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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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démonsdes objets qu’ils détestent et, par exemple, du
jade blanc, car les démons, êtres féminins,
aiment l’obscurité et ont horreur de la couleur
blanche. Inversement, il est certains actes dont il
vaut mieux s’abstenir. Ainsi, à Chengdu, au
Sichuan, on ne frappe plus les heures du soir à
l’époque des Song, car c’était jadis à ces heures-là qu’avaient lieu les exécutions capitales : sonner les heures, ce serait réveiller les fantômes
malfaisants des condamnés dont les cadavres ont
été enterrés dans le terrain de polo 52 .
    Tous ces mauvais génies qui sont éloignés ou
identifiés grâce à des procédés magiques ne s’en
prennent généralement qu’aux familles et aux
individus. Ils forment donc une classe d’êtres
surnaturels entièrement différente de celle des
divinités des temples et des sanctuaires locaux.
Des sorciers, des moines taoïstes ou, parfois,
bouddhistes, grâce à leurs pouvoirs religieux ou
grâce à leur connaissance des recettes efficaces,
savent exorciser ces démons.
    De nombreuses anecdotes témoignent d’autre
part de la croyance très répandue à un monde
des morts et à l’existence d’une cour de justice
infernale présidée par un roi des enfers. Certains
des juges de ce tribunal sont d’anciens hauts
fonctionnaires, et l’administration complexe qui
régit le monde des morts est une reproduction de
celle des vivants. Les fonctionnaires infernaux
font carrière dans l’autre monde. Ils peuvent êtrepromus ou rétrogradés et ils ont sous leurs
ordres une foule de commis, d’archivistes, de
scribes et de gardes. Il arrive que cette bureaucratie paperassière commette des erreurs dans
les noms et dans les chiffres. Ainsi, des personnes dont le lot de vie n’est pas épuisé sont
appelées trop tôt devant le tribunal des enfers
par la faute d’un scribe négligent, et sont ensuite
renvoyées dans le monde des vivants. D’autres
peuvent échapper au séjour des morts grâce à la
piété filiale exemplaire dont elles ont fait preuve
pendant leur vie ou encore grâce aux mérites
acquis en récitant les textes sacrés du bouddhisme ou à leur connaissance de formules
magiques efficaces. Ainsi s’expliquent les cas de
léthargie complète ou de mort temporaire. Les
ressuscités ont eu parfois la chance de voir à la
dérobée les registres où sont notés les lots de vie
de chacun. Ils y ont appris combien d’années il
leur restait à vivre, à quel âge mourraient leurs
proches ou leurs amis. Des morts inconnus les
ont quelquefois chargés de commissions pour
leurs parents et les indications données par les
ombres infernales se trouvent exactes. Ces descentes aux enfers et les révélations prophétiques
dont elles sont l’occasion forment, depuis l’époque
des Tang, un des thèmes les plus fréquents des
recueils d’anecdotes étranges et curieuses.
    L’homme du peuple vit entouré d’êtres et de
choses mystérieuses ou divines. Le prodige faitpartie de sa vie quotidienne et tout, dans ce
monde, peut être pour lui sujet d’inquiétude. Ses
paroles et ses actions sont soumises, de façon
temporaire ou permanente, à une multitude de
restrictions et d’interdits. La consultation des
almanachs et des horoscopes, les prescriptions
des géomanciens peuvent lui épargner bien des
malheurs : il en surgira toujours à l’improviste.
     
    5. Bouddhisme et taoïsme
    Au XIII e siècle, la grande ferveur bouddhique
s’est calmée depuis longtemps, mais il reste
partout des témoignages de la fièvre religieuse
qu’a connue la Chine sous les dynasties du
Nord et du Sud et sous les Tang, entre le V e et le IX e siècle. Presque tous les chefs-d’œuvre artistiques de cette période sont bouddhiques : sanctuaires creusés à flanc de montagne, temples et
tours reliquaires, peintures, rouleaux manuscrits, statues de bronze parfois recouvertes d’or,
statues de pierre, stèles. Dans une des gorges du
fleuve Minjiang, au Sichuan, le voyageur voit
encore surgir devant lui, à un endroit où la violence du courant entraîne sa barque, une image
colossale de la divinité Maitreya, creusée dans
le roc au début du VIII e siècle. Haute de 108
mètres, avec un tour de tête de 30 mètres, des
yeux larges chacun de 6 mètres, elle est protégée par une construction en bois de treize
étages 53 .
    A Hangzhou même, les traces de la grande
époque du bouddhisme ne manquent pas, et l’on
compte encore à l’intérieur des

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