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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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crimes
ont cessé. Je ne sais pas combien d’autres femmes, parmi les gens de passage,
ont été assassinées.
    — Sans compter Furrell le braconnier.
    — C’est vrai, ne l’oublions pas ! Tout
prouve qu’il a vu quelque chose, qu’il en savait plus qu’il n’aurait dû. Il
fallait sans doute le réduire au silence. Je crois Sorrel. Le cadavre de
Furrell est bien dans sa tombe, Dieu seul sait où. Sorrel connaît ce pays comme
sa main mais, là encore, le corps de son mari gît peut-être au fond de la
Swaile, les pieds chargés de poids et de pierres. Bon, revenons-en à Melford.
Apparemment tout est calme. Les crimes ont été vengés et la justice du roi
accomplie ; puis les assassinats reprennent.
    — Pourquoi ? interrogea Chanson.
Messire, ça n’a pas de sens, dit-il en souriant. Ce n’est point logique,
ajouta-t-il en citant la phrase maintes fois répétée par Corbett.
    — Que sais-tu de la logique ? l’interpella
Ranulf, piqué.
    — Autant que toi sur les chevaux !
    — Assez ! Chanson a fait une remarque
pertinente. On n’a certainement tué aucune femme de la ville pendant cinq ans.
Il doit y avoir de bonnes raisons à cela. D’abord, il s’agissait de montrer que
Chapeleys était coupable. Ensuite, nous devons comprendre la nature profonde du
tueur. Voici un homme qui a conscience d’agir mal mais qui, comme un chien,
retourne à son vomi et ne peut s’en empêcher. Au fil des ans, sa frustration
croît. Il parcourt chemins et rues de Melford et voit un joli minois, un cou
tendre, de fines chevilles. Il arde en secret. Les démons finissent par
revenir. Et, enfin...
    Corbett embrassa la chambre du regard.
    — Oui, Messire ?
    — Nous avons pourchassé des assassins,
Ranulf, ceux qui trament leur meurtre, qui tuent. Une des caractéristiques de
ces fils de Caïn m’a toujours fasciné : leur irréductible arrogance. Ils
ressemblent aux pompeux érudits des écoles d’Oxford. Ils s’estiment différents
des autres, plus intelligents, plus rusés. Ils aiment cette chasse et sont
persuadés d’être hors d’atteinte. D’une certaine façon, le tueur se moque de
Melford et ridiculise ses habitants. « Vous voyez, dit-il, j’ai déjà tué
et me suis échappé. Je tuerai derechef et qu’y pourrez-vous ? »
    — Bien sûr, nous pourrions nous tromper,
commenta Ranulf. Sir Roger était peut-être coupable et, à présent, quelqu’un
imite ses crimes.
    — Accordé, sourit Corbett. Mais la logique
montre le même tueur usant des mêmes méthodes. La jeune Elizabeth, la fille du
charron, une charmante et fraîche bachelette, est tentée et leurrée par le
Momeur. Il se peut qu’il ait déjà essayé de la séduire et qu’elle ait mordu à l’hameçon.
Elle se rend donc dans un endroit secret, quelque part vers Devil’s Oak. La
première fois, elle trouve une pièce d’argent, mais la seconde, son assassin l’attend :
c’est de l’argent bien dépensé pour le plaisir qu’il en tire.
    — Et les autres meurtres ? Molkyn et
Thorkle ? demanda Ranulf.
    — Ah oui, ces deux-là ! Parlons-en,
comme de Blidscote et de Deverell le charpentier. Supposons, pour étayer la
discussion, qu’ils étaient corrompus tous les quatre. Comment s’y est-on pris ?
    — L’argent ! cria Chanson si fort que
Ranulf sursauta.
    — J’aimerais être d’accord, répliqua
Corbett. Mais il ne s’agit plus de jeunes femmes. Ce sont de riches bourgeois,
des notables de Melford. Il aurait fallu leur offrir beaucoup d’argent pour qu’ils
trempent dans un procès frauduleux conduisant à l’exécution d’un innocent. Ils
savaient aussi que s’ils étaient un jour découverts, la mort la plus horrible
les attendait.
    — Des pressions ? suggéra Ranulf.
    — Cela semble être l’explication la plus
logique. Mais, là encore, qui en aurait su assez pour que tous les quatre se
mettent à trembler dans leurs bottes ?
    N’oublions pas, non plus, qu’ils avaient déjà
parcouru la moitié du chemin de Judas : ils haïssaient Sir Roger et
étaient donc prêts à entendre toute proposition.
    — Ce qui implique qu’ils devaient connaître
le tueur ?
    Ranulf, ravi, se frotta les mains. Il aimait
suivre les détours tortueux de l’esprit de son maître. Ce dernier lui faisait penser
à un chien de chasse furetant et faisant mille tours dans les buissons,
refusant de quitter la trace et bien déterminé à traquer sa proie.
    — Peut-être, avança-t-il,

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