La Vallée des chevaux
communiquer avec
Jondalar. Debout en face d’elle, ce dernier ne semblait pas très à l’aise, même
s’il faisait tout son possible pour avoir l’air ravi. Se souvenant soudain de
la mission dont on l’avait chargée, Jetamio revint dans la tente.
— Je vais prendre leurs sacs, dit-elle au shamud. (Puis
elle ajouta Roshario aimerait savoir dans combien de temps Thonolan pourra être
transporté.
— Quel nom as-tu dit ?
— Thonolan. C’est l’autre qui m’a dit qu’il s’appelait
ainsi.
— Dis à Roshario qu’il faut attendre un jour ou deux avant
de repartir. Il n’est pas encore en état de supporter les secousses d’un trajet
sur l’eau.
— Comment sais-tu mon nom, belle donii ? demanda
Thonolan. Jetamio, qui allait quitter la tente avec les deux sacs, se retourna
pour lui sourire.
Thonolan allait à nouveau fermer les yeux quand il prit soudain
conscience de la présence du shamud à ses côtés. En apercevant pour la première
fois ce visage énigmatique, il ne put réprimer un léger frisson. Le shamud lui
souriait d’un air entendu et plein de sagesse mais aussi comme un félin qui se
délecte à l’avance de sa proie.
— L’amour naissant est toujours une chose magnifique,
commenta-t-il.
Même si Thonolan était incapable de comprendre, il perçut
clairement le sarcasme qui perçait sous ces paroles. La voix qu’il venait
d’entendre l’intriguait. Elle n’était ni franchement grave ni franchement aiguë
et pouvait aussi bien appartenir à une femme qu’à un homme. Rien dans les
vêtements ou l’allure de cet énigmatique personnage ne pouvait trancher la
question. Aussi intrigué soit-il, Thonolan éprouva un certain soulagement. Il
savait qu’il était entre de bonnes mains.
Jondalar, quant à lui, sembla si soulagé lorsque Jetamio lui
apporta les deux sacs que la jeune femme s’en voulut un peu de ne pas l’avoir
fait plus tôt. Après l’avoir remerciée avec des mots qu’elle ne pouvait pas
comprendre mais qui exprimaient clairement sa gratitude, il disparut derrière
une rangée d’arbres pour enfiler ses vêtements secs.
Quand il revint vers le feu, il se sentait tellement mieux qu’il
n’en voulait plus à Jetamio de s’être moquée de lui. Je devais avoir l’air
passablement ridicule, pensa-t-il. Mais ces pantalons étaient si humides et si
froids... Ces gens-là m’ont rendu un tel service que je peux bien les laisser
s’amuser à mes dépens. Sans eux, je ne sais pas ce que j’aurais fait... Comment
ont-ils su que j’avais besoin d’aide ? Leur Homme Qui Guérit possède-t-il
ce genre de pouvoir ? S’il est capable de soigner Thonolan, le reste n’a
pas d’importance... Mais en est-il vraiment capable ? se demanda-t-il
soudain. Je n’ai pas revu Thonolan. Je ne sais pas s’il va mieux. Je pense que
le moment est venu d’aller voir ce qui se passe. Thonolan est mon frère. Ils ne
peuvent pas m’empêcher de le voir.
Jondalar déposa ses deux sacs puis, après avoir mis ses
vêtements à sécher bien en évidence à côté du feu, il se dirigea vers la tente.
Au moment où il allait y pénétrer, l’Homme Qui Guérit en sortait
et ils faillirent se heurter. Avant qu’il ait pu dire quoi que ce soit, le
shamud sourit d’un air prévenant, fit un pas de côté et d’un geste exagérément
gracieux lui proposa d’entrer.
Pendant un court instant, ils se mesurèrent du regard. Celui du
shamud, toujours aussi perçant, n’avait rien perdu de son autorité. Mais il
était difficile d’y discerner une intention précise. Il demeurait aussi ambigu
que la couleur indéfinissable de ses yeux. Et à y regarder de plus près, son
sourire prévenant avait quelque chose d’un peu ironique. Jondalar sentit que,
comme la plupart de ses pairs, ce guérisseur pouvait être un ami puissant ou un
ennemi implacable.
Il hocha la tête, comme s’il réservait son jugement, sourit
rapidement en signe de remerciement et pénétra dans la tente. Il fut un peu
surpris de voir que Jetamio s’y trouvait déjà. Tenant la tête de Thonolan, elle
était en train d’approcher un bol de ses lèvres.
Fou de joie de voir que son frère était réveillé et qu’il
semblait aller mieux, Jondalar lui lança :
— J’aurais dû m’en douter. Tu as encore fait des tiennes.
— Qu’est-ce que j’ai fait, Grand Frère ?
— Il a suffi que tu ouvres les yeux pour que la plus belle
femme du coin accoure à ton chevet.
— Tu as raison de
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