La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
tous également décorés de façon
artistique, de même que leurs plafonds. Au-delà
du cloître, on pénétrait sous une véranda couverte, large de six pas, mais d’une longueur telle
qu’elle allait jusqu’à la rive du lac. De part et
d’autre de cette véranda se faisaient face dix
cours d’un côté, et dix de l’autre, ayant toutes laforme d’un cloître rectangulaire à colonnade
intérieure ; dans chaque cloître ou cour, on comptait cinquante appartements et autant de jardins.
Tous ces locaux étaient occupés par un millier de
jeunes dames au service du roi. Ce dernier allait
quelquefois avec la reine et certaines de ces
demoiselles chercher un divertissement sur le lac,
dans des barques recouvertes d’un dais en soie, et
visiter les temples des idoles.
« Les deux autres parties à l’intérieur de l’enceinte murée étaient divisées en bocages, pièces
d’eau, jardins charmants plantés d’arbres fruitiers, parcs pour animaux de toutes sortes tels
que chevreuils, cerfs, daims, lièvres et lapins. Là
le roi allait s’amuser en la compagnie de ses
demoiselles, les unes en voiture, les autres à cheval, aucun homme n’étant admis. Quelquefois il
les faisait courir avec les chiens et donner la
chasse à ces animaux susmentionnés. Quand
elles étaient fatiguées de la course, elles se retiraient dans les bosquets à côté des pièces d’eau
et, laissant là leurs vêtements, sortaient nues et
se jetaient à l’eau, nageant qui d’un côté, qui de
l’autre, tandis que le roi prenait le plus grand
plaisir à les regarder. Puis tous rentraient
ensemble au palais. D’autres fois, le roi se faisait
apporter à manger dans ces bocages où le
feuillage touffu des grands arbres procurait un
frais ombrage, et se laissait servir par ces jeunes
dames 12 ... »
Les sources chinoises ne nous disent rien de
ces scènes folâtres, qui ne sont peut-être pas purement imaginaires. Mais elles nous apprennent par
exemple que, devant le palais de la Source
fraîche, à l’intérieur de la ville impériale, se
dressait une colline artificielle couverte de vieux
pins et de hauts bambous au pied desquels on
était entièrement protégé contre les ardeurs du
soleil. Même pendant les mois de grosse chaleur
(juillet et août), on y goûtait une fraîcheur
agréable. Il y avait aussi un palais du Froid,
construit en pins du Japon, blancs comme
l’ivoire. Sur le devant s’élevaient plusieurs
dizaines de vieux pins. Une cascade artificielle
tombait dans un lac plein de nénuphars blancs et
rouges. Dans la vaste cour qui se trouvait au
pied du palais, jasmins, orchidées, fleurs rouges
de bananiers, fleurs de canneliers, fleurs d’arbres
rares et exotiques remplissaient des centaines de
vases. On les éventait avec une roue à vent, de
façon que leurs parfums pénétrassent à l’intérieur de la grande salle du palais. En outre, sur
les deux côtés de cette salle se trouvaient des
récipients en bronze remplis de neige et des
vases contenant des parfums rares, des fruits de
choix, du jus de canne à sucre et autres rafraîchissements destinés à l’empereur 13 .
L’aménagement intérieur est toujours simple,
élégant et discret. Le mobilier est composé depetites tables basses, rectangulaires, à pieds
droits et fins, de petits guéridons, de fauteuils
et de chaises basses à haut dossier, de tabourets
ronds aux pieds arrondis vers l’extérieur et aux
boiseries ajourées, de chaises légères aux pieds
croisés en X qui portent le nom de « sièges barbares ». La chaise n’est courante en Chine que
depuis deux ou trois siècles. Venue de l’Inde
par l’Asie centrale, elle n’était pas en usage à
l’époque des Tang, où l’on ne connaissait
encore que les fauteuils larges et à grand dossier dans lesquels on s’accroupissait les jambes
repliées. Les lits sont en bois plus ou moins
précieux, formés de planches jointes et supportés par un coffrage ajouré. Ils sont parfois fermés sur trois côtés par des cloisons basses
décorées de peintures. Le mobilier des maisons
riches est très souvent recouvert de laque noire,
et en particulier les lits. Cependant, un décret
impérial de 1029 réservait l’usage des lits
laqués en vermillon pour l’empereur seul. Pour
toute literie, on se sert de nattes de jonc, de
couvertures doublées de bourre de soie et d’un
oreiller en forme de parallélépipède dont la partie centrale est affaissée. Cet élément de la literie
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