La Vallée des chevaux
repensant à Iza et à Creb alors qu’elle accomplissait le rite
silencieux à la mémoire de cet inconnu et qu’elle l’envoyait rejoindre le monde
des esprits.
Puis elle reprit son épieu et, l’utilisant comme un levier, elle
souleva le gros bloc et recula d’un bond tandis qu’un flot de pierres venait
recouvrir le corps de l’homme mort.
La poussière retombait à peine qu’elle avait déjà fait sortir
Whinney du canyon. Elle remonta sur la jument et reprit la route de la caverne.
Elle s’arrêta plusieurs fois en chemin pour vérifier l’état du blessé et fit
une courte halte pour ramasser des racines de consoude. Elle était pressée de
rentrer, mais elle ne voulait pas trop demander à la jument. Quand, après avoir
traversé le cours d’eau et dépassé le coude que faisait la rivière, elle
aperçut de loin la falaise, elle poussa un soupir de soulagement. Ce n’était
pas gagné pour autant. Et tant qu’elle n’eut pas atteint la corniche, elle
n’osa espérer qu’elle avait réussi à ramener l’homme vivant.
Elle guida Whinney à l’intérieur de la caverne avec le travois
et ranima le feu pour faire chauffer de l’eau avant de détacher l’homme
inconscient et de le transporter sur sa couche. Elle enleva à la jument son
harnachement, la remercia d’une caresse et, après avoir jeté un coup d’œil dans
ses réserves, sélectionna les plantes dont elle allait avoir besoin. Avant de
s’occuper du blessé, elle prit une profonde inspiration et saisit son amulette.
Elle avait les idées trop confuses et était trop inquiète pour
adresser une prière précise à son totem. Mais elle voulait venir en aide à cet
homme et désirait que son puissant totem la soutienne dans les efforts qu’elle
allait faire pour le soigner. Il fallait absolument qu’elle lui sauve la vie.
Pourquoi ? Elle aurait bien été incapable de le dire. Mais elle savait que
c’était de la plus haute importance : cet homme ne devait pas mourir.
Elle remit du bois dans le feu et vérifia la température de
l’eau qu’elle avait mise à chauffer dans un récipient en peau suspendu
directement au-dessus du foyer.
Dès que l’eau commença à frémir, elle ajouta des pétales de
soucis dans le récipient. Puis elle s’approcha de l’homme, toujours
inconscient. Ses vêtements étaient déchirés à plusieurs endroits et il devait
avoir d’autres blessures que celle qu’il portait à la cuisse droite. Il fallait
qu’elle le déshabille pour s’en assurer. Mais comment allait-elle s’y
prendre ? Cet homme n’était pas vêtu comme elle d’une peau attachée à
l’aide d’une longue lanière.
En observant avec attention les vêtements qu’il portait, elle se
rendit compte que la peau et la fourrure qui avaient servi à les fabriquer
avaient été découpées, puis assemblées à l’aide de cordons pour recouvrir ses
bras, ses jambes et son corps. Après avoir étudié de près ces assemblages, elle
se dit que la seule solution consistait à couper ces vêtements comme un peu
plus tôt elle avait coupé la peau qui recouvrait une de ses jambes pour pouvoir
arrêter l’hémorragie. Quand elle eut découpé le vêtement qui couvrait le haut
du corps du blessé, elle fut très surprise de découvrir qu’il en portait un
autre par-dessous. On avait fixé sur ce vêtement des fragments de coquillages,
d’os et de canines d’animal, ainsi que des plumes d’oiseaux. Ces décorations
n’avaient pas été placées au hasard et Ayla, qui n’en avait encore jamais vu de
pareilles, se demanda s’il s’agissait d’une sorte d’amulette. Elle n’avait
aucune envie de toucher à cet étrange vêtement, mais elle n’avait pas le choix.
Lorsqu’elle le découpa, elle s’appliqua à suivre le motif afin de l’abîmer le
moins possible.
L’homme portait un autre vêtement qui lui couvrait le bas du
corps. Des peaux, assemblées à l’aide de cordons, enveloppaient chacune de ses
jambes, puis elles se rejoignaient, formant une sorte de poche bouffante
attachée autour de la taille, avec un rabat sur le devant. Après avoir découpé
ce vêtement, Ayla retira le garrot. Elle l’avait déjà desserré plusieurs fois
pendant le voyage de retour pour ne pas interrompre totalement la circulation
du sang dans la jambe blessée. Si on ne savait pas utiliser correctement un
garrot, le remède pouvait être pire que le mal et le blessé risquait de perdre
sa jambe.
Ensuite, Ayla étudia la
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