La Traque des Bannis
carquois par-dessus sa tête et le plaça sur le côté. Dégrafant la boucle qui maintenait sa cape en place, il fit glisser le vêtement le long de ses épaules.
« Dépêche-toi un peu, se dit-il. Halt compte sur toi ! »
Il résista toutefois à cet accès de panique et continua de procéder sans hâte intempestive, sachant que le moindre mouvement précipité était susceptible de trahir sa présence. La cape à la main, il dégaina son grand couteau, coupa aisément la vrille accrochée à hauteur des épaules, puis se laissa tomber à terre en douceur.
Il enfila de nouveau le vêtement. L’espace d’un instant, il avait songé l’abandonner sur place, mais il en avait besoin pour se camoufler. Il passa son carquois à son épaule, ajusta la cape pour qu’elle recouvre les empennes des flèches, ramassa son arc et s’apprêta à repartir.
Il jeta un coup d’œil derrière lui. Rien n’indiquait qu’on l’épiait. Il savait pourtant qu’un carreau d’arbalète serait sans doute le premier et le dernier signe qu’il apercevrait de la part de l’ennemi. Restant près du sol, il reprit sa progression d’un arbre à l’autre. À plusieurs reprises, il dut faire un détour pour éviter d’autres plantes grimpantes. Il avait retenu la leçon, pensa-t-il, lugubre.
Quand il estima avoir parcouru environ soixante-dix mètres sur la gauche, il tourna sur la droite pour poursuivre en parallèle à la piste que remontait Halt. Il ne devait pas trop s’en éloigner s’il voulait avoir le temps d’intervenir, sachant en outre que les arbres resserrés lui bloqueraient la vue. Ensuite, il dévia peu à peu de sa trajectoire en direction du sentier où son ancien maître était censé se trouver.
Afin de gagner de la vitesse et de rattraper le temps perdu, il s’était redressé. C’était un risque à prendre, pensa-t-il. À moins que Halt et lui n’aient fait erreur, les Génovésiens devaient être postés sur la droite. Dorénavant, son adversaire principal était le bruit, aussi plaçait-il ses pieds avec un soin extrême sur le sol tapissé de bois mort, évitant au mieux les brindilles qui auraient pu craquer sous ses semelles.
À cinquante mètres sur sa droite, il remarqua que les troncs étaient moins larges et plus clairsemés. Dissimulé derrière un arbre, il étudia la configuration du paysage.
Tout était immobile, mais, se fiant à son intuition, il devinait que c’était dans cet endroit que les événements pouvaient s’accélérer. Il sortit de sa cachette et avança de cinq mètres pour aller se placer derrière un autre tronc, sans quitter du regard l’espace où les arbres étaient plus espacés.
Il était sur le point de reprendre sa progression quand il entrevit un bref mouvement. Il attendit, le pied à moitié levé, les yeux braqués droit devant lui, afin de voir si le mouvement se répéterait.
À cet instant, il vit les deux Génovésiens. Comment avait-il pu les manquer jusqu’ici ? Il fallait dire que leurs capes mauve foncé se fondaient plutôt bien dans les ombres de la forêt.
Il eut un sourire ironique. Leur geste les avait trahis. « Si tu bouges d’un pouce, tu peux être certain que l’ennemi s’apercevra de ta présence », lui avait souvent rabâché le vieux Rôdeur lors de ses entraînements. « Tu avais raison, Halt », songea Will.
Comme il s’y était attendu, les deux arbalétriers étaient tapis derrière un arbre couché, sur lequel ils avaient empilé du bois mort afin de former un écran plus imposant, sans qu’il semble pourtant incongru. Les Génovésiens, qui avaient placé leurs armes au sommet de cet amas de branches, lui tournaient à moitié le dos, leur attention focalisée sur un point précis, à une trentaine de mètres devant eux.
Le jeune Rôdeur suivit des yeux leur ligne de mire, mais ne distingua rien. Il y avait des chances pour qu’ils aient repéré Halt, lequel devait être plaqué contre le sol, invisible.
Will perçut tout à coup un bruissement, comme si quelqu’un se déplaçait vivement à terre, puis quelques craquements. Ces sons paraissaient venir de l’endroit que les Génovésiens surveillaient. L’un d’eux tendit le cou, sans baisser son arbalète.
Les arbres formaient un écran épais entre Will et les deux hommes, qu’une distance d’environ soixante mètres séparait. Si le jeune Rôdeur était amené à tirer, sa flèche serait sans doute déviée par des branches et n’atteindrait pas sa
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