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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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faveur
impériale, certains personnages sans fonction
officielle, mais qui ont su s’attirer les bonnesgrâces du souverain, certaines familles de
concubines de haut rang sont intégrés à cette
noblesse de naissance et en constituent comme
le prolongement. Nobles par parenté avec l’empereur et personnes anoblies par faveur bénéficient de traitements parfois très élevés qui leur
sont versés par la cour ou de revenus de terres
qui leur ont été affectées en même temps que
leur titre par décision impériale. Ils jouissent en
outre, ainsi que les fonctionnaires des hauts
grades, de privilèges juridiques qui les soustraient à la justice commune et leur assurent,
dans les cas ordinaires, une immunité de fait.
Une anecdote du XI e siècle en fera voir l’étendue.
Elle met en scène un aventurier du nom de Fan
Wei qui se targue d’être proche parent d’un
grand personnage défunt et qui, pour donner
plus de corps à ses prétentions, fait enterrer sa
grand-mère dans la tombe de l’illustre défunt.
Pendant des dizaines d’années, il échappe à
toutes les corvées imposées aux gens du commun et accumule délit sur délit. Condamné à la
servitude sur les frontières, il achète son acquittement. A la capitale, on s’indigne, mais l’on se
tient coi. Un fonctionnaire de la haute cour de
justice examine pourtant son dossier et il est sur
le point de terminer son rapport lorsqu’il reçoit
un ordre de déplacement : Fan Wei a le bras
long. Ce n’est que la cour des censeurs, mieux
protégée sans doute contre les pressions occulteset contre la corruption, qui put finalement venir
à bout du coupable 14 .
    Quelle est l’influence de la noblesse de haut
rang à la cour ? Impératrices, concubines préférées de l’empereur, princesses, princes, favoris,
même lorsqu’ils n’ont pas directement accès à
la gestion des affaires publiques, sont en
mesure d’agir sur les décisions impériales. Pour
être secrète, leur action n’en est pas moins efficace. La cour constitue un milieu éminemment
favorable au développement des intrigues et
des complots. L’ambition et les intérêts privés
des membres de la famille impériale et des collatéraux de l’empereur tantôt se heurtent aux
intérêts de la haute administration, tantôt, au
contraire, se trouvent en accord avec la politique
de certains clans de fonctionnaires. Avec quelques
correctifs qui tiennent aux formes rituelles de la
conduite et à la présence d’un corps de fonctionnaires qui incarnent les intérêts supérieurs de
l’empire, c’est une atmosphère de cour orientale
qui règne au palais impérial de Hangzhou.
    A cette influence politique s’ajoute la puissance que procure la richesse, car les proches
parents de l’empereur disposent tous de très
hauts revenus. Ainsi, les princes, dont la plupart
au XIII e siècle ont leurs résidences dans la partie
nord de Hangzhou, mènent un train de vie extrêmement fastueux. En outre, ces milieux nobles,
et plus particulièrement les femmes et leseunuques du palais, manifestent une passion
effrénée du gain. Elle est de tradition, et l’on en
trouverait bien des preuves au cours de l’histoire. On l’a vu, les impératrices et les riches
eunuques sont propriétaires d’une partie des
entrepôts du nord-est de Hangzhou qui sont
loués aux marchands de passage et aux commerçants de la ville. Sans doute ces grands personnages possèdent-ils encore à Hangzhou et en
dehors de la ville bien d’autres sources de revenus. Par l’importance des richesses qu’elle détient
et par le luxe dont elle s’entoure, la noblesse
d’empire a sur l’économie chinoise, et en particulier sur celle de la ville de Hangzhou, une
influence incontestable.
    Reste le plus haut personnage de l’empire. Il
est double dans sa nature : premier en noblesse,
il est en même temps à la tête de la hiérarchie
administrative. C’est en lui que se résument les
aspirations contradictoires de ses proches et des
fonctionnaires lettrés. Tiraillé entre ces deux éléments de la haute société, l’empereur apparaît
parfois comme l’arbitre, mais plus souvent
encore comme le jouet des oppositions et des
rivalités qui se manifestent au sein des hautes
classes ; c’est la lutte de clans rivaux qui détermine en fin de compte la politique de ce personnage tout-puissant. Dans la diversité de ses
fonctions, on reconnaît la dualité de sa nature.
Chef de la noblesse, c’est lui qui fixe les

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