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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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épaule.
Grand-mère Crauford avait séché ses larmes.
    — Vous aviez des soupçons depuis le début,
n’est-ce pas ?
    Elle détourna les yeux et cilla.
    — Auriez-vous pu faire quelque chose ?
questionna le clerc.
    — Je suis une vieille femme, Messire. Je n’ai
point d’homme de main et ne porte ni épée ni poignard, dit-elle en tirant sur
sa robe souillée. Je ne peux montrer un mandat royal, cacheté de cire, pour
exiger que les gens s’écartent en courbant la tête. Vous parlez d’aide ?
Comment aurais-je pu faire part de mes soupçons ? Avez-vous déjà vu brûler
une femme accusée de sorcellerie, Sir Hugh ? Avez-vous regardé son vieux
corps suspendu au-dessus des flammes pendant que ses yeux bouillonnent et que
sa peau se ratatine comme un fruit pourri ? Épargnez-moi donc vos sermons !
    Corbett eut un sourire amer et acquiesça. Ils
sortirent pour rejoindre l’endroit où Chanson attendait avec les chevaux. Le
magistrat refusa de répondre aux questions de son compagnon. Il se jeta en
selle et prit la tête pendant leur court trajet jusqu’au moulin.
    Cette fois, Corbett coupa court à toute
cérémonie. Quand Ralph fit irruption, hurlant et vociférant qu’il était occupé,
Corbett lança un ordre. Ranulf tira son épée et posa le plat de la lame sur l’épaule
du jouvenceau.
    — Ne vous montrez point malotru ! l’avertit
le clerc de la Cire verte. Mon maître est fort en courroux.
    Ce dernier, agacé, mit pied à terre, jeta les
rênes à Chanson et ouvrit toute grande la porte de la cuisine. Ursula était
près de la cheminée. Elle n’avait pas tout à fait terminé sa toilette et était
vêtue d’une robe brun foncé frangée de vair, attachée à la taille par une cordelette.
Elle ne semblait pas aussi attirante, à présent, les yeux lourds de sommeil.
Elle repoussa ses cheveux de son visage.
    — J’ai cru que c’était Molkyn,
railla-t-elle. Il avait coutume d’entrer en trombe comme ça !
    — Molkyn danse avec le diable à l’heure qu’il
est ! coupa Corbett. Et quel branle ce doit être, n’est-ce pas, Ursula ?
Votre époux était corrompu et n’était qu’une brute sans foi ni loi, mais ce n’était
là que le moindre de ses péchés !
    — Que voulez-vous dire ? interrogea
Ursula en blêmissant.
    — Pourquoi envoyiez-vous Margaret tenir
compagnie à la veuve Walmer ? Pour qu’elle ne se trouve pas à la maison ?
Pour l’éloigner de Molkyn ?
    — Quoi ? bafouilla-t-elle.
    — J’ai visité maintes villes et maints
villages, Madame. J’ai été témoin de ce qui arrivait aux pères qui commettaient
l’inceste avec leurs filles, qui abusaient de leurs propres enfants ! Un
péché abject aux yeux de Dieu et des hommes !
    — Comment osez-vous ?
    — Oh, j’ose ! rétorqua le magistrat.
    Il embrassa la cuisine du regard.
    — Vous êtes la seconde femme de Molkyn, n’est-ce
pas ? Quel âge avait Margaret quand Molkyn a titubé jusqu’à sa chambre ?
Douze ans ? Treize ans ?
    — Qui vous a dit ça ? C’est un
mensonge !
    — Vraiment ? Molkyn a peut-être tué sa
première épouse. Il a, sans nul doute, abusé de sa fille et, quand vous l’avez épousé,
vous avez découvert son petit nid de hideux secrets. Mais vous êtes une femme
honnête, Ursula, sous votre air effronté et vos répliques audacieuses. Vous
avez protégé Margaret. Vous avez averti le meunier. Quelqu’un d’autre a appris
le secret de Molkyn. Quand il a été choisi par Blidscote, ce malhonnête et
paresseux bâtard, pour siéger dans le juiy qui jugeait Sir Roger Chapeleys, le
temps du châtiment est venu. On a fait pression sur votre mari : il devait
déclarer Chapeleys coupable, sinon tout Melford connaîtrait son crime caché.
    Corbett s’assit sur une chaire près de la table.
    — Qu’a-t-on encore révélé à Molkyn ?
Les soupçons au sujet du trépas de sa première épouse ? Ou que la seconde,
jolie et attirante, avait plus d’une fois distrait Sir Roger pendant les
absences de son mari ?
    Ursula vacilla un peu. Elle se dirigea vers une
armoire et, l’ouvrant, remplit avec maladresse un gobelet de vin qu’elle but
avec avidité, laissant les gouttes ruisseler sur son menton.
    — Je me demande qui le savait, s’interrogea
Corbett. Pour la première fois de sa vie, Molkyn était acculé. Poussé par la
peur et le désir de se venger, il a cloué le cercueil de Sir Roger. Lui et
Thorkle.
    Ursula s’assit et s’agrippa à

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