La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
est communément en jonc tressé, mais les
beaux oreillers sont en bois laqué ou en faïence
peinte et décorée. Le dormeur, que cachent des
rideaux 14 , repose donc sur des surfaces plates
et dures, mais le lit et l’oreiller ont l’avantaged’être frais au moment des lourdes chaleurs de
l’été.
Le noir et le rouge dominent dans la décoration intérieure. Des rouleaux de peintures qui
représentent généralement des paysages ornent
parfois un mur entier. La mode est aussi aux
belles calligraphies, aux vases anciens retrouvés
parfois dans des fouilles ou copiés d’après des
vases authentiques – il y a à Hangzhou un commerce actif des antiquités –, ainsi qu’aux petits
animaux en terre cuite. Cet art, imité sans doute
des figurines ou animaux en poterie découverts
dans les tombes anciennes, est encore une
preuve du goût très répandu à l’époque pour les
objets anciens ou archaïques.
Les fleurs sont un des éléments décoratifs les
plus importants d’une belle maison. Cet art
savant de leur disposition a été hérité par le
Japon et reste encore vivace dans ce pays. Les
fleurs rares qui demandent des soins attentifs
sont tout particulièrement appréciées. C’est
ainsi que la mode du jasmin s’est répandue à
Hangzhou. Plante très délicate, elle est transportée en pots par mer depuis les provinces du
Fujian et du Guangdong. Un traitement compliqué et savant permet d’obtenir de très grosses
fleurs et de conserver la plante au-delà de l’été.
Entre autres prescriptions, il est recommandé
d’arroser la plante avec du jus de poisson fermenté le dix de la sixième lune. Mais la régionde Hangzhou produit aussi de très belles fleurs :
près de dix sortes de pivoines d’hiver et d’automne, plus de soixante-dix espèces de chrysanthèmes, de nombreuses espèces de daphnées,
des magnolias, des orchidées, sans compter les
fleurs d’arbres fruitiers de variétés extrêmement diverses, qu’il s’agisse de fleurs de pruniers, de poiriers, de pêchers, de grenadiers ou
de cerisiers 15 .
Les habitants de Hangzhou attachent plus de
prix à la décoration qu’au confort. Pendant les
grosses chaleurs, les gens du peuple quittent
leurs logis étouffants et vont se promener en
tenue légère dans la rue ou dans les jardins près
des remparts. Les riches se réfugient dans leurs
pavillons les plus frais et les mieux abrités du
soleil. Mais, en hiver, ils ne savent pas se chauffer, et les minces cloisons protègent mal du
froid. Les petits braseros transportables, garnis
de charbon, qu’on dispose au milieu des pièces
ne doivent pas être très efficaces. Quant aux
pauvres, il est probable qu’ils ne se chauffent
pas et comptent seulement sur leurs vêtements
chauds et leurs couvertures ouatées pour se protéger des grands froids. Le lit creux en briques,
le kang, qui communique avec le foyer, ne se
rencontre sans doute qu’en Chine du Nord.
Dans les riches demeures, on fait brûler souvent
des parfums et des encens, surtout au moment des
réceptions, afin de rendre l’atmosphère plusagréable 16 . Un autre produit, plus répandu en raison de la modicité de son prix, est vendu dans
les rues de Hangzhou sous le nom de « fumée à
moustiques ». C’est là sans doute un produit
fumigène très apprécié dans toutes les maisons
et très utile au moment où, vers le coucher du
soleil, les moustiques sont les plus agressifs.
Dans les maisons des riches familles et des
grands fonctionnaires, on peut voir des chats à
poils jaune et blanc qui sont appelés « chats-lions » et auxquels leurs propriétaires attachent
beaucoup de prix. Ils ne savent pas attraper les
rats et sont élevés seulement pour l’agrément.
Comme on l’a vu, l’amateur de chats d’appartement trouve sur les marchés de Hangzhou tout le
nécessaire pour leur élevage : « nids à chats » et
« poissons pour chats ». Mais on peut acheter
aussi en ville des chats ratiers à longs poils et
des chiens de garde auxquels il est d’usage de
couper la queue 17 .
LA TOILETTE
Rien n’est aussi variable que la fréquence des
bains en Chine suivant les régions. Mais, d’une
façon générale, on se lave plus dans le Sud que
dans le Nord, dans l’Est que dans l’Ouest. Les
gens du Sichuan, proches voisins des Tibétains
dont on connaît l’horreur de l’eau, se contententde s’essuyer le visage avec une serviette au
moment des grosses chaleurs et ils ne se lavent,
selon
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