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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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protégés
par des armures de cuir et de métal, exercés au
tir à l’arc et à l’arbalète, entraînés à l’escrime, à
la lutte et à la boxe. Des catapultes de toutes
tailles et de seize sortes différentes, maniées parplusieurs dizaines ou plusieurs centaines de soldats, servaient à lancer des blocs de pierre, du
métal fondu, des boulets empoisonnés et des
bombes. Bien que le canon n’ait pas encore fait
son apparition, les armes à feu sont de plus en
plus employées à cette époque. Ainsi, dès 1130,
les jonques de guerre sont armées de catapultes
qui lancent des bombes explosives 13 . Si l’histoire militaire de la Chine est encore mal
connue, cela tient au silence et au laconisme des
textes et au fait que presque toutes nos informations proviennent de ce milieu particulier que
constituent les fonctionnaires civils.
    Le peu d’attention que les historiens lettrés
ont accordé aux questions militaires pourrait
induire en erreur. Contrairement à une opinion
trop répandue, l’histoire militaire de la Chine est
l’une des plus mouvementées et des plus sanglantes de l’histoire humaine. Un mot suffit à
l’historien pour résumer les événements les plus
effroyables. De même que le terme d’inondation
note un cataclysme où périssent des dizaines de
milliers d’individus et qui est suivi de terribles
famines, de même une formule banale telle
qu’« une ville fut prise » cache des horreurs sans
nombre et des actes d’héroïsme inouïs. Toutes les
guerres, civiles ou étrangères, s’accompagnent de
massacres et de cruautés épouvantables. Toutes
se déroulent selon un schéma identique : c’est la
mise à feu et à sang des campagnes et de longssièges autour des villes murées. Echelles et
machines montées sur roues, chemins surélevés
permettent aux assiégeants, tenant à la bouche
une baguette qui les oblige à garder le silence,
de se hisser au niveau des remparts. Des flèches
incendiaires mettent le feu à l’intérieur des
villes, des pièces d’artifice qui brûlent tout sur
une centaine de mètres carrés sont jetées sur les
assaillants. En général, on ne vient à bout des
villes, souvent presque imprenables, que par la
patience et par la ruse : promesses d’immunité
ou menaces de destruction totale en cas de victoire, proclamations faites au pied des remparts
et tracts lancés par flèches afin d’abattre le
moral des assiégés, déguisements qui font croire
à l’adversaire que l’un des siens s’est rendu,
espions qui permettent d’exploiter les dissensions qui naissent chez l’ennemi.
    Malgré la fréquence des guerres au cours de
la dynastie des Song, malgré l’occupation du
Sichuan par les Mongols au milieu du XIII e siècle
et les incursions de ces Barbares jusqu’aux villes
du moyen Yangzi, les questions militaires restent
en dehors des préoccupations essentielles des
fonctionnaires lettrés. Dans un empire aussi
étendu, les incursions ne font jamais que des
destructions limitées, et les horreurs de la guerre
n’atteignent le plus souvent que les gens du
peuple, dans les campagnes et dans les villes.
Jusqu’à la débâcle finale des années 1275-1279,les militaires, maintenus dans leur statut inférieur, resteront étroitement subordonnés aux
cadres civils. S’ils font partie de l’administration
impériale, en revanche ils sont, dans leur
ensemble, en marge des hautes classes.
     
    3. La noblesse d’empire et l’empereur
    Ces hautes classes sont en effet principalement
composées des familles lettrées qui fournissent à
l’Etat ses fonctionnaires civils. Beaucoup plus
nombreuses à l’époque des Song que sous les
dynasties précédentes, elles doivent être plusieurs dizaines de milliers au XIII e siècle. La plupart sont établies dans les provinces du Sud-Est.
Beaucoup sont riches et possèdent de grosses
fortunes terriennes. Elles ont une grande influence
locale et, par l’intermédiaire de ceux de leurs
membres qui ont accédé à la fonction publique,
elles orientent toute la politique de l’empire. En
dehors de ces familles, il faut compter au
nombre des hautes classes toute la parenté
directe et indirecte de l’empereur. Seuls ces gens
constituent une sorte de « noblesse » dont la hiérarchie est fixée par l’empereur et n’est d’ailleurs
pas immuable.
    D’autre part, certains fonctionnaires civils ou
militaires, anoblis en raison de leurs mérites
exceptionnels ou par le seul fait de la

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