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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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augure pour la « cérémonie des coupes ».
Elle se rend à cette occasion chez les parents de
la fiancée, à moins que ceux-ci n’aient loué un
jardin ou un bateau sur le lac. C’est à ce moment
que les promis sont mis en présence l’un del’autre. Ils échangent des tasses d’alcool : le
fiancé en boit quatre et la fiancée deux en
réponse. Ce rite, dit-on, est destiné à « montrer
que le garçon est fort et la fille faible ». Si sa
future épouse lui convient, le fiancé pique deux
épingles de tête dans son chignon. Sinon, deux
pièces de satin aux couleurs vives sont envoyées
à la famille de la fiancée. A Kaifeng, un parent
décidait à la place du fiancé ; reçu chez les
parents de la demoiselle, il examinait en détail
son visage en se fiant à ses connaissances de
physiognomonie, et de cet examen dépendait le
sort des fiançailles 33 . A Hangzhou, si les choses
se sont bien passées, la famille du jeune homme
envoie des ornements de tête, des vases en or,
des jupes de brocart, de l’alcool et des friandises. La famille de la fiancée répond par l’envoi
de pièces de tissus, d’anneaux, d’une paire de
baguettes, de deux oignons et de deux vases où
nagent quatre poissons rouges. Ce rite est connu
sous le nom d’« envoi en retour des poissons et
des baguettes ». Les familles riches, dit-on, font
faire à cette occasion deux baguettes et deux
poissons en or. Chaque fête de l’année est le prétexte de nouveaux échanges de présents. Enfin,
peu de temps avant le mariage, les futurs beaux-parents envoient à la fiancée ce qu’on appelle
« les trois ors » : bracelet, chaînette de cheville et
pendentif en or. Mais il arrive que, chez les
petits commerçants de la ville, ces trois objetssoient en argent ou en métal doré. La veille du
mariage, dont le jour est fixé par un devin, la
famille de la fiancée procède à une petite exposition des objets de valeur qui figurent dans la
dot : bijoux, coffrets, vases de prix sont disposés dans une salle décorée de tentures. Le lendemain, la fiancée se rend en chaise à porteurs
chez les parents de son futur mari. C’est une
procession très brillante à laquelle il est
d’usage d’inviter des « chanteuses » en renom.
Devant la porte, on jette à terre des graines, des
haricots, des sapèques et des fruits que les
enfants se disputent. Cette coutume passe pour
écarter du seuil les mauvaises influences, au
moment où la future épouse va pénétrer chez
ses beaux-parents. Des « chanteuses » portant
des torches en forme de lotus et des bougies en
forme de fleurs précèdent la fiancée. L’une
d’elles, tenant un miroir et marchant à reculons, guide la future épouse. Celle-ci, soutenue
par deux demoiselles d’honneur, s’avance sur
un tapis ou sur des nattes de couleur verte : il
serait néfaste qu’elle mît le pied à même le sol.
Elle enjambe une selle de cheval et une
balance, objets dont la signification symbolique
reste obscure, puis se dirige vers une salle tendue de rideaux où elle se repose un instant.
Mariés et assistants sont ensuite réunis et
échangent un nombre de coupes d’alcool qui
est fixé par la coutume 34 .
    Voilà, de façon très résumée, les rites du
mariage en usage dans le beau monde, à Hangzhou. Il va sans dire que chacun s’efforce de les
imiter, mais que, selon la fortune et le rang des
familles, les cérémonies sont plus ou moins
nombreuses et leur luxe plus ou moins grand.
    L’alliance des familles que réalise le mariage
est beaucoup plus d’ordre « diplomatique » que
sentimental. En effet, aussitôt mariée, la nouvelle
épouse n’a plus guère de contacts avec les siens.
Ses noces ont eu pour effet de l’intégrer complètement à la famille de ses beaux-parents : elle
participe au culte des ancêtres de sa nouvelle
famille et doit témoigner sa piété filiale aux père
et mère de son mari. C’est dire qu’elle leur doit
une entière obéissance. Ce n’est qu’à de rares
intervalles qu’elle est autorisée à rendre visite à
ses parents et elle ne réintègre la famille où elle
est née qu’en cas de divorce ou de répudiation.
La belle-fille modèle reste chez ses beaux-parents et continue à les soigner même après la
mort prématurée de son époux ; elle met un point
d’honneur à repousser toutes les tentatives que
peuvent faire ses parents et ses frères pour la
remarier. Mais c’est là une exception digne des
plus grands

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