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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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est
alors de mode de collectionner. Ces roches rongées par l’eau et par le vent sont comme des
montagnes en réduction. On peut y voir parfois
la reproduction de sites célèbres qui passent
pour être le séjour des Immortels taoïstes.
Plantées peut-être déjà dès cette époque d’arbres
nains, percées de petites grottes où l’on peut fairebrûler des parfums dont les volutes simulent des
nuages, montrant çà et là de petits lacs, ces
roches curieuses permettent des sortes de randonnées extatiques : rapetissé, comme il arrive
parfois aux Immortels, aux dimensions des petits
sentiers et des raidillons qui serpentent sur ces
montagnes en miniature, l’amateur de roches s’y
promène en pensée librement 11 . C’est là une
forme du sentiment esthétique chinois, issu
d’une vieille conception magique de la représentation, qu’on retrouve d’ailleurs dans la peinture
de paysage et qui rend compte également de
l’art de l’aménagement des jardins : il arrive que
les jardins reproduisent le site de montagnes
célèbres. Le promeneur s’y fortifie au contact
des pierres étranges, des vieux arbres et des
plantes rares. Il recrée en lui le sens de la spontanéité naturelle en contemplant les allées et
venues capricieuses des poissons.
    Ce que rapporte Marco Polo du palais impérial mérite d’être cité intégralement, car on y
trouve nombre de détails pleins d’intérêt sur
cette résidence impériale qui formait en fait à
elle seule une petite ville murée. Le témoignage
de Marco Polo est d’autant plus précieux que les
sources chinoises ne sont pas claires. Il tient ses
informations d’un vieux marchand chinois.
« Tout ce récit, dit-il, m’a été fourni par un riche
marchand de Quinsay (Hangzhou) alors que je
me trouvais dans cette ville. C’était un hommetrès âgé, qui avait été au service de la personne
du roi Fanfur (c’est-à-dire d’un des derniers
empereurs de la dynastie des Song du Sud) et
connaissait tous les détails de sa vie ; ayant vu le
palais dans son état primitif, il avait plaisir à m’y
conduire. Comme il est habité aujourd’hui par le
vice-roi que le Grand Khan a nommé, les
pavillons antérieurs ont été conservés en bon
état, comme ils étaient autrefois, mais les appartements des jeunes dames sont tous tombés en
ruine et ne montrent plus que des vestiges. De
même aussi la muraille qui entourait bocages et
jardins est allée à terre, et l’on ne voit plus là ni
arbres ni animaux. » Mais reprenons ce récit par
son début : « Maintenant nous allons parler d’un
magnifique palais qui servait de résidence au roi
Fanfur ; ses prédécesseurs avaient fait clore de
murs très hauts, sur dix milles de circonférence,
une vaste étendue de terrain qui fut alors divisée
en trois parties. On pénétrait dans la partie
médiane par une porte grandissime, puis sur les
deux côtés (est et ouest) on voyait s’élever, au-dessus d’une terrasse de plain-pied, de vastes et
très hauts pavillons avec une toiture soutenue
sur des colonnes peintes et décorées finement
d’or et d’azur. Vis-à-vis de la grande porte, on
voyait le pavillon principal, plus grand que tous
les autres, vernissé dans le même style, avec des
colonnes dorées et un plafond splendidement
décoré d’ornements en or, tandis que les mursintérieurs étaient peints artistiquement de scènes
relatives aux anciens rois.
    « Là, tous les ans, à de certains jours consacrés à ses idoles, le roi Fanfur avait l’habitude de
tenir sa cour et de donner un festin aux principaux ministres, hauts dignitaires et riches commerçants de la ville de Quinsay. Et les pavillons
précités suffisaient largement pour recevoir en
même temps dix mille personnes assises à table ;
cette cour durait dix ou douze jours et fournissait
un spectacle surprenant, incroyable par la
magnificence que déployaient les invités, tous
vêtus en soie et or, couverts à profusion de
pierres précieuses, et cherchant à déployer la
pompe la plus grande, la plus riche qui leur fût
possible. A l’arrière de ce pavillon que nous
avons dit se trouver dans l’axe de la grande
porte, il y avait un mur, percé d’une porte et qui
fermait l’accès à la partie intérieure du palais.
En y pénétrant, on se trouvait dans une autre
grande cour, comme celle d’un cloître, entourée
d’une colonnade soutenant un portique, sur
laquelle s’ouvraient divers appartements pour le
roi et la reine,

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