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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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au visage épais et à la
peau cireuse altérée par des verrues. Il s’arrêta sur le seuil en raclant des
pieds et en faisant passer le gourdin qu’il portait d’une main à l’autre.
    — Approchez, Messire ! l’invita
Corbett.
    Le charron n’écoutait pas. Il fixait le
cercueil. Ses épaules se mirent à trembler et des larmes roulèrent en silence
sur ses joues tannées. Il étendit sa grosse main crevassée comme s’il avait pu
ramener sa pauvre fille à la vie.
    — Avancez, Messire !
    Corbett se leva et traversa la crypte. Il ouvrit
son escarcelle et déposa une pièce d’argent dans la main tendue de l’homme.
    — Je sais que cela ne vous consolera point,
dit-il, mais je suis navré par votre douleur. Je me nomme Sir Hugh Corbett. Je
suis clerc du roi...
    — Je sais qui vous êtes...
    L’homme leva la tête et jeta un regard noir au
magistrat.
    — ... et moi je suis un ver de terre,
Messire...
    — Que nenni, l’interrompit Corbett. Vous
êtes un citoyen de cette ville et un loyal sujet du roi. Je jure par tout ce
qui est saint, ajouta-t-il en élevant la voix, que je suis ici pour capturer l’assassin
de votre fille et que je veillerai en personne à son exécution.
    — C’est ce qu’ils disaient, avant, murmura
le charron. Ils prétendaient qu’il n’y aurait pas de nouvelles victimes après
la pendaison de Sir Roger.
    Corbett effleura le bras de son interlocuteur.
    — Eh bien, ils se sont trompés. Mais si
Dieu m’en donne la force, moi je découvrirai la vérité et votre fille sera
vengée. Venez, à présent !
    Il installa le charron à ses côtés sur l’une des
étranges chaises sculptées. Ce dernier, à présent, prenait conscience de ce qui
l’entourait et jetait des coups d’œil inquiets autour de lui.
    — Combien d’enfants avez-vous ?
    — Elizabeth et deux garçons. C’était l’aînée.
    — Parlez-moi du jour où elle est morte.
    Corbett attendit avec patience. Les épaules du
charron s’affaissèrent et il se remit à sangloter. Il toussa enfin et s’essuya
les yeux d’un revers de main.
    — J’ai une maison avec un clos en bordure
de Melford. Elizabeth était une jolie damoiselle. C’était jour de marché. Elle
désirait se rendre en ville pour acheter quelque chose. À la Saint-Michel
dernier c’était son anniversaire et elle avait reçu deux pennies. Vous savez
comment ça se passe avec les jouvencelles ? Elle voulait un ruban, un
affiquet ou peut-être voir un galant du coin.
    — En avait-elle un ?
    — Non.
    Le charron sourit.
    — Elle avait quinze ans et était frivole.
Elle est partie au marché.
    — Et... ?
    — Je me suis renseigné. Elle a rencontré
jouvenceaux et damoiselles au bord de la place où se dresse l’arbre de mai. Son
amie, Adela, servante à La Toison d’or, a été la
dernière à la voir. Elle a dit qu’Elizabeth avait, eh bien, le rose aux joues
de surexcitation. « Où vas-tu ? lui a-t-elle demandé.
             — Je dois me dépêcher de rentrer »,
a répondu Elizabeth. C’était entre quatre et cinq heures. On ne l’a plus revue.
    — Adela savait-elle où se rendait votre
fille ?
    — Elle a traversé la place en direction d’un
sentier qui mène hors de Melford.
    — Cette Adela a-t-elle prétendu qu’Elizabeth
avait le rose aux joues et semblait heureuse comme si elle se rendait à une
entrevue secrète ?
    Le charron parut perplexe.
    — Avec un galant expliqua Corbett. Était-ce
une fille cachottière ?
    L’homme ferma les yeux.
    — Non. Elle avait ses petites manières bien
à elle. Elle voulait faire un bon mariage. « Je ne veux point être la
femme d’un fermier, disait-elle souvent, mais je veux épouser un homme qui
aurait un métier ou un commerce. »
    — Et la veille de sa mort, avait-elle
changé ?
    — D’abord, quand Blidscote m’a interrogé là-dessus...
    Le charron eut un geste méprisant à l’adresse du
bailli.
    — ... j’ai répondu que non, mais maintenant
je dirais que oui, qu’il y avait quelque chose.
    Il s’interrompit.
    — Je ne parlerais pas de dissimulation,
mais c’était comme si elle avait un secret, quelque chose de mystérieux qu’elle
gardait par-devers elle. Mais, là encore, elle tombait sans cesse amoureuse
puis se déprenait.
    Il fit un effort pour raffermir sa voix.
    — Je n’aurais jamais cru que ça finirait
ainsi.
    — Maître Blidscote, quand on a trouvé la
dépouille de cette jouvencelle, vous vous

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