La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
pas
de leur côté à recourir à la fois à différents traitements : les procédés de caractère magique sont
de ce nombre.
Selon les théories en vigueur, le paludisme,
pour prendre un exemple, peut être produit par
les esprits des morts, par le climat local, par une
mauvaise alimentation, par une rupture d’équilibre entre le principe froid et le principe chaud
ou par un manque d’harmonie entre les cinq vertus élémentaires à l’intérieur du corps, ou bien
encore par une divinité dénommée la Mère du
paludisme. Les médecins distinguent seize sortes
différentes de paludisme d’après les symptômes
externes, et ils recourent à une grande diversité
de traitements pour les combattre. Ce sont l’acuponcture, la cautérisation, les massages, l’arsenic à petites doses, des drogues à base de
plantes, des drogues à base d’insectes, enfin des
charmes et des amulettes dont certaines sont
avalées. L’instant où le malade prend sa drogue
importe beaucoup, quelle que soit d’ailleurs lamaladie. Le moment doit être choisi en fonction
de la position du soleil et en fonction de l’évolution des crises. Pris à contretemps, le remède
risque d’être pire que le mal 50 .
Une branche de la médecine chinoise qui
n’est pas mentionnée dans la liste des spécialités
prévues par l’enseignement officiel est constituée par la médecine légale. La justice chinoise,
en vertu de son inspiration particulière, était
amenée à faire grand cas des preuves matérielles
et, par suite, cette technique se développa en
Chine beaucoup plus tôt qu’en Occident. C’est
ainsi qu’on possède un traité de médecine
légale à l’usage des fonctionnaires de l’administration locale qui fut compilé vers le milieu du XIII e siècle à partir d’ouvrages plus anciens. Il
faudra attendre le début du XVII e pour qu’on voie
apparaître en Europe un ouvrage similaire, celui
de Roderic de Castro. Le traité chinois du XIII e siècle fournit un modèle de constat extrêmement détaillé pour toutes les parties des
cadavres. Il donne une liste des moyens propres
à identifier les différents types de morts possibles (strangulation, noyade, poison, coups,
etc.), et il enseigne les procédés qui permettent,
dans certains cas, de distinguer s’il y a eu
meurtre, suicide ou accident. Il enseigne également les secours à donner aux moribonds : pendus, noyés, personnes atteintes d’insolation ou
gelées, gens mourant d’inanition, et préconise,entre autres procédés, pour les noyés, la respiration artificielle 51 .
L’enseignement de la médecine est organisé
par l’Etat, et la liste des drogues dont l’usage est
officiellement consacré est établie par les soins
de médecins-fonctionnaires de la cour, membres
de l’Académie de médecine. Il existe donc une
sorte de codex officiel. Ce répertoire comptait
850 drogues, dont 656 étaient effectivement
employées à l’époque des Tang ( VII e - IX e ). Il fut
révisé à la fin du X e siècle, et la liste des préparations augmentée de 133 drogues. En fait, sur les
983 drogues énumérées, seules 789 étaient réellement en usage. Des traités sur l’emploi de ces
drogues étaient diffusés par les soins de l’administration. L’un d’eux, en cent chapitres, parut
au cours des années 990-994 et un autre, moins
important, au milieu du XI e siècle. Vers 1080, un
ordre impérial demanda aux médecins les plus
capables, où qu’ils fussent, de faire connaître
leurs préparations les plus efficaces. Ces drogues
furent éprouvées par l’Académie de médecine et
leurs modes de préparation largement diffusés 52 .
Ce dernier fait montre l’existence de deux
types de médecines parallèles, l’une privée et
l’autre officielle qui s’enrichit des traditions et
des découvertes de la première. L’enseignement
organisé par l’Etat est dispensé à l’Ecole de
médecine dont la création remonte à 1076.
Transférée à Hangzhou, cette école recevait vers1270, comme on l’a vu, entre 250 et 300 étudiants 53 . Elle est destinée à la formation de
médecins officiels qui soignent l’empereur, les
personnes de la cour et, d’une façon générale,
les gens de la haute société. Les gens du peuple,
au contraire, s’adressent à des médecins privés
qui exercent d’ordinaire leur métier de père en
fils. A leur avis, il n’y a de bons médecins que
ceux dont la famille est depuis longtemps adonnée à la
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