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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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domaines
qu’ils possèdent au nord de Hangzhou. Les fermages des propriétaires privés et ceux des
domaines publics, les taxes commerciales qui
pèsent sur les produits de consommation courante, les achats obligatoires de sel que l’Etatimpose dans certaines régions, toutes les formes
enfin de fiscalité directe et indirecte sont la
cause d’un appauvrissement général des campagnes. Les villages se dépeuplent sans doute au
profit de la ville.
    Cependant, les milieux ruraux sont assez
divers du point de vue social, et les niveaux de
vie doivent être assez différents entre moyens et
petits propriétaires, gérants de domaines privés,
intendants de domaines d’Etat, fermiers et
ouvriers agricoles. D’autre part, si la rizière prédomine dans les plaines du bas Yangzi, les
cultures et les exploitations sont plus variées en
bordure de cette grande zone rizicole.
    Dans les régions montagneuses du sud de la
province du Zhejiang, c’est la pêche, la chasse,
les exploitations forestières, la culture du thé ;
dans les régions marécageuses des bords de mer,
l’exploitation des bambous, l’extraction du sel,
la pêche sur les côtes de l’estuaire du Zhejiang.
Et il va sans dire que le type même des ruraux
varie selon le type d’exploitation : villages des
plaines rizicoles et villages de pêcheurs n’ont
pas la même physionomie. Enfin, une partie de
la population des campagnes est sous le contrôle
et dans la dépendance directe de l’Etat : celle qui
travaille dans les entreprises publiques, mines ou
marais salants.
    Ces gens vivent une existence des plus misérables et touchent un salaire de misère. Au XI e siècle, aux étangs salins du sud de la province du Shanxi, l’Etat fournissait 3 kilos de blé
par jour et une somme de 40 000 sapèques par
année aux familles exploitantes 67 . Plus tard, sur
les marais salants de la vallée de la Huai, l’administration de la gabelle achetait à vil prix le sel
produit par les ouvriers d’Etat et fixait en même
temps la production obligatoire chaque année.
Dans ces marais de la Huai, près de 280 000
familles, soit environ un million d’individus,
vivaient dans un état de demi-servitude 68 . Endettés
par les emprunts qu’ils contractaient auprès des
fonctionnaires de l’administration du sel, réduits
à la misère par des réquisitions abusives et des
retards dans les paiements, les gens des salines
ne trouvaient d’issue que dans la fuite ou l’enrôlement dans les armées. Leur situation ne devait
pas être différente au XIII e siècle sur les chantiers
publics du Zhejiang et du Jiangsu.
    Les petits propriétaires, les fermiers, les
ouvriers agricoles des grandes régions de riziculture n’ont pas un sort beaucoup plus enviable.
Les bonnes récoltes suffisent à peine aux besoins
indispensables. Avec les mauvaises années, c’est
l’endettement et bien souvent la famine. La mise
en location ou la vente des terres, celles des
enfants comme domestiques, le départ du village, le brigandage, le suicide, telles sont les
extrémités où réduit un surcroît de misère. Les
taux d’intérêt des prêts sont très élevés : 20 %par mois pour les emprunts de sapèques, 50 %
pour les céréales au moment de la récolte. Les
contrats d’emprunt et de location devaient être
assez comparables à ceux qui ont été retrouvés
en Asie centrale, près de Dunhuang, et qui datent
des IX e et X e siècles. En voici un exemple qui
porte sur un emprunt de tissu (les tissus servant
alors de monnaie dans cette région) :
    « Le premier jour de la troisième lune de l’année marquée par les signes cycliques jiazi, Fan
Huaitong et ses frères dont la famille avait
besoin d’un peu de tissu ont été emprunter au
moine Li une pièce de soie blanche longue de
38 pieds (11,4 mètres) et large de deux pieds et
un demi-pouce (61,5 cm). A l’automne, ils verseront comme intérêts 40 boisseaux (240 litres)
de blé et de millet. Quant au capital, ils le rembourseront (sous la forme d’une pièce de soie de
même qualité et de mêmes dimensions) avant la
fin de la deuxième lune de l’année prochaine.
S’ils ne le remboursent pas, les intérêts seront
égaux chaque mois à ceux qui ont été décidés au
moment du prêt (à savoir 240 litres de céréales).
Les deux parties en présence ayant convenu de
cet emprunt ne devront pas agir contrairement à
leurs conventions. Les emprunteurs : Wenda,
Huaida, Huaizhu et leur frère

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