La Traque des Bannis
lorsqu’elle était soudain exposée à un éclat intense.
— Quel est le problème ? s’enquit Horace, en espérant que le geste de son compagnon indiquait qu’il avait trouvé une solution.
Will secoua la tête.
— Je l’ignore, marmonna-t-il.
Il plaça ensuite un doigt sur la gorge du vieux Rôdeur afin de sentir son pouls. Celui-ci était faible, irrégulier. Au moins, il respirait. Will s’accroupit, perdu dans ses pensées. Tous les Rôdeurs étaient entraînés à administrer des remèdes simples au cas où l’un de leurs compagnons tomberait malade ou serait blessé. Mais aucun bandage n’aiderait à soigner le mal dont souffrait Halt. Il n’y avait aucune plaie apparente…
Une plaie, évidemment ! Will se rappela aussitôt que son ancien maître n’avait pas cessé de frotter l’égratignure infligée par le carreau d’arbalète. Il s’empara de la manche de Halt, qu’il avait rapiécée le soir précédent, et déchira la couture.
Le pansement était encore en place. Une légère tache indiquait que le sang avait suinté. Will renifla le linge avant de reculer avec une exclamation de dégoût.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Horace.
— Son bras. Il dégage une odeur nauséabonde. Je crois que la source de son mal se trouve là.
Il se reprocha de ne pas y avoir pensé plus tôt. La blessure lui avait semblé légère. Comment aurait-il pu établir un lien avec le comportement imprévisible de Halt ? Il dégaina son couteau de lancer et passa la lame acérée sous l’extrémité du bandage. Abelard renâcla, inquiet.
— Ce n’est rien, le rassura Will d’un ton posé, sans lever les yeux. Calme-toi, mon grand.
Folâtre vint se placer près de son congénère et le frôla pour lui offrir un peu de réconfort. Il hennit brièvement, comme pour lui dire que Will avait la situation en main. Le jeune Rôdeur aurait bien voulu se montrer aussi confiant que son cheval.
Will déroula le bandage, mais une partie continuait d’adhérer à la plaie, ce qui ne manqua pas de l’intriguer, car la blessure n’avait pas saigné abondamment. Il n’avait aucune envie d’arracher le linge, par crainte d’abîmer davantage le bras de Halt.
— Va me chercher une gourde, dit-il à Horace.
Celui-ci s’empressa d’aller prendre la gourde attachée à la selle de Caracole – plutôt que de s’approcher d’Abelard, pourtant plus près, car le jeune guerrier se méfiait de ses réactions.
Will versa une petite quantité d’eau sur le pansement et attendit une ou deux minutes que ce dernier soit bien imbibé pour le soulever délicatement.
Halt remua un peu en gémissant. Abelard poussa un hennissement.
— Chut, doucement, murmura Will, sans savoir si ses mots s’adressaient au cheval ou à son ancien maître – peut-être aux deux, songea-t-il.
Horace s’était de nouveau agenouillé près de Halt ; les yeux écarquillés, il observait d’un air fasciné les gestes de son ami, à qui il fallut quelques minutes pour décoller le linge de la plaie.
— Mon Dieu, chuchota le jeune chevalier, horrifié.
Will réprima une exclamation et, un bref instant, détourna les yeux de la blessure.
Celle-ci, qui aurait dû avoir déjà séché, suppurât. La chair était couverte d’un liquide purulent, de couleur indéfinissable. L’odeur infecte déjà perçue par Will était beaucoup plus forte, comme il fallait s’y attendre et, d’instinct, les deux jeunes gens eurent un mouvement de recul. Il y avait pire encore : l’avant-bras de Halt avait presque doublé de volume – rien d’étonnant à ce que le vieux Rôdeur ait passé son temps à le frotter, songea Will. La peau, décolorée, était d’un jaune pâle autour de l’égratignure, puis virait au bleuâtre sur le reste du bras, zébré de marques d’un rouge livide. Will tâta précautionneusement le bras de Halt. Il était brûlant.
— Comment est-ce possible ? demanda Horace d’une voix basse, choquée. Tu avais pourtant lavé et pansé la plaie ! Comment a-t-elle pu s’infecter aussi rapidement ?
Will et lui avaient eu leur part de batailles depuis quelques années. Mais ils n’avaient jamais rien vu de pareil.
Le jeune Rôdeur examinait toujours la blessure quand Halt se mit à s’agiter et à gémir, cherchant à agripper son bras malade. Will l’en empêcha en le forçant à garder la main le long du corps.
— Il devait y avoir quelque chose sur ce carreau d’arbalète, finit-il par répondre.
—
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