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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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à
très long manche que les paysans lèvent à deux
mains au-dessus de leur tête et laissent retomber
brusquement. Des outils de faible poids suffisentà retourner la terre meuble des rizières. La
charrue, légère, est tirée par des hommes ou par
un buffle. Mais les animaux sont rares, et le
buffle est souvent loué ou possédé en commun
par plusieurs familles. Pendant les gros travaux, entre les mois de juin et de septembre,
les paysans sont aux champs depuis le lever du
soleil jusqu’à la tombée de la nuit. Le repas de
midi leur est apporté par les femmes et les
enfants. Au Sichuan, les travaux en commun
dans les rizières étaient réglés par une clepsydre. On battait le tambour pour rassembler les
travailleurs, rythmer leurs gestes, les exciter à la
tâche et les empêcher de bavarder. On entendait
le son de cet instrument du matin au soir dans
les campagnes 73 .
    La seule saison creuse est l’hiver. Les
hommes s’occupent à des travaux de vannerie,
les femmes de tissage. Elles veillent tard et se
réunissent parfois à plusieurs pour économiser
l’huile des lampes. L’élevage des vers à soie et
le tissage sont des tâches délicates et absorbantes. Quant aux enfants, ils sont employés tout
au long de l’année à garder les buffles, à nourrir
les animaux de la basse-cour (porcs, poules,
chiens comestibles parfois), à ramasser le bois
de chauffage toujours rare et à puiser l’eau.
Cependant, dans certains villages, il existe pour
eux des écoles d’hiver où ils apprennent quelques
rudiments d’écriture et de calcul.
    La vie paysanne, le plus souvent laborieuse et
monotone, connaît aussi des moments de détente
et de liesse. Ce sont les fêtes annuelles et principalement celles du Nouvel An, vers la fin de
janvier ou le début de février, et celles des sacrifices au dieu du sol villageois. Sa grande fête a
lieu à la fin août ou dans le courant de septembre. Elle est fixée au cinquième jour marqué
du signe cyclique wu qui suit l’« établissement
de l’automne », date du calendrier solaire qui
correspond approximativement au 7 août. Jeux,
théâtre, clowneries et jongleries exécutées parfois par des troupes ambulantes qui sont louées
pour ces grandes occasions réunissent les habitants du village près d’un sanctuaire local. On
tue des porcs et des poulets, on mange du riz de
qualité supérieure et l’on boit jusqu’à l’ivresse.
Les plus pauvres empruntent afin de pouvoir
célébrer dignement ces moments exceptionnels
de l’année, dont dépendent la chance et le bonheur de chacun.
     
    Les rapports entre l’administration et les populations rurales sont rares. Partout, le sous-préfet
demeure dans une ville fortifiée où se trouvent
sa résidence, les bureaux administratifs, la salle
d’audience et la prison. C’est un personnage
lointain qu’on ne voit guère et qui est auréolé
du prestige le plus éclatant. D’ailleurs l’Etat
n’intervient pas dans la vie des communautéspaysannes, ou plutôt il y intervient uniquement
pour imposer les mesures qui lui sont indispensables : pour la collecte des impôts, pour les corvées exigées au moment des grands travaux qui
réunissent quelquefois des centaines de milliers
d’hommes, pour la lutte contre les mouvements
subversifs. Les villages et les familles sont tenus
pour collectivement responsables – et organisés
parfois en groupes de familles à responsabilité
collective – et, lorsqu’une rébellion éclate
quelque part, la répression est terrible.
    C’est qu’en effet, le principe de toute l’administration chinoise est qu’avant tout la paix doit
régner. Il ne faut pas susciter d’affaires : un sous-préfet sous l’administration duquel des troubles
se sont produits est un mauvais administrateur
et, quelle que soit l’origine de ces troubles, il est
mal noté. Ses supérieurs immédiats risquent fort
eux aussi d’être retardés dans leur avancement.
D’autre part, les administrés hésitent beaucoup
à s’adresser aux pouvoirs publics pour régler
leurs différends, et ce n’est qu’à défaut de toute
autre solution (compromis ou arbitrage) qu’ils se
présentent à la cour de justice tenue par le sous-préfet. L’accusé est aussitôt jeté en prison :
même l’innocent accusé à tort est coupable
puisque son cas vient troubler la paix de la
région et la tranquillité du juge. D’ailleurs, si
l’on a pensé à l’accuser, c’est que son innocence
n’était

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