La Traque des Bannis
alarmante. Halt avait frôlé la mort. Il lui faudrait du temps pour se rétablir.
— Tu vas mieux, maintenant, affirma-t-il.
Le vieux Rôdeur jeta un regard alentour.
— Horace est-il là ?
— Non, il est parti poser des pièges. Tout près d’ici, il y a un étang. Il est convaincu que des canards viennent y passer la nuit et il est allé y tenter sa chance, car nous avons besoin de viande fraîche. Quoi qu’il en soit, je suis content que tu sois réveillé ! Un peu plus tôt, nous croyions t’avoir peut-être perdu, mais à présent, tu es en bonne voie de guérison.
Il devina une lueur angoissée dans les yeux de Halt, que celui-ci dissimula aussitôt ; soudain, un doute horrible s’empara de Will.
— Halt ? Tu es certain que tout va bien, n’est-ce pas ? Bien sûr, tu te rétablis ! Tu as repris connaissance, tu arrives à bavarder… Tu es encore un peu faible, mais tu reprendras vite des forces et, avant même de t’en rendre compte, tu seras…
Il se tut, conscient qu’il parlait trop et ce, pour se rassurer lui-même. Un long silence tomba entre eux.
— Comment te sens-tu ? finit par demander Will.
Halt hésita, puis baissa les yeux vers son bras. Il inspira profondément.
— Tu as compris que le carreau d’arbalète était empoisonné, n’est-ce pas ?
Will hocha la tête d’un air triste.
— Je m’en suis douté, oui. Mais j’aurais dû y penser plus tôt.
— Ne t’accable pas. Comment l’aurais-tu deviné ? En revanche, j’aurais dû songer à cette éventualité, car je savais que ces maudits Génovésiens sont experts dans ce domaine. Je me souviens vaguement d’avoir divagué… N’ai-je pas imaginé que des Temujai nous pourchassaient ?
— Oui, acquiesça Will. À partir de ce moment, nous nous sommes vraiment inquiétés. Puis tu es parti au galop dans la mauvaise direction et tu t’es écroulé. Quand je t’ai rejoint, tu avais perdu connaissance. J’ai d’abord pensé que tu étais mort.
— Je ne respirais donc plus ? s’enquit Halt.
— Non. Un long frisson t’a ensuite parcouru et tu as retrouvé le souffle. C’est alors que nous avons pensé à examiner ton bras.
Will raconta ce qu’il avait constaté et les mesures qu’Horace et lui avaient prises.
— Tu as bien fait, approuva le vieux Rôdeur. Non seulement le pavot soulage la douleur, mais il a aussi d’autres propriétés. J’ai entendu dire que certains s’en servaient pour traiter les morsures de serpent, un mal qui ressemble un peu à celui qui m’affecte.
— Et cela marche, en général ? demanda Will.
Halt, indécis, attendit un instant avant de répondre.
— Jusqu’à un certain point. Cela ralentit les effets du venin, même si la victime a néanmoins besoin d’autres soins. Le problème, c’est que j’ignore quel genre de traitement pourrait neutraliser ce poison.
— Mais enfin, Halt, ton état s’est déjà amélioré ! Tu vas beaucoup mieux que cet après-midi. Je vois bien que…
Halt l’interrompit.
— Les choses se passent souvent ainsi avec le poison. Le malade semble être en bonne voie de guérison, puis il fait une rechute. Et chaque fois, son état s’aggrave un peu plus. Petit à petit…
Il se tut et agita la main d’un air indécis.
Will eut l’impression qu’un gouffre noir, profond, s’était ouvert devant lui. La gorge serrée, il eut du mal à reprendre la parole.
— Halt ? Tu veux dire que tu pourrais…
Incapable de poursuivre, Will laissa Halt terminer sa phrase.
— Mourir. Oui, je crains qu’il faille l’envisager. Je vais reprendre connaissance de temps en temps avant de m’évanouir de nouveau. Et après chaque instant de lucidité, je perdrai davantage de forces.
— C’est impossible ! s’écria le jeune homme, les yeux pleins de larmes. Tu ne peux pas mourir ! Comment ferais-je sans toi…
Il ne put réprimer ses sanglots. Plié en deux, il se balançait d’avant en arrière en laissant échapper des gémissements rauques.
— Will ? lui dit Halt, si faiblement que son ancien apprenti, tout à son chagrin, ne l’entendit pas.
Le vieux Rôdeur prit quelques profondes inspirations et répéta plus fort :
— Will !
La voix familière et autoritaire parvint enfin aux oreilles du jeune homme. Il cessa de s’agiter, leva la tête et s’essuya les yeux et le nez avec un pan de sa cape. Halt lui adressa un petit sourire las.
— Je te promets de faire de mon mieux pour ne pas mourir. Il faut cependant te préparer
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