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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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remparts 57
monastères bouddhiques, grands et petits, et 31
monastères de nonnes à l’extérieur. La plupart
des établissements bouddhiques sont situés dans
l’agglomération ou à proximité de la ville. Ils
sont au nombre total de 385 dans les deux sous-préfectures urbaines, alors que l’on n’en compte
que 185 dans les sept autres circonscriptions qui
dépendent de la préfecture de Hangzhou 54 .
Certains grands monastères, dotés d’un statut
officiel, sont chargés de cérémonies pour le
compte de la cour. Mais tous accomplissent les
rites qui leur sont commandés par les fidèles,
c’est-à-dire le plus souvent des services funèbres.
La liturgie consiste en récitations psalmodiées
de textes sacrés et en chants indiens, en
offrandes de fruits, de fleurs et d’encens aux
Bouddhas. Des lampes sont allumées au pied
des statues. Au moment des fêtes, les plus belles
peintures et les plus beaux manuscrits que possède le monastère sont exposés à l’admiration
des visiteurs. Des banderoles sont suspendues
dans la grande salle où se dressent, hautes parfois de plus de dix mètres, les statues accroupies
des Bouddhas dont le sourire à la fois énigmatique et paisible est l’image de la parfaite ataraxie. Les fêtes les plus importantes sont celles
de l’ondoiement des statues, le 8 de la 4 e lune,celle de l’entrée des religieux dans la saison
d’été, pendant laquelle ils restent confinés dans
leurs monastères, le 15 de la 4 e lune, et celle des
morts, le 15 de la 7 e lune.
    Toute la Chine reste imprégnée de bouddhisme, mais cette imprégnation est si profonde
que beaucoup, même dans les hautes classes,
n’en ont plus conscience. Les philosophes
empruntent certaines de leurs notions au bouddhisme. Ils ne sont plus uniquement préoccupés
de morale et de politique comme leurs devanciers d’avant l’ère chrétienne, mais cherchent à
fournir une représentation systématique du
monde qui puisse être opposée à celle des bouddhistes. Ce besoin d’une philosophie proprement
chinoise se fait d’autant plus sentir que le bouddhisme a cessé d’être le principal animateur de
la vie intellectuelle : des nombreuses sectes
bouddhiques qui devaient se perpétuer au Japon,
seule reste vivante l’école du dhyâna (le zen japonais), « résurgence du taoïsme mystique,
particulièrement appréciée des lettrés et des
artistes 55  ».
    Dans toutes les classes, éthique confucéenne
et morale bouddhique se mêlent de façon indissoluble. Des ouvrages qui eurent à l’époque des
Song un succès étonnant donnent à chacun le
moyen de calculer la balance de ses mérites et
de ses démérites selon un barème positif ou
négatif qui qualifie chaque action, bonne oumauvaise. L’un de ces manuels, d’inspiration
bouddhique dans leur principe, était si répandu
que, d’après un calcul du début du XX e siècle, sa
diffusion était supérieure à celle de la Bible 56 .
    Rappelons brièvement les principes essentiels
de la doctrine bouddhique, car ils restent encore
articles de foi dans de nombreuses familles de
tous les milieux sociaux. Le monde est illusoire,
il est une création fantasmagorique. La vie,
résultat de notre attachement à ce monde irréel,
ne peut être qu’une suite de douloureuses déceptions. Naissance, maladie, vieillesse et mort, tout
n’est que douleur. Seuls l’abstention du mal et
les actes pieux permettent aux individus, au
cours de leurs renaissances successives, de s’élever dans la hiérarchie des êtres et les préparent
ainsi à la délivrance définitive.
    Pour échapper finalement au cycle douloureux des renaissances, il faut une révélation
mystique de la vacuité du monde. Les exercices
religieux (lecture de textes sacrés, abstinence de
viande, hommages rendus aux Bouddhas…) et
les œuvres pieuses (dons en faveur des moines
et des communautés, contributions aux fêtes,
aux constructions de sanctuaires…) diminuent le
stock des péchés et accroissent celui des mérites.
Un laïc pieux renaîtra homme dans sa prochaine
existence, un mécréant sera chien, porc, démon,
être infernal. Une foi intense ou encore la récitation de formules magiques peuvent sauver unfidèle au moment des plus grands périls. Enfin,
il est possible d’intercéder en faveur des morts,
et c’est pourquoi les moines bouddhistes jouent
un si grand rôle dans les cérémonies funèbres et
dans le culte des morts : même les laïcs non pratiquants

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