La Vallée des chevaux
crut voir jaillir une minuscule
étincelle. A la seconde tentative, l’étincelle était de plus belle taille et
cela l’encouragea à continuer. Il essaya de nouveau et, avec l’aide d’Ayla,
finit par enflammer le petit tas d’écorces et d’herbes qui se trouvait près de
sa couche.
— Qui t’a appris à faire du feu de cette manière ?
demanda-t-il en examinant à nouveau les deux pierres.
Ayla avait compris la question mais elle ne savait pas comment y
répondre.
— Ayla faire, dit-elle.
— Oui, je sais. Je t’ai vue faire. Mais qui t’a
montré ?
— Ayla... montré.
Comment lui dire qu’elle avait découvert les pierres à feu le
jour où son feu s’était éteint et où elle avait cassé son coup-de-poing ?
— Ayla pas bien parler, dit-elle après avoir réfléchi un
long moment sans trouver le moyen de lui expliquer quoi que ce soit.
— Ça viendra, la rassura Jondalar. Le jour où tu sauras
parler, tu m’expliqueras tout ça. Il n’y en a plus pour longtemps... C’est
aujourd’hui que je sors, non ? demanda-t-il en souriant.
— Ayla... regarder, dit-elle en retirant les fourrures pour
examiner sa jambe.
A l’endroit des points, une petite croûte s’était formée et la
guérison de la jambe semblait en bonne voie. Il était temps que Jondalar
recommence à marcher. Allait-il pouvoir à nouveau se servir de sa jambe ?
Toute la question était là.
— Oui, Gon-da-lah sortir, lui annonça-t-elle.
Jondalar lui fit un grand sourire. On eût dit un gamin à qui on
venait d’annoncer qu’il allait partir à la Réunion d’Été après un long hiver.
Son enthousiasme était communicatif et Ayla lui sourit à son
tour. Mais elle ne voulait pas qu’il sorte le ventre vide.
— Gon-da-lah manger, dit-elle.
Le repas fut prêt en un rien de temps : Ayla lui apporta la
nourriture qu’elle avait cuite la veille et une infusion. Elle s’occupa aussi
de nourrir Whinney et l’étrilla avec une cardère. Son poulain eut droit au même
traitement. Ce n’était pas la première fois que Jondalar l’observait alors
qu’elle s’occupait des chevaux mais cette fois-ci il remarqua qu’elle
s’adressait à la jument en émettant un son qui ressemblait à un hennissement et
quelques syllabes hachées et gutturales. Pour Jondalar, les gestes et les
signes d’Ayla n’avaient aucune signification – il ignorait que
ceux-ci faisaient partie intégrante du langage qu’elle employait pour
s’adresser à la jument. Néanmoins, il se rendait compte qu’elle était en train
de lui parler d’une manière qui lui échappait totalement. Et plus étonnant
encore : il aurait juré que la jument la comprenait.
Alors qu’elle caressait les deux chevaux, il se demandait quel
pouvoir magique lui avait permis de les charmer. Lui-même se sentait un peu
subjugué et il fut tout heureux de voir qu’elle s’approchait de lui avec la
jument et son poulain. D’habitude, quand Jondalar se retrouvait aussi près d’un
cheval, c’est que l’animal était mort, et il était sidéré de voir que les deux
animaux n’avaient absolument pas peur de lui. Au début, ses petites tapes
manquaient d’assurance. Mais dès qu’il eut compris à quel endroit il fallait
les caresser et les gratter, il découvrit que les deux animaux, et le poulain
en particulier, y prenaient plaisir.
Se rendant compte soudain qu’il n’avait pas encore appris ce mot
à Ayla, il lui dit en lui montrant la jument :
— Cheval.
Mais Whinney portait un nom, un nom composé de sons comme celui
de Jondalar ou le sien.
— Non, dit-elle en hochant la tête. Whinney.
Pour Jondalar, le son qu’elle venait d’émettre n’était pas un
nom, mais une parfaite imitation du hennissement d’un cheval. A nouveau, il
était sidéré. Cette femme était incapable de parler, mais elle pouvait hennir
comme un cheval et converser avec ses animaux. Elle devait posséder
d’incroyables pouvoirs magiques.
En voyant son regard étonné, Ayla crut qu’il ne l’avait pas
comprise. Après avoir touché sa poitrine, elle prononça son propre nom. Puis
elle le montra du doigt et dit : « Gon-da-lah ». Ensuite, elle
montra la jument et recommença à hennir avec douceur.
— Est-ce le nom de la jument ? Je serais bien
incapable d’imiter ce son. Je ne sais pas parler aux chevaux, moi.
— Whinney, dit Ayla à nouveau en lui montrant la jument.
Jondalar essaya de l’imiter. Il émit un son qui ressemblait
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