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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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de Deverell. C’était un charpentier,
un artisan. Il avait travaillé jusqu’à Ipswich. Marchands et bourgeois se
rendaient dans son atelier. Pourquoi était-il toujours triste ? Qu’avait-il
à cacher ?
    Deverell était venu à Melford sept ans plus tôt.
Travailleur itinérant, son adresse au marteau et au ciseau avait bientôt établi
sa réputation. Il était sans aucun doute instruit. Il savait lire et écrire et,
parfois, trahissait ses connaissances en latin et en français. Un jour, alors
qu’il avait bu, il avait même débattu du sermon du père Grimstone sur le corps
et le sang du Christ. C’était un bon mari, loyal, fidèle et, même éméché, il ne
la frappait jamais. Alors pourquoi cette terreur ? Et pourquoi maintenant ?
    La nouvelle de l’arrivée du clerc royal avait
couru dans Melford. Deverell avait pâli et s’était replié sur lui-même. Il
avait passé le plus clair de son temps dans son atelier. En lui apportant de
quoi se restaurer, Ysabeau avait constaté qu’il l’avait presque transformé en
forteresse, volets et portes closes, verrouillées et barrées. Il en allait de
même de la cuisine, en bas. Deverell avait même changé la porte et construit un
cernel dans le mur. Il ne lui en avait pas donné la raison. Il refusait à
présent d’aller se coucher et restait assis dans la chaire devant le feu, à
boire et à ressasser de sombres pensées. Si on frappait à l’huis, il allait au
cernel pour voir qui se trouvait sous le porche.
    La femme du, charpentier s’agita. N’avait-on pas
tapé à la porte ? À cette heure ? Elle repoussa les couvertures et s’assit.
Oui, quelqu’un frappait. Elle l’entendait. Elle sortit les jambes du lit et,
enfilant une paire de heuses souples, se dirigea à pas de loup vers la fenêtre
à treillis. Elle l’ouvrit et regarda dehors.
    — Qui est-ce ? appela-t-elle.
    Elle entendait toujours les coups mais ne voyait
personne à cause du renfoncement du porche. La personne qui se tenait là était
bien cachée. Elle referma la fenêtre et traversa la chambre. Elle ouït une
espèce de gémissement et la chute d’un tabouret alors même que le fracas
continuait à l’huis. Sans attendre davantage, elle dévala l’escalier, courut
dans le corridor et la cuisine. Lanternes et chandelles brûlaient encore, la
porte était toujours barrée, mais Deverell gisait, membres écartés, près de l’âtre.
Un carreau d’arbalète l’avait atteint en pleine tête, déchirant la chair,
brisant les os. Le sang jaillissait de la terrible blessure et coulait de la
bouche entrouverte.
    L’épouse de Deverell agrippa le dos d’une chaire
et, yeux écarquillés, épouvantée, fixa la scène. Elle avait le souffle coupé.
Elle entendit hurler et, juste avant de s’évanouir, comprit que c’était elle
qui criait.

CHAPITRE XI  
            — Ecce Corpus Christi ! Voici le corps du Christ !
    — Amen ! chuchota Corbett.
    Il reçut l’hostie consacrée sur la langue et
retourna s’agenouiller dans le chœur, tout près du jubé. Les dalles étaient
glacées. Pour ne pas se laisser distraire, le clerc ferma les yeux et pria.
Ranulf se joignit à lui. Le père Grimstone regagna l’autel et finit de dire la
messe. Il prit le calice et la patène, puis se dirigea vers la sacristie. Après
s’être signé, Corbett jeta un coup d’œil autour de lui. Quelques paroissiens s’étaient
regroupés autour des marches du chœur. Amusé, le magistrat remarqua que
Burghesh possédait son prie
             — Dieu personnel et que, dès que
le prêtre eut quitté le chœur, il s’était précipité pour éteindre les cierges
et ôter les linges sacrés.
    Grand-mère Crauford et Peterkin, bouche bée,
étaient présents : soufflant et haletant, la vieille femme se leva. Elle
agrippa sa canne d’une main, le bras de Peterkin de l’autre, inclina la tête en
direction de Corbett, passa sous le jubé et sortit par la porte latérale.
    Corbett se signa derechef et, Ranulf sur les
talons, descendit la nef. L’église était froide et humide mais bien entretenue
et balayée. Dans les transepts les bancs étaient rangés en piles nettes. Le
jubé de chêne, la chaire du chœur, les meubles et les statues de bois étaient
propres et cirés. Nulle toile d’araignée ne pendait autour des piliers et on
avait dépensé de fortes sommes pour orner les murs de peintures qui tiraient l’œil.
L’une surtout : elle montrait le Christ, après

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