La Traque des Bannis
nouvel intrus.
1. En français dans le texte.
Horace trouvait que les heures s’écoulaient trop lentement. La plupart du temps, Halt était paisible, même s’il remuait par instants dans son sommeil et marmonnait quelques mots incompréhensibles.
Parfois, le chevalier l’entendait prononcer le nom de Will et, à une occasion, le vieux Rôdeur le mentionna, lui, Horace. Mais souvent, son esprit avait l’air très loin dans le temps et dans l’espace tandis qu’il grommelait le nom de personnes dont le jeune guerrier n’avait jamais entendu parler.
Dès que Halt se mettait à divaguer, Horace s’empressait d’aller s’agenouiller près de lui pour couvrir de nouveau son front avec des linges humides, car il avait constaté que ces périodes d’agitation s’accompagnaient en général d’une poussée de fièvre. Le jeune homme lui essuyait le visage, tout en fredonnant un air sans paroles afin de le réconforter. Ces chansons et ces soins calmaient le vieux Rôdeur qui sombrait alors dans un sommeil profond.
Il était rare qu’il reprenne vraiment ses esprits ; mais durant ces courts instants de lucidité, il se rappelait qui il était, où il se trouvait et ce qui lui était arrivé. Lorsque cela survenait, Horace en profitait pour l’inciter à manger quelque chose. Le jeune guerrier prépara un autre bouillon, en se servant de bœuf fumé qu’il fit tremper, puis mijoter sur le feu. Le plat lui parut avoir assez bon goût et il espéraitqu’il était nourrissant – ce dont Halt, à l’évidence, avait besoin, car il semblait s’affaiblir un peu plus chaque fois qu’il se réveillait et sa voix n’était plus qu’un imperceptible croassement.
À l’occasion de l’un de ses réveils, il demeura conscient durant plus d’une heure et Horace sentit son espoir se raviver. Il en profita pour demander à Halt comment faire du pain plat ; les instructions du vieux Rôdeur furent plutôt simples : mélanger de la farine, de l’eau et du sel, et laisser la pâte cuire sous les braises pendant une ou deux heures. Malheureusement, quand le pain fut prêt, Halt avait de nouveau perdu connaissance ; avec tristesse, le guerrier le mangea seul. Il le trouva épais et bourratif, mais réussit à se persuader qu’il était délicieux.
Pour passer le temps, il nettoya son armure et aiguisa ses armes, bien qu’elles soient déjà parfaitement acérées ; il savait toutefois que la rouille pouvait se former très vite s’il n’y prêtait pas une attention constante. Il s’entraîna aussi à manier l’épée, des heures durant, tout en restant à l’affût du moindre son que le Rôdeur malade, à quelques mètres de là, aurait pu émettre.
Horace se demandait souvent où Will en était de son voyage. Les chevaux de Rôdeurs étaient capables de parcourir des distances prodigieuses en l’espace d’une journée, mais Will devait également penser au trajet du retour et ainsi ménager les montures, car celles-ci auraient peu de temps pour récupérer.
Il examina la carte en essayant d’imaginer la progression de son ami. Une tentative vaine, car il y avait un grand nombre de facteurs impossibles à déterminer : certaines pistes pouvaient être bloquées ou avoir été effacées ; des gués avaient pu disparaître ou des rivières sortir de leur lit. Lorsque l’on voyageait dans une région inconnue, des dizaines d’obstacles étaient susceptibles de vous obliger à faire un détour. Will avait affirmé qu’il reviendrait d’ici trois jours ; ce qui signifiait qu’il avait l’intention d’atteindre le bois de Grimsdell, où vivait Malcolm, en un peu plus d’une journée. En revanche, le retour serait plus long, car le jeune Rôdeur ne pourrait demander au guérisseur de chevaucher sans faire de haltes. Will avait donc calculé que deux journées leur seraient nécessaires, entrecoupées d’une nuitde repos. Le rythme serait difficile à supporter pour Malcolm, relativement âgé, mais c’était faisable.
Horace s’aperçut qu’il manquerait bientôt de bois pour le feu et décida d’aller en chercher – au moins, cela lui fournissait une occupation. Pendant quelques minutes, il observa le Rôdeur paisiblement endormi avant de se résoudre à s’éloigner, puis il prit la hache ainsi qu’une grande longueur de toile et se dirigea vers un bosquet situé à deux ou trois cents mètres du campement ; il rassembla plusieurs branches mortes, déjà sèches, qui gisaient sur le sol,
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