La Vallée des chevaux
toujours les
branches qui conviennent. Tu peux rester avec lui, il t’expliquera tout ça. Je
descends vers la clairière.
Dès que Markeno eut disparu, Carlono expliqua à Jondalar :
— Cette fois-ci, ce n’est pas un tronc parfaitement droit
qu’il nous faut, mais un arbre aux branches maîtresses incurvées. Il faut donc
trouver un arbre qui n’ait pas été gêné dans sa croissance par ses voisins. Les
arbres ressemblent aux hommes. Certains ont besoin de compagnie pour
pousser : cela les oblige à dépasser leurs voisins. D’autres, au
contraire, poussent mieux lorsqu’ils sont isolés. Ce qui n’enlève rien à la
valeur des uns et des autres.
Quittant la piste principale, Carlono s’engagea dans un sentier.
Jondalar l’y suivit.
— Il y a aussi des arbres qui poussent par paire comme
ceux-là, continua Carlono en montrant à Jondalar deux arbres étroitement
entrelacés. Nous appelons ça des couples d’amoureux. Si on coupe un des deux
arbres, il arrive que l’autre meure.
Pris d’une soudaine inquiétude, Jondalar fronça les sourcils.
Les deux hommes avaient atteint une clairière et Carlono se
dirigea alors vers un chêne énorme et noueux qui poussait en haut d’une pente
ensoleillée. Au fur et à mesure qu’ils s’en approchaient, Jondalar était de
plus en plus étonné par les étranges fruits que portait le chêne. Lorsqu’il se
retrouva au pied de l’arbre, il se rendit compte que les fruits en question
étaient en réalité des objets, suspendus au bout des branches. Il y avait des
petits paniers tressés et décorés de plumes peintes, des petits sacs en peau
ornés de perles de coquillages, des cordes tressées avec motif. Un long collier
avait été suspendu autour du fût énorme à une si lointaine époque qu’il était
en partie serti dans le tronc. En l’examinant de plus près, Jondalar s’aperçut
qu’il était constitué de perles de coquillages, taillées avec soin et percées
au milieu, qui alternaient avec des vertèbres de poissons, enfilées par le
conduit de la mœlle épinière. Il remarqua aussi, décorant les branches, de
minuscules bateaux sculptés, des canines attachées à de longues lanières en
cuir, des plumes d’oiseaux et des queues d’écureuil.
— C’est l’Arbre de la Bénédiction, lui expliqua Carlono en
voyant son étonnement. Je suppose que Jetamio y a déjà suspendu son offrande.
C’est ce que font les femmes qui désirent que Mudo les bénisse avec un enfant.
Mais cet Arbre n’est pas pour autant réservé aux femmes. Certains hommes y
suspendent, eux aussi, une offrande pour que Mudo leur porte chance lors de
leur première partie de chasse, ou alors pour qu’Elle protège un nouveau bateau
ou une future Union. On ne fait pas appel à Mudo très souvent et uniquement la
veille d’événements importants.
— Qu’il est grand ! s’écria Jondalar.
— Il s’agit de l’Arbre de la Mère. Il n’est pas question de
le couper, mais je voulais te le montrer car c’est exactement le genre d’arbre
que je cherche pour fabriquer les appuis du bateau. Lorsque j’en aurai trouvé
un qui lui ressemble, je l’étudierai afin de choisir les branches les mieux à
même de s’adapter à l’intérieur de la coque.
Reprenant un autre sentier, Carlono et Jondalar rejoignirent la
clairière où l’on construisait les bateaux. Markeno et Thonolan étaient en
train d’évider à l’herminette un tronc dont la circonférence et la longueur
étaient énormes. L’extérieur du tronc avait été grossièrement taillé à la hache
et le travail n’était pas assez avancé pour qu’on devine déjà la forme élancée
du futur bateau. La proue et la poupe ne seraient sculptées qu’une fois
l’intérieur de l’embarcation terminé.
— Jondalar s’intéresse beaucoup à la construction des
bateaux, dit Carlono en s’approchant du fils de son foyer.
— Nous devrions essayer de lui trouver une femme du fleuve
pour qu’il devienne ramudoï, plaisanta Markeno. Ce serait normal maintenant que
son frère va faire partie des Shamudoï. Si j’en crois les regards que j’ai
surpris, nous n’aurons aucun mal à persuader une de nos Ramudoï de se dévouer.
— Tant que Serenio se trouvera à proximité, aucune Ramudoï
n’osera aller très loin, dit Carlono en faisant un clin d’œil à Jondalar. Sans
compter que, parfois, les meilleurs constructeurs de bateaux sont shamudoï.
Pour être un homme du fleuve, ce qui
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