La Vallée des chevaux
celles des hommes du Clan et
j’ai appris à chasser avec, comme j’ai pu... Jamais je n’aurais pensé qu’un
homme me proposerait un jour de m’enseigner une autre technique de chasse,
avoua-t-elle, la gorge nouée par l’émotion, en baissant les yeux. Si tu faisais
ça pour moi, je t’en serais vraiment reconnaissante, Jondalar.
Le front de Jondalar, marqué l’instant d’avant d’un pli
soucieux, se détendit soudain. Il crut voir une larme perler au coin des
paupières d’Ayla. Était-ce à ce point important pour elle ? Dire qu’il
craignait qu’elle prenne mal sa proposition ! Arriverait-il un jour à la
comprendre ? Plus il la connaissait, moins il la comprenait.
— Il va falloir que je fabrique certains outils spéciaux.
J’aurai aussi besoin d’os. Les pattes de cerf que j’ai trouvées feront très
bien l’affaire. Mais il faudra les mettre à tremper. Est-ce que tu as un
récipient qui pourrait convenir ?
— J’ai beaucoup de récipients. Tout dépend de la taille
qu’il te faut, dit-elle en se levant.
— Cela peut attendre la fin du repas, Ayla.
Mais Ayla était trop excitée pour songer encore à manger. Elle
alla chercher une lampe en pierre tandis que Jondalar terminait son repas, puis
elle se dirigea avec lui vers l’endroit de la caverne où elle rangeait ses
réserves. Elle confia la lampe à Jondalar et commença à fouiller parmi les
bols, les paniers et les récipients de toutes sortes, empilés les uns dans les
autres. Jondalar souleva la lampe pour mieux y voir et regarda autour de lui,
étonné par la quantité d’objets qu’elle avait fabriqués.
— C’est toi qui as fait tout ça ?
— Oui, répondit-elle en commençant à trier les récipients.
— Cela a dû te prendre des jours... des lunes... des
saisons ! Combien de temps t’a-t-il fallu ?
— Plusieurs saisons, répondit-elle après avoir réfléchi.
J’ai fabrique tout ça pendant les saisons froides. Je n’avais rien d’autre à
faire. Est-ce que la taille de ceux-là te convient ? demanda-t-elle.
Jondalar jeta un coup d’œil aux récipients qu’elle avait sortis
et en choisit quelques-uns qu’il examina avec attention. C’était vraiment
incroyable ! Ayla avait beau être habile, ces paniers tressés serré et ces
récipients en bois parfaitement poncés avaient dû exiger du temps, depuis quand
était-elle dans cette vallée ?
— Celui-ci fera parfaitement l’affaire, dit-il en indiquant
une auge en bois à hauts bords.
Ayla ré-empila les autres récipients tandis qu’il l’éclairait
avec la lampe. Quel âge avait-elle quand elle est arrivée dans cette
vallée ? se demanda-t-il. Elle n’est pas très âgée. Mais peut-être que je
me trompe... Il est difficile de lui donner un âge. Elle est naïve comme une
jeune fille mais elle possède un corps de femme. Et elle a déjà eu un enfant.
Quel âge peut-elle avoir ?
Ils descendirent le sentier. En arrivant près de la rivière,
Jondalar remplit le récipient d’eau et examina les os qu’il avait trouvés dans
la décharge d’Ayla.
— Celui-ci est fissuré, dit-il en lui montrant le tibia
qu’il tenait à la main avant de l’éliminer.
Après avoir mis les os à tremper, ils remontèrent vers la
caverne. Elle ne peut pas être si jeune que ça, se disait Jondalar. Il faut du
temps pour devenir une Femme Qui Guérit. A-t-elle le même âge que moi ?
— Depuis combien de temps es-tu ici ? lui demanda-t-il
au moment où ils entraient dans la caverne.
Ayla s’arrêta, ne sachant pas très bien comment répondre à sa
question. Allait-elle lui montrer les bâtons sur lesquels elle avait marqué les
jours ? Même si Creb lui avait enseigné comment faire, elle n’était pas
censée être au courant. Jondalar risquait de la blâmer d’avoir fait ça.
Qu’importe ! se dit-elle. De toute façon, il ne va pas tarder à partir.
Elle alla chercher le paquet de bâtons sur lesquels elle avait
marqué les jours, le défit et les étala sur le sol.
— Qu’est-ce que c’est que ça ?
— Tu m’as demandé depuis quand je suis ici. Je ne peux pas
te répondre. Mais depuis que je vis dans cette vallée, chaque soir j’ai fait
une entaille dans un bâton. J’ai donc vécu dans cette caverne autant de nuits
qu’il y a d’entailles.
— Sais-tu combien de jours cela fait ?
Ayla se rappela la frustration qu’elle avait éprouvée
lorsqu’elle avait essayé de calculer ce que
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