La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
les
concubines, achetées dans les familles pauvres,ne sont pas toujours uniquement destinées à
pourvoir les grandes familles en descendance.
Le nombre des courtisanes, riches ou pauvres,
laisse à penser que la galanterie occupait une
très grande place dans la vie des Chinois de
Hangzhou au XIII e siècle. D’ailleurs, Marco Polo
n’a-t-il pas vu dans la licence qui régnait alors
en Chine une des principales causes de l’asservissement de ce grand pays ? « Mais sachez,
dit-il, que les gens de ce pays n’étaient point
guerriers, car ils plaçaient tout leur délice dans
les femmes, et particulièrement le roi plus que
tous autres, si bien qu’il n’avait souci que des
femmes et de faire du bien aux pauvres gens.
Dans toute sa province, il n’y avait aucun cheval 43 et son peuple n’était pas accoutumé aux batailles
et aux armes, ni à manœuvrer en troupes. Cette
province de Mangi (la Chine du Sud) est un lieu
très fort parce que toutes les cités sont entourées
d’eaux plus larges que la portée d’un trait d’arbalète, très profondes, et l’on n’y pénètre que
par des ponts. Si bien que si les gens eussent
été hommes d’armes, jamais ils ne l’eussent
perdue ; mais parce qu’ils ne l’étaient mie, ils la
perdirent 44 . »
L’extraordinaire développement de la luxure
à Hangzhou ne doit pas nous faire oublier que
la Chine, comme l’Inde, avait une longue tradition en matière de techniques sexuelles. Des
conceptions taoïstes en forment la base, et lebouddhisme magique, dit de Tantra, y a laissé
des traces. Les techniques chinoises constituent
une hygiène sanctifiante qui, par le moyen de
certaines disciplines, permet d’atteindre la
Longue Vie et mène sur le chemin de l’immortalité. La femme, en tant que détentrice de puissance féminine ( yin ) , fournit à l’homme des
éléments indispensables à sa réalisation. Aussi la
plupart des pratiques sexuelles ont-elles pour
objet de permettre à l’homme tout à la fois de
conserver intacts sa puissance et ses principes
masculins ( yang ) et de s’intégrer les pouvoirs
mystérieux de la femme 45 .
LA MALADIE
Les Chinois, par tradition et par aptitude, sont
des naturalistes. Leurs connaissances médicales
reposent sur une foule d’observations minutieuses et de recettes originales qui forment
aujourd’hui encore un héritage où la médecine
occidentale peut puiser avec profit et dont les
médecins chinois s’efforcent actuellement de
faire l’inventaire en l’intégrant à la science
moderne. Cependant, l’ensemble de ces observations et de ces recettes est rattaché, dans la médecine traditionnelle de l’époque des Song, aux
conceptions philosophiques alors en vigueur ; le
corps humain est conçu comme une reproductiondu cosmos, et l’état de santé n’est que la traduction d’une harmonie générale de vertus singularisées, la maladie le signe d’une rupture de cette
harmonie. Tout s’explique en fonction de correspondances qui ont valeur universelle, car elles
s’appliquent aussi bien au monde physique
qu’au corps humain. La théorie préexiste à l’observation, et l’observation, même lorsqu’elle est
originale et constitue une découverte, n’est
jamais exploitée pour elle-même, mais intégrée
à la théorie.
Les médecins de l’époque des Song comptent
cinq organes importants (cœur, foie, rate, poumons et reins) qui sont mis chacun en rapport
avec l’un des cinq éléments ou vertus élémentaires (eau, feu, bois, métal et terre) qui
ont pour caractéristique d’être produites ou
détruites l’une par l’autre selon un ordre déterminé. Les cinq organes essentiels communiquent avec les cinq ouvertures du corps : les
reins, par exemple, sont en relation avec les
oreilles et le foie avec les yeux. Le corps est
un réseau complexe de relations, et c’est pourquoi l’acuponcteur applique son aiguille à des
endroits du corps qui peuvent être assez éloignés de la partie ou de l’organe malade. La
santé est assurée par une bonne circulation des
« souffles » (chaud, froid, sec, humide et igné)
qui circulent à travers le corps et par un bon
équilibre entre le principe féminin ou principedu froid ( yin ) et le principe mâle ou principe du
chaud ( yang ).
La maladie peut avoir aussi son origine dans
un excès des sept sentiments (joie, colère, tristesse, peur, amour, haine et désir). Ces conceptions fournissent à la fois les moyens du
diagnostic et
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