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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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très commerçantes. Les ruelles aveugles qui subsistent
encore dans le Pékin d’aujourd’hui donnent
sans doute une idée assez juste du spectacle que
devaient présenter les grandes villes du Nord, à
l’époque des Tang, dans leurs parties habitées.
Mais ces murs sans autre ouverture que les
portes se retrouvent dans certains quartiers du
Hangzhou au XIII e siècle : ils cachent aux
regards les édifices et les temples officiels, lespalais, les monastères ou les résidences des
grands personnages, des hauts fonctionnaires ou
des riches marchands.
    Là, de hauts édifices sans étage dont les toits
sont prolongés plus bas par des auvents, des
maisons d’habitation, des cours entourées de
galeries couvertes, des pavillons à étage et des
kiosques sont disposés au milieu de parcs et de
jardins d’agrément. La résidence principale des
riches demeures comporte un ensemble de bâtiments disposés à angle droit ou parallèles les uns
aux autres, et séparés par une succession de
cours plus ou moins nombreuses. Ces constructions reposent sur une base légèrement surélevée
par rapport au niveau des cours, et on accède à
la salle principale par un escalier de quelques
marches situé dans l’axe des bâtiments. La
porte de la cour donnant sur l’extérieur est une
construction carrée, surélevée elle aussi et surmontée d’un toit. Elle sert d’abri pour les gardiens. Les règlements somptuaires exigent que
les portes des simples particuliers n’aient pas
plus d’un entrecolonnement de largeur 7 . Seuls
les grands personnages de l’empire peuvent
avoir dans leurs demeures des portes à plusieurs
passages ainsi qu’on en voit au palais impérial.
Sur le devant des portes se trouve un écran
formé par un mur de deux mètres de haut qui
cache l’entrée et qui est censé arrêter les mauvaises influences. Notons, au passage, une autreprotection contre les maléfices et les démons : ce
sont les dieux de la porte dont les images peintes
placées de chaque côté interdisent l’entrée des
habitations aux mauvais génies. Ces dieux sont
deux chefs de garde, deux personnages historiques divinisés, qui, selon la légende, veillèrent
tout armés à la porte des appartements du premier empereur des Tang et mirent ainsi fin à ses
cauchemars.
    Dans les plus belles demeures, la superposition des toitures et des auvents relevés,
l’étendue des galeries couvertes donnent son
harmonie à l’ensemble, mais chaque bâtiment
isolé a été construit en fonction du paysage.
Chaque pavillon a son affectation particulière :
l’un a été bâti pour qu’on pût y admirer le clair
de lune, tel autre pour les séances musicales, tel
autre pour les banquets, tel autre encore, orné
intérieurement de peintures représentant des paysages de neige et construit à l’ombre des pins et
des bambous, afin qu’on y fût au frais au
moment des grandes chaleurs. Certains kiosques
sont bâtis sur pilotis au-dessus d’une pièce d’eau,
et on les gagne en barque ou par un petit pont de
bois. De riches personnages passent pour avoir
consacré des fortunes à la construction et à
l’aménagement de leur résidence. Les bois rares,
importés des pays tropicaux, bois d’aloès et de
santal, servent parfois pour les piliers et la charpente. Le sol est souvent recouvert de briquesémaillées, mais l’on cite également le cas d’un
richard chez lequel les parquets étaient couverts
d’incrustations de fleurs en argent 8 .
    Jardins et pièces d’eau importent tout autant
que l’habitation proprement dite. C’est l’ensemble
qui vaut par ses harmonieuses dispositions. Un
poète de l’époque des Tang recommandait pour
une résidence bien conçue de réserver un sixième
de la surface totale à l’habitation, la moitié aux
pièces d’eau et un tiers aux plantations de bambou 9 . Toute cette nature est arrangée de main
d’homme : petites collines artificielles, ruisseaux
aux parcours sinueux, coupés de cascades, pièces
d’eau où nagent des poissons aux reflets d’or ou
d’argent, qu’on vend en ville sous le nom de
« poissons vivants » et qui sont élevés en grand
en dehors d’une des portes du nord-ouest 10 . Tout
cela est disposé dans un désordre gracieux pour
le plaisir de la promenade.
    Il n’y a pas de belle demeure sans fleurs rares,
sans pins au tronc noueux et aux branches de
formes tourmentées. Il n’y a pas non plus de
beaux jardins sans ces pierres étranges qu’il

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