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La Traque des Bannis

La Traque des Bannis

Titel: La Traque des Bannis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Flanagan
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n’avait pas remarqué Thorgan, dissimulé derrière des arbres : l’énorme brigand avait bondi sur le Rôdeur et, de son gourdin, lui avait assené un coup d’une force inouïe. Halt avait pu l’esquiver dans une certaine mesure en s’écartant lestement sur le côté, mais il avait été frappé à la tempe ; il avait tout juste réussi à planter son grand couteau dans le corps de Thorgan avant de s’effondrer, sans connaissance, en travers de Crowley – car même dans un instant pareil, il n’avait pensé qu’à protéger son compagnon.
    Les deux Rôdeurs avaient été retrouvés quelques heures plus tard par une troupe de la cavalerie de Duncan. Ils étaient recroquevillés l’un sur l’autre, toujours inconscients. Tout près, le corps de Thorgan était appuyé contre un tronc d’arbre ; le pillard avait une expression de stupeur sur le visage, et le pommeau du couteau de Halt sortait de son flanc.
    Cet événement, qui datait de tant d’années, revenait à présent à l’esprit de Halt. Ses paroles suivantes confirmèrent les soupçons d’Horace.
    — Est-ce que ça va, Crowley ? J’ai cru que j’étais arrivé trop tard, mon vieil ami. J’espère que tu n’as pas pensé que je t’avais abandonné.
    Crowley ? Le guerrier comprit que Halt le prenait pour le Commandant de l’Ordre. Inutile d’essayer de le détromper, songea Horace en lui serrant plus fort la main.
    — Jamais vous ne me laisseriez tomber, Halt, je le sais bien.
    Le vieux Rôdeur sourit et ferma brièvement les yeux ; quand il les rouvrit, le chevalier y décela une lueur étrangement apaisée.
    — Cette fois, je ne crois pas que je vais m’en sortir, Crowley, dit-il, impassible.
    Au son de la voix résignée de Halt, Horace sentit de nouveau le chagrin l’envahir.
    — Bien sûr que si, Halt ! Vous allez vous en sortir ! Nous avons besoin de vous. J’ai besoin de vous.
    Un sourire empreint de tristesse apparut sur les lèvres du vieux Rôdeur, indiquant qu’il n’était pas dupe.
    — La route a été longue, n’est-ce pas ? Tu as été un ami fidèle.
    — Halt… reprit le chevalier.
    Le Rôdeur leva la main pour le couper.
    — Laisse-moi continuer, Crowley, il me reste sans doute peu de temps. J’ai des choses à te dire…
    Il s’interrompit, inspira et rassembla ses forces. L’espace d’un instant, Horace crut que Halt allait s’assoupir, mais il finit par se ressaisir.
    — Le garçon… veille sur lui, veux-tu ?
    D’emblée, le guerrier comprit qu’il parlait de Will. Décidément, Halt semblait avoir perdu tout repère temporel. Il fouilla le visage d’Horace d’un air perdu.
    — Crowley ? Tu es encore là ?
    — Oui, Halt, je suis là, le rassura le jeune homme, la gorge nouée, en s’efforçant de ravaler ses larmes. Je suis toujours là. Et je veillerai sur lui, n’ayez crainte.
    Il éprouva un pincement de remords à l’idée de tromper Halt, mais il estima que cela valait mieux – le vieux Rôdeur avait paru si inquiet en s’imaginant que « Crowley » avait disparu. À présent, il paraissait plus détendu.
    — J’ai cru que tu étais parti, reprit le vieux Rôdeur. Ou que moi, j’étais parti, ajouta-t-il avec un brin d’ironie. Oui, veille sur lui, il se peut qu’il soit le meilleur de nous tous, tu sais.
    Horace baissa la tête, tout en sachant qu’il lui fallait répondre afin que Halt ne s’interrompe pas : tant qu’il parlerait, il resterait en vie ; pour Horace, rien d’autre ne comptait.
    — Il a eu un excellent professeur, Halt, dit le chevalier d’une voix brisée.
    D’un geste de la main, le Rôdeur écarta cette remarque.
    — Non, il n’a pas eu besoin de professeur. Il m’a suffi de le guider…
    Il marqua une longue pause avant d’ajouter :
    — Horace aussi. Un autre valeureux garçon. Veille sur lui. Il se peut que l’avenir de ce royaume… dépende de Will et d’Horace.
    Le jeune chevalier ne parvint pas à répondre. La tristesse le submergeait, mais il éprouvait aussi de la fierté à l’idée que Halt puisse parler de lui en pareils termes. Il serra de nouveau la main du Rôdeur. Celui-ci tenta de lever la tête et reprit d’un ton hésitant.
    — Encore une chose… Dis à Pauline… Non, peu importe. Elle sait que je n’ai jamais aimé qu’elle.
    Ce dernier effort avait dû l’épuiser. Ses paupières se refermèrent doucement. Horace faillit céder au chagrin avant de s’apercevoir que la poitrine de Halt continuait de se soulever.

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