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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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Eh bien, quand le maquis est arrivé, elle a raconté qu’il avait été volontaire pour partir ! Oui, elle leur a dit ça. J’y étais, j’ai tout entendu. »
    Marie était lancée. Les mots se succédaient sur ses lèvres. Yvette sentait la haine de tout le village, qui l’avait tant étonnée depuis son arrivée, s’exprimer à travers les paroles de la vieille. Elle savait maintenant ce que l’on reprochait à la mère. Des dénonciations tant aux Allemands qu’aux maquisards. La jeune fille avait du mal à croire que la mère ait pu faire tout ce mal. Tout cela pouvait être des rumeurs sans fondement, comme il y en avait tant eu à la fin de la guerre. Elle essaya de le dire à Marie, mal lui en prit.
    « Des rumeurs ? Ah, tiens donc ! Remarque, dit-elle en s’adoucissant un peu, c’est normal que tu la défendes, c’est ta famille… Ça montre que tu es une bonne fille, mais je t’assure que ce ne sont pas des rumeurs. Je l’ai entendue, moi, dire aux maquisards que Ségala ravitaillait les Allemands, que le fils était parti de son plein gré en Allemagne. Elle ne se méfiait pas de moi. Elle disait ça en douce… Elle me croit sourde mais je ne le suis pas et j’ai très bien entendu ! »
    Elle s’arrêta et, pointant un doigt crochu vers la poitrine d’Yvette, ajouta :
    « Et tu sais pourquoi elle a fait tout ça ? Pour avoir leur ferme pour une bouchée de pain… Ah, la garce ! », conclut-elle d’un ton désabusé.
    Yvette ne disait rien. Il lui tardait de rentrer. Elle se sentait mal à l’aise.
    Le ciel, devenu noir, apportait brusquement un vent froid qui balayait toute la vallée et faisait tournoyer les feuilles mortes sur le bord du chemin.
    Elle pressa ses vaches et rentra précipitamment à l’étable.
    À l’entrée du village, Marie la quitta. La vieille femme avait relevé son fichu sur la tête et se hâtait, petite silhouette grise, vers son logis aux fenêtres aveugles.

XII
    Les cheveux d’Yvette
    L’hiver était arrivé. Le froid piquait dur, en cet après-midi d’un triste dimanche. Aux alentours du village, une lessive oubliée, raide comme une planche, éclatante de blancheur, battait l’air ailes de papillons affolés, avec un bruit de carton froissé.
    Yvette regardait, sans les voir, les arbres de la haie voisine qui semblaient se tasser sous les coups du gel. Elle songeait qu’avec un temps pareil, David ne s’aventurerait pas à vélo et elle se demandait comment tuer le temps en cette mortelle soirée.
    Le père, son journal lu et relu, les pieds dans le four de la cuisinière, avait, un moment, commenté les nouvelles. Il s’était emporté contre les conférences qui n’étaient que des parlotes ; contre les grèves que fomentaient les communistes et contre tous ces gens qui voulaient être payés à ne rien faire. Comme personne ne lui répondait, il avait fini par s’assoupir et ronflait maintenant, la tête inclinée, la bouche ouverte bavotant par moments…
    La mère, silencieuse, cousait près de la fenêtre. Le seul geste qu’elle se permit, à part tirer son aiguille, était celui de remonter ses lunettes qui s’obstinaient à lui tomber sur le nez.
    Sitôt le repas achevé, Jacques avait enfourché sa bicyclette et était parti vers Langlade où il devait retrouver les copains au café et décider de l’emploi du temps de la soirée.
    L’après-midi se traînait, lugubre, quand un grand coup fut frappé à la porte. Sans même attendre l’invitation à entrer, Paul Mary se glissa à l’intérieur en soufflant dans ses doigts.
    « Bonjour, la compagnie. Ça ne se réchauffe pas, aujourd’hui. »
    Le père sursauta sur sa chaise et la mère leva les yeux de son ouvrage.
    « Bonjour Paul, dit le père en s’écartant du four, viens t’asseoir au coin du feu… C’est un temps à ça !
    — Non, je suis venu te chercher parce qu’il nous manque un quatrième à la belote. Si tu n’as rien à faire, viens, ça te fera passer l’après-midi. »
    Le père se leva, guilleret, heureux de retrouver pour un temps l’atmosphère de camaraderie qu’il appréciait tant, autrefois !
    « Qui y a-t-il pour jouer ? » demanda la mère d’un air faussement innocent.
    Paul hésita :
    « Il y a Camille et Marcel », lança-t-il rapidement en regardant ses chaussures.
    La mère pinça les lèvres mais ne dit rien et se remit à son ouvrage. Les deux hommes partirent. Paul passa la porte comme s’il fuyait, le père

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