La Vallée des chevaux
j’ai pu te choquer.
Dis-moi au moins pourquoi tu es contrariée.
Est-il encore en train de me dire des mots qui ne sont pas
vrais ? se demanda Ayla. Il devrait pourtant savoir pourquoi je réagis
ainsi. Malgré tout, Jondalar semblait gêné. Ayla baissa les yeux. Comme elle
aurait préféré qu’il ne lui pose pas cette question ! C’était déjà
suffisamment désagréable de subir une telle humiliation sans devoir, en plus,
en parler. Mais Jondalar lui avait demandé quelque chose et elle se sentait
obligée de lui répondre.
— Je suis contrariée parce que je vois bien que... personne
ne veut de moi.
— Personne ne veut de toi ? Je ne comprends pas.
Pourquoi l’embêtait-il avec ses questions ? Voulait-il
qu’elle se sente encore plus mal à l’aise ? Levant les yeux, elle lui jeta
un coup d’œil. Jondalar était penché en avant et son regard, comme sa position,
exprimait un mélange de sincérité et d’inquiétude.
— Aucun homme du Clan n’aurait jamais assouvi son désir
tout seul s’il avait eu à ses côtés une femme acceptable. Mais toi, tu as
préféré t’enfuir loin de moi. Crois-tu que ce soit agréable pour moi de savoir
que je ne te plais pas ?
— Es-tu en train de me dire que tu te sens offensée parce
que je n’ai pas... commença Jondalar en levant les yeux au ciel. Oh,
Doni ! Comment as-tu pu être aussi stupide, mon pauvre Jondalar !
s’écria-t-il en prenant la caverne à témoin.
Comme Ayla semblait stupéfaite, il lui expliqua :
— Je croyais que tu ne voulais pas que je t’embête, Ayla.
J’ai fait tout ce que j’ai pu pour respecter tes désirs. J’avais tellement
envie de toi que c’en était parfois intenable. Mais quand je te touchais, tu te
raidissais, comme si tu ne voulais pas de moi. Comment as-tu pu croire qu’un
homme puisse ne pas vouloir de toi ?
Le poids qu’Ayla avait sur le cœur s’envola aussitôt. Jondalar
la désirait ! Il avait cru qu’elle ne voulait pas de lui ! S’ils ne
s’étaient pas compris, c’était à nouveau à cause d’une différence de coutumes.
— Pourquoi n’as-tu pas fait le geste ? demanda-t-elle.
Que je veuille ou non n’avait pas d’importance...
— Bien sûr que si, c’est important ! s’écria-t-il.
Est-ce que par hasard... tu ne me désires pas ? demanda-t-il en
rougissant.
Il y avait au fond de ses yeux une lueur d’hésitation et son
regard exprimait aussi la crainte d’être rejeté. C’était un sentiment qu’Ayla
connaissait bien. Même si elle était un peu surprise qu’un homme puisse
l’éprouver, les craintes de Jondalar firent fondre ses derniers doutes et
ceux-ci furent aussitôt remplacés par un élan de tendresse.
— Je te désire, Jondalar. Depuis le premier jour où je t’ai
vu. Quand tu étais si gravement blessé et que je ne savais pas si tu vivrais, je
te regardais et j’éprouvais... C’était un sentiment tellement profond... Mais
tu n’as jamais fait le geste !
Ayla se tut et baissa les yeux, gênée d’en avoir autant dit.
Quand une femme du Clan désirait un homme, elle le manifestait avec des gestes
un peu plus subtils que ça.
— Et moi, pendant tout ce temps, je croyais que... Quel est
ce geste dont tu n’arrêtes pas de parler ?
— Dans le Clan, quand un homme désire une femme, il fait un
signe bien précis.
— Montre-moi.
Ayla s’exécuta en rougissant. Habituellement, seuls les hommes
faisaient ce geste.
— C’est tout ? s’étonna Jondalar. Et après, que
fais-tu, toi ?
Il fut un peu étonné de voir qu’elle se levait, puis qu’elle
s’agenouillait et se mettait en position.
— Si j’ai bien compris, l’homme fait le geste que tu m’as
montré, la femme se met en position, et c’est tout ! Ils sont prêts ?
— Si un homme n’est pas prêt, il ne fait pas signe à une
femme. N’étais-tu pas prêt, aujourd’hui ?
Ce fut au tour de Jondalar de rougir. Il avait oublié qu’il
était prêt, comme elle disait, et qu’il avait même failli la prendre de force.
Comme il aurait aimé connaître le geste dont elle venait de lui parler !
— Que se passe-t-il quand une femme ne veut pas ou qu’elle
n’est pas prête à le recevoir ?
— Si l’homme fait le geste, la femme doit se mettre en
position.
Le visage d’Ayla s’assombrit : elle venait de repenser à
Broud, à la douleur et à l’avilissement qu’elle avait alors ressentis.
— N’importe quand ? demanda Jondalar en
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