La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
alimentaires restent
ouvertes sur la grande avenue de la ville ; « les
soldats affectés à la police n’empêchent pas que
gens du peuple et fonctionnaires puissent se fournir en pâtes pendant la nuit 10 ». Aux abattoirs, ons’active même entre trois et cinq heures du matin,
afin que toutes les bêtes soient égorgées avant
l’aube, pour l’ouverture des marchés.
Enfin, au moment des grandes fêtes, qui
durent généralement trois jours et trois nuits, et
surtout lors de la fête des lampes, aux 14, 15 et
16 de la première lune, en février, toute la ville
reste illuminée pendant la nuit. Jeux et spectacles battent leur plein. Dans toutes les parties
de la ville, il y a des marchés de nuit qui sont en
même temps des lieux de spectacles et de
réjouissances. Le moine japonais Jôjun décrit
ainsi l’un de ces marchés en 1072 : sur la façade
de chaque boutique étaient suspendues par centaines des lampes dont le corps était de couleur
verte, rouge ou blanche. Des rideaux de jade
pendaient aux portes. Des femmes jouaient de la
flûte ou chantaient en s’accompagnant d’une
cithare. Il y avait des prestidigitateurs et des
acrobates, des danseurs et des musiciens. Des
marchands de thé ambulants offraient à boire
pour une sapèque 11 .
Pour les boutiquiers et les artisans, les seuls
jours de fermeture et de repos, en dehors de
ceux que provoquent des événements occasionnels, comme les deuils et les mariages, sont ceux
du Jour de l’An et du lendemain de ce jour, ainsi
que les jours de fête consacrés par chaque corporation à l’anniversaire de leur saint patron.
LES FÊTES
Nulle part au monde, sans doute, on n’a montré autant de goût, autant de passion pour les
fêtes. Nulle part au monde les fêtes, les cérémonies et les menus rites annuels n’ont mieux su
traduire la joie, les aspirations et les craintes de
tout un peuple. En même temps qu’elles donnent
au temps ses dimensions, sa densité, ses vertus,
les fêtes expriment une certaine entente de la vie.
Quel est l’esprit dont elles s’inspirent ? Maints
usages ont des significations symboliques que
nous ne chercherons pas ici à élucider : beaucoup restent obscures et, quand on les connaît,
les motifs avoués des rites diffèrent le plus souvent de leurs motifs profonds et réels. Cependant, pour l’essentiel, les fêtes annuelles visent à
chasser les souffles viciés, les pestilences, les
démons, elles visent à recréer un temps neuf et
vierge, à inaugurer une période heureuse, à susciter des influences bénéfiques. En même temps,
ce sont des spectacles où le goût du jeu se donne
libre cours, des périodes d’exaltation où l’on
oublie toutes les contraintes quotidiennes.
Fêtes populaires, communes à toute la population, fêtes et cérémonies officielles de la cour,
fêtes organisées par les communautés religieuses, taoïstes et bouddhiques, se trouvent intimement mêlées. C’est pourquoi elles seront
décrites ici dans leur ordre chronologique, sansdistinction d’aucune sorte, et cet exposé fera
apparaître bien des aspects de la vie religieuse
des Chinois – plus spécialement, des habitants
de Hangzhou. Cependant, comme le calendrier
chinois est luni-solaire et que le premier de l’an
peut correspondre à un jour compris, de façon
approximative, entre le 15 janvier et le 15 février,
comme, d’autre part, les fêtes dont la date est
déterminée par le calendrier solaire se trouvent
mêlées aux fêtes établies selon le calendrier
lunaire, on prendra ici pour modèle une année
commençant au 1 er février.
Les festivités les plus importantes de l’année
sont celles du Nouvel An. Dans tous les milieux
de la société, le mois qui les précède est consacré à leur préparation. S’il neige au cours de ce
mois, c’est un très heureux présage pour l’année
à venir, une promesse de récoltes abondantes.
Les riches organisent alors des banquets et
façonnent des lions de neige qu’ils offrent à
leurs parents et à leurs amis. Parfois, ils sortent à
cheval sur les bords du lac pour admirer le paysage sous la neige. Le 24 de la 12 e lune, riches et
pauvres préparent des plats de légumes et de
soja à l’intention du dieu du foyer. Cette divinité
domestique est censée se rendre au ciel au
moment du Nouvel An pour y faire son rapport
annuel sur la conduite des membres de chaque
famille. Aussi la traite-on avec beaucoup d’égardsdans les jours
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