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La Traque des Bannis

La Traque des Bannis

Titel: La Traque des Bannis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Flanagan
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C’était bizarre, songea-t-il. Maintenant qu’il se concentrait sur son tir imminent, sa nausée s’était apaisée. La Griffe ne cessait de plonger dans les creux des vagues : il devait également en tenir compte. Il perçut la présence de Will à ses côtés, prêt à l’imiter.
    — Bonne initiative, mon garçon. À mon signal, nous décocherons en même temps.
    — Je vous le répète, insista le capitaine. Vous ne parviendrez pas à arrêter ce bateau avec deux malheureuses flèches. Nous avons déjà peu de chances de nous extirper de cette situation. Si vous provoquez davantage ce contrebandier, il est certain qu’il ne repartira pas sans nous avoir tous tués.
    — De toute façon, il n’a plus l’intention de rebrousser chemin, répliqua Halt. Will, maintenant !
    Comme liés par quelque force invisible, les deux Rôdeurs levèrent leurs arcs, bandèrent leurs cordes, visèrent et tirèrent. Les deux traits s’élancèrent à travers les airs à une demi-seconde l’un de l’autre.

Les deux traits, presque côte à côte, décrivirent un arc dans le ciel gris. Horace, qui observait leur trajectoire, les perdit de vue alors qu’ils se fondaient aux nuages. Il s’aperçut que Will et Halt encochaient déjà une seconde flèche.
    Puis, les yeux rivés sur le capitaine de La Griffe , le chevalier entrevit un mouvement : il n’aurait su dire lequel des deux traits venait de frapper O’Malley au bras – Halt était meilleur tireur, mais Will était presque aussi doué que son mentor –, tandis que l’autre se fichait dans le plat-bord à moins d’un mètre du gouvernail.
    Bien qu’Horace ne puisse entendre le cri de douleur du contrebandier, il le vit vaciller et lâcher la barre pour serrer contre lui son bras blessé.
    Le résultat, quasiment instantané, fut désastreux : le navire, sans la pression exercée sur le gouvernail pour le maintenir contre le vent, fut soudain propulsé en avant ; sa voile carrée se gonfla et les cordages claquèrent, pareils aux cordes d’une harpe. Cette embardée du bateau projeta O’Malley sur le pont ; au même instant, plusieurs rameurs ratèrent leur mouvement et basculèrent vers l’arrière sur leurs bancs. L’une des rames tomba dans l’eau et nombre d’autres s’emmêlèrent.
    L’équilibre des forces était totalement perturbé : La Griffe se mit à tournoyer sur elle-même tout en filant follement vers le récif écumeux,passant à distance du Moineau . L’un des marins, d’un pas chancelant, entreprit de traverser le pont pour atteindre la barre qui oscillait de droite à gauche, incontrôlable.
    — Arrêtons-le, Will, ordonna Halt.
    Les deux Rôdeurs se placèrent de l’autre côté du bateau et décochèrent de nouveau. Cette fois, les deux traits firent mouche et l’homme tomba vers les dalots, tandis que le navire se mettait à gîter.
    Le capitaine du Moineau était bouche bée.
    — Personne n’est capable de tirer ainsi, murmura-t-il.
    Près de lui, Horace s’autorisa un sourire dépourvu d’humour.
    — Si, eux, répliqua-t-il en désignant les deux Rôdeurs.
    À bord de La Griffe , les marins, comprenant qu’il était trop tard pour tenter de sauver leur navire, se précipitèrent vers la poupe afin d’éviter autant que possible l’impact. Le navire, tanguant violemment sur les flots, heurta les premiers rochers cachés sous l’eau écumante. Un fracas retentit et le bateau s’immobilisa presque. Le mât bascula sur le côté avant de se briser net, à un mètre au-dessus du pont, et s’écrasa en travers de voiles et de cordages entremêlés, piégeant quelques matelots. Sous ce poids supplémentaire, La Griffe s’inclina sous le vent, parut momentanément s’écarter des brisants, puis fut propulsée vers l’avant et percuta d’autres rochers dentelés qui affleuraient à la surface des vagues. Une lame déferla sur la coque : plusieurs marins encore sur le pont furent aussitôt projetés par-dessus bord.
    Halt et Will avaient abaissé leurs arcs.
    — Nous devrions leur venir en aide, dit le vieux Rôdeur en s’adressant au capitaine.
    Ce dernier, apeuré, secoua la tête.
    — Je refuse d’approcher mon bateau de cet écueil ! protesta-t-il.
    — Ce n’est pas ce que je vous demande, répliqua Halt. Nous pourrions toutefois jeter des barriques dans leur direction afin qu’ils aient une chance d’en réchapper. Quoiqu’ils n’en auraient pas fait autant pour nous, ajouta-t-il en observant le navire en

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