait les étrangères, à cette époque.
    — Même les Belges !
    — Va-t’en savoir si elle était vraiment belge. Il s’est dit qu’elle était juive et, tu sais, en ces temps-là, il ne faisait pas bon être juif.
    — Jacques m’a dit qu’elle venait souvent à la maison et… »
    Èlisa se dressa devant elle, sa casserole fumante à la main et interrogea, soudain hargneuse :
    « Dis donc, qu’essaies-tu de me faire dire ?
    — Mais rien. Rien… Je voudrais savoir…
    — Quoi ?
    — Pourquoi… Pourquoi beaucoup de gens, dans le village, ne parlent plus à mes parents… Pourquoi mon père s’est disputé avec Louis, le soir de la fête et pourquoi on me cache toutes ces choses. »
    Èlisa réfléchit un moment, puis la regarda, perplexe.
    « Tu veux vraiment plonger dans toute cette merde ? Ça m’ennuie de t’en parler, vu que nous, on est quasiment les seuls à ne pas être brouillés avec tes parents. De toute façon, ce n’est pas ton père qui est en cause, c’est ta mère…
    — Ça, je m’en doutais !
    — Oui, elle n’a pas un caractère facile et, en plus, elle est étrangère au village et elle n’a jamais pu s’y faire… Ton père, qui était veuf, l’avait connue à la guerre, celle de 14 bien sûr, et il l’avait ramenée avec lui. Elle venait du nord, je ne sais pas d’où exactement.
    — Mais, tout ça, je le sais… Elle venait des environs de Reims. Ses parents avaient été tués et leur ferme détruite. Elle était seule au monde. Elle a suivi mon père et ils se sont mariés en rentrant… Tout le village l’avait bien adoptée, autrefois.
    — Bien sûr, bien sûr…
    — Alors pourquoi, aujourd’hui…
    — Pourquoi ?… Pourquoi ?… Parce que les gens sont jaloux. On peut dire que tes parents ont bien réussi. Ils ont fini de tirer le diable par la queue comme ils l’avaient fait si souvent avant… Et voilà, c’est tout !…
    — Non, ce n’est pas tout… Cette haine que je vois dans les regards, ce n’est pas de la jalousie.
    — Bois ton café, coupa Èlisa, en versant le breuvage brûlant dans les tasses fleuries. De toute façon, le passé est le passé, il vaut mieux le laisser dormir, crois-moi… »
    Sur cette fin de non recevoir, elles parlèrent de choses et d’autres. Yvette repartit déçue. Elle avait bien compris qu’Èlisa en savait beaucoup plus long que ce qu’elle voulait dire.
    Elle sentait que personne, jamais, ne lui raconterait rien…

XI
    Des rumeurs
     
    L’automne accrochait aux arbres des couleurs de plus en plus éclatantes. Matin et soir, la brise commençait à piquer et à l’aube, la rosée étincelait chargée de minuscules glaçons comme un avant goût de l’hiver. La mère avait repris son train-train à la maison. Son tour de rein n’était plus qu’un mauvais souvenir. Cette guérison avait renvoyé Yvette dans les champs, à la suite des vaches qui, à cause de la gelée blanche, s’acheminaient vers les pâturages à une heure plus tardive.
    Ce jour-là, Yvette s’ennuyait. Elle avait regardé, un moment, son troupeau brouter, sans arrêt, l’herbe roussie ; elle s’était amusée à lancer des bouts de bois au chien qui, maintenant, l’avait adoptée et sautait autour d’elle en aboyant de joie ; elle avait marché longuement sur les bords de la rivière qui disparaissait presque sous le tapis mouvant des feuilles jaunes ; elle s’était penchée longtemps sur l’eau claire, essayant d’apercevoir des truites argentées…
    Malgré tout cela, le temps somnolait. Sa montre dorée, seule rescapée du naufrage de ses bijoux, s’obstinait à traîner ses aiguilles qui grimpaient lentement le long du cadran… Elle regrettait les journées où elle s’occupait de la maison : cuisine, four, basse-cour, lessives lui plaisaient mieux que cette morne attente inoccupée dans les prés solitaires.
    Elle se préparait à s’asseoir sagement sur sa cape de drap et à reprendre le tricotage que lui avait confié sa mère, quand elle entendit un bruit de cailloux remués juste au-dessus du champ où elle se trouvait.
    Curieuse, elle s’approcha. C’était Casimir et sa Femme Marie qui s’échinaient à ramasser leur provision de pommes de terre.
    Armés de

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