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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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rangs,les titres, les émoluments de ses proches et des
personnes qu’il choisit d’anoblir. Chef d’Etat, il
nomme et déplace les fonctionnaires, décide par
décrets de la politique générale de l’empire. Ses
actes rituels intéressent les uns sa famille, ses
ancêtres, sa dynastie, les autres l’empire dans
son ensemble. Mais ils témoignent tous d’une
ambiguïté fondamentale : on ne saurait dire le
plus souvent s’il agit en tant que personne privée
ou publique. La notion archaïque d’une responsabilité religieuse du souverain qui subsiste dans
tout le rituel impérial implique une pareille
confusion. Ainsi, au moment des grandes calamités, il est d’usage que l’empereur fasse acte
de contrition et, par exemple, à la suite de l’incendie qui détruisit en 1201 plus de cinquante
mille maisons à Hangzhou, l’empereur, fidèle
aux rites les plus anciens, se confina dans ses
appartements, réduisit le luxe de sa table et fit
paraître un édit dans lequel il s’accusait d’avoir
manqué de vertu 15 .
    En fait, tout ce qui émane du souverain est
empreint d’un caractère plus ou moins sacré ; le
plan de l’action politique et celui de l’action
religieuse ne se distinguent jamais nettement.
Dans son essence, le rôle de l’empereur est de
fixer les rangs et les noms, les temps et les
espaces. En ce sens, l’octroi d’un titre de fonction qui réalise la mutation ou la nomination
d’un fonctionnaire n’a pas plus de signification« politique » que l’octroi d’un nom officiel à tel
ancien Sage divinisé, à telle montagne sainte.
Aussi bien, les actes les plus religieux en apparence ne laissent pas d’avoir d’importantes
implications politiques : la promulgation d’une
amnistie, le changement du nom de l’ère dynastique, l’inauguration rituelle des saisons, l’institution du calendrier, les sacrifices divers accomplis
par le souverain, voilà autant de preuves de la
souveraineté impériale, autant de moyens de
gouvernement. En un mot, l’empereur, qui est
tout à la fois patron des lettrés et chef dynastique, règne par la puissance des rites et de
l’écrit, et par la vertu de ses sceaux.
     

LES MARCHANDS
     
    La vocation commerciale de la Chine s’affirme dès les XI e et XII e siècles. Mais pour les
temps à venir, le génie commercial restera une
des qualités maîtresses des Chinois. En fait, à
l’origine de cette vocation si peu en accord avec
l’éthique traditionnelle de la Chine, on découvre
un ensemble de circonstances plus ou moins fortuites. C’est tout d’abord, à la suite de la pression des Barbares du Nord puis de l’invasion des
provinces septentrionales, le développement
économique de la Chine du Sud, beaucoup
mieux douée pour les trafics commerciaux quecelle du Nord, grâce à la grande artère du
Yangzi (rappelons que le fleuve Jaune, trop
rapide, n’était guère propice à la navigation),
grâce aux canaux construits jadis dans les
plaines du bas Yangzi pour l’approvisionnement
des capitales et des provinces du Nord, grâce
enfin aux côtes du Sud-Est et du Sud qui, sur
près de trois mille kilomètres, se prêtent admirablement au cabotage et au grand commerce
maritime. C’est aussi, dans cette Chine du Sud,
la préexistence de courants commerciaux
qu’avaient suscités les marchands arabes et persans, à Canton puis à Quanzhou (Zayton) ainsi
que sur le cours du Yangzi et sur les routes de
l’intérieur.
    La géographie et l’histoire ne furent pas
seules en cause : au moins dès la première moitié
du XI e siècle, la boussole, utilisée depuis longtemps par les géomanciens, est employée pour
les voyages maritimes par temps couvert. Des
cartes du ciel et des cartes marines sont éditées,
et la technique de la construction des navires de
haute mer fait des progrès décisifs. Enfin, dans
le domaine des institutions, l’usage des effets de
commerce et la diffusion des assignats devaient
contribuer pour beaucoup à l’extraordinaire épanouissement commercial que connut la Chine du XI e au XIII e siècle. Qui sait ? Par ses lointains
contrecoups, cet avènement du grand commerce
en Extrême-Orient est peut-être à l’origine duréveil économique qui se fait si vivement sentir
plus tard dans les pays d’Europe.
    Mais notons tout de suite une des particularités les plus importantes de l’économie chinoise à
ce moment : elle est presque entièrement sous le
contrôle direct des pouvoirs publics pour

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