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La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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l’appeler ainsi, il faut faire les choses
correctement.
    — Que veux-tu dire ?
    — Quand on donne un nom à un enfant du Clan, il y a
toujours une cérémonie. Je ne sais pas si cela convient pour un cheval, mais
j’ai accompli cette cérémonie pour Whinney. Je vais te montrer.
    Entraînant Jondalar et les deux chevaux à sa suite, Ayla prit la
direction des steppes et s’arrêta près du lit d’une rivière, depuis si
longtemps à sec qu’il était en partie comblé. Une des ses rives érodée laissait
apparaître des strates horizontales de couleur brun-rouge. Sous le regard
stupéfait de Jondalar, Ayla détacha de la terre rouge à l’aide d’un bâton, puis
la ramassa, s’approcha de la rivière et y ajouta de l’eau pour former une pâte.
    — Creb mélangeait l’ocre rouge avec de la graisse d’ours,
expliqua-t-elle. Mais ici, il n’y en a pas. A mon avis, pour un cheval, mieux
vaut utiliser de la boue : il peut s’en débarrasser dès qu’elle est sèche.
De toute façon, ce qui compte, c’est de lui donner un nom. Il va falloir que tu
lui tiennes la tête, Jondalar.
    Jondalar fit signe au poulain de s’approcher, puis il le prit
par l’encolure et le caressa pour qu’il se tienne tranquille. Utilisant
l’Ancienne Langue du Clan, Ayla fit quelques gestes afin d’attirer l’attention
des esprits. Elle écourta le rituel car elle ne savait toujours pas si les
esprits n’allaient pas se sentir offensés qu’on attribue un nom à un cheval.
Elle l’avait fait pour Whinney sans qu’il y eût de conséquences néfastes. Mais
mieux valait ne pas prendre de risques. Lorsqu’elle eut terminé, elle prit de
la boue dans sa main.
    — Ce cheval s’appelle Rapide, dit-elle à haute voix et dans
le langage du Clan.
    Puis elle enduisit de boue la tête du poulain, depuis le toupet
de poils blancs qui ornait le haut de son front jusqu’à ses naseaux.
    Ayla avait fait si vite que le poulain n’avait pas pu
s’échapper. Il piaffa, remua la tête pour se débarrasser de cette boue humide,
puis donna un coup de tête dans la poitrine de Jondalar, laissant au passage
une longue traînée rouge sur sa peau.
    — J’ai l’impression qu’il vient de m’attribuer un nom, dit
celui-ci en souriant.
    Rapide, qui méritait bien son nom, s’était remis à galoper dans
la prairie. Jondalar se frotta la poitrine pour retirer la traînée rouge.
    — Pourquoi as-tu utilisé de la terre rouge ?
demanda-t-il à Ayla.
    — Elle n’est pas comme les autres... c’est de la terre
magique... le Clan l’utilise pour les esprits.
    — De la terre sacrée ? Pour nous, cette terre rouge
est sacrée. Il s’agit du sang de la Mère.
    — Oui, c’est du sang. Quand l’esprit d’Iza nous a quittés,
Creb a enduit son corps d’un mélange d’ocre rouge et de graisse d’ours. Il
appelait ça le sang de la naissance et il disait que grâce à ce sang, Iza
pourrait naître à nouveau dans l’autre monde.
    Jondalar était stupéfait.
    — Ton Clan utilise la terre sacrée pour envoyer un esprit
dans l’autre monde ? En es-tu sûre ?
    — Quand on enterre quelqu’un correctement, on utilise
toujours de la terre rouge.
    — Nous aussi, nous faisons la même chose, Ayla. Nous
mettons de la terre rouge sur le corps et à l’intérieur de la sépulture pour
que l’esprit de celui qui nous a quittés retourne dans le ventre de la Mère et
qu’il naisse à nouveau. Thonolan n’a pas eu de terre rouge, ajouta Jondalar
avec un regard douloureux.
    — Je n’en avais pas et je ne pouvais pas me permettre
d’aller en chercher. Il fallait absolument que je rentre. Sinon, j’aurais dû
enterrer deux hommes au lieu d’un. J’ai demandé à mon totem et à l’esprit
d’Ursus, le Grand Ours des Cavernes, de l’aider à trouver son chemin.
    — Tu l’as enterré ? Son corps n’a pas été abandonné à
la merci des charognards ?
    — J’ai transporté son corps près de la paroi rocheuse et
j’ai déplacé un rocher pour faire tomber des pierres sur ton frère. Mais je
n’ai pas pu l’enduire de terre rouge.
    Pour Jondalar, l’idée que les Têtes Plates enterraient leurs
morts était encore plus difficile à admettre que tout ce qu’il avait déjà
appris à leur sujet. Jamais un animal n’aurait agi ainsi. Seuls les humains
s’interrogeaient pour savoir d’où ils venaient et où ils allaient quand ils
mouraient. Était-il possible que les esprits du Clan invoqués par Ayla

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