La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
pratique médicale. « D’un médecin chez
lequel on n’est pas médecin depuis trois générations, garde-toi d’absorber les drogues », dit un
dicton populaire. La plupart des médecins sont
spécialisés. Certains ne soignent que les maladies d’enfants dont les plus courantes sont les
vers intestinaux et les ballonnements de ventre.
D’autres sont seulement acuponcteurs, tel, à
Hangzhou, celui du pont de la Rue des Eaux,
quand on descend le canal. Chacun affiche à
l’extérieur de sa boutique des panneaux indiquant sa spécialité et où il vante parfois son art :
« Guérison rapide et assurée », lit-on sur un de
ces panneaux qui figure sur une peinture de la
ville de Kaifeng au début du XII e siècle 54 . Il faut
croire que la réclame avait du bon, car on peut
voir au musée de Shanghai une petite planche
d’impression en bronze qui date de l’époque des
Song et qui servait apparemment à imprimer la
réclame d’un acuponcteur. On y lit, en haut :
« Boutique d’acuponcture de maître Liu deJi’nan », et, au centre : « Vous la reconnaîtrez au
lapin blanc qui sert d’enseigne devant la porte. »
En dehors des boutiques de médecins, on trouve
à Hangzhou un grand nombre de pharmacies de
types différents : certaines vendent des plantes
médicinales non préparées, en gros, d’autres des
décoctions toutes faites et elles doivent être les
plus nombreuses, d’autres seulement des herbes
pour guérir les maux de ventre des enfants,
d’autres encore des plantes de la région de
Hangzhou exclusivement. Ces pharmacies ont
pour enseigne, de façon traditionnelle, des calebasses desséchées qui pendent au-dessus de leur
porte. En plus de ces pharmacies privées, il existait, on l’a vu, des dispensaires publics où les
drogues devaient être vendues, grâce à des subventions de la cour, à un tiers de leur prix courant. Mais, à cause de la gestion malhonnête des
fonctionnaires et des employés qui étaient affectés à ces établissements, ils ne devaient être
d’aucun secours pour les gens du peuple les plus
misérables à l’intention desquels ils avaient été
établis, et il n’est même pas sûr que l’institution
subsiste dans le Hangzhou de 1270. Enfin, dans
chaque préfecture, se trouvaient des hôpitaux et
des hospices publics gérés par l’Etat. Y étaient
recueillis et soignés gratuitement les pauvres, les
vieillards, les infirmes et les incurables.
LA MORT
A la mort d’un proche, chaque membre de la
famille entre dans un état de prostration qui est
réglé par la coutume selon son degré de parenté
avec le défunt. On s’habille de toile grossière et
l’on s’interdit toute réjouissance. Les cérémonies des funérailles visent à chasser toutes les
impuretés causées par la mort et, en même
temps, à exalter le défunt en le transformant en
ancêtre et, par là même, à rehausser le prestige
familial auquel le deuil a porté atteinte. Elles
comprennent un lavage et un habillement rituels
du cadavre, ainsi que des lamentations réglées.
Les femmes surtout sont expertes à crier et
à pleurer en se frappant la poitrine. Chaque
famille met son point d’honneur à bien faire les
choses et même à les faire le plus somptueusement possible. Aussi les funérailles sont-elles
toujours l’occasion de grosses dépenses et, parfois même, elle plongent dans la misère les
familles pauvres. Le cercueil, les objets nécessaires aux funérailles et, entre autres, les reproductions en papier de voitures, de chevaux, de
domestiques qui doivent être brûlées pour
accompagner le mort dans l’au-delà, la location
du personnel indispensable et surtout le lopin
de terre où l’on décidera d’enterrer le mort
après consultation d’un spécialiste de la géomancie, tout cela coûte fort cher, sans compterla réception des amis et relations qui viennent
faire leurs condoléances et les banquets qui leur
sont offerts et pour lesquels on peut faire appel à
des entreprises spécialisées.
Cependant, à Hangzhou, on ne recourt pas
très souvent à l’inhumation : les terrains sont
rares et hors de prix. Aussi la crémation du
corps, qui doit être moins coûteuse que l’enterrement, est-elle d’un usage très répandu, surtout
chez les gens du peuple et des classes moyennes.
Cette pratique, si contraire aux mœurs traditionnelles, s’est propagée en effet depuis la fin du X e siècle en diverses régions de la Chine (Hebei,
Shanxi et
Weitere Kostenlose Bücher