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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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serait pour jouer une tragédie.
    » Monsieur de Bellièvre, vous préparerez une lettre que vous lui porterez. Vous y écrirez que je ne trouverais pas bon qu’il
     s’acheminât à Paris, ni même qu’il s’approchât de ma ville. Et que s’il le faisait, j’aurais sa venue si suspecte que je ne
     le souffrirais.
    — Je l’écrirai dès ce soir, sire.
    — Que ferons-nous ensuite, Épernon? demanda le roi.
    — Si Guise abandonne les ligueurs, ces bourgeois payeront cher leur audace, sire, gronda le Gascon.
    Le roi opina et s’adressa à Poulain :
    — Monsieur, ne retournez pas à Saint-Germain. J’aurai besoin de vous.
    Nicolas remarqua avec soulagement qu’il n’avait jamais prononcé son nom.

    Le lendemain, La Chapelle revint à Paris dans la soirée et envoya Le Clerc chez Nicolas Poulain pour qu’il vienne au conseil. Les Seize étaient tous là, pour la plupart très angoissés. Que savait le roi sur eux? Allait-il les faire arrêter? Beaucoup regrettaient déjà d’avoir cru dans les promesses du Lorrain. Ils auraient dû se souvenir qu’il ne les tenait jamais! se lamentaient-ils.
    Ce n’est qu’après l’arrivée du dernier membre que La Chapelle s’expliqua :
    — J’ai rencontré monseigneur et il m’a assuré qu’il ne nous abandonnait pas, même si l’affaire était découverte, annonça-t-il.
    — Mais nous? Qu’allons-nous devenir? demanda un colonel de quartier. Si le roi nous arrête demain, nous pourrions bien être tirés par quatre chevaux avant que le duc ne soit là!
    — Vous oubliez que nous sommes des milliers, des dizaines de milliers! intervint Le Clerc. Le roi ne peut rien faire contre nous! Souvenez-vous de l’heureuse journée de Saint-Séverin!
    La Chapelle leva une main pour calmer le brouhaha entre les plus nombreux qui voulaient se retirer et ceux qui souhaitaient
     l’affrontement avec les Suisses.
    — Rien n’a changé, mes amis. L’affaire est simplement repoussée de quelques jours. Voici ce que je sais : le roi quittera Paris demain avec le duc d’Épernon qui va prendre possession du gouvernement de Normandie. Le seigneur d’O les accompagne avec quatre compagnies d’hommes d’armes et vingt-deux enseignes de gens de pied. Le roi a annoncé qu’il irait ensuite à Vincennes, au monastère Hiéronymites de Notre-Dame, où il veut faire pénitencesept jours entiers. Il sera donc absent de Paris presque deux semaines et pendant ce temps, nous ne pourrons rien tenter contre
     lui, mais nous-mêmes ne risquerons rien.
    Les moues dubitatives et contrariées de l’assistance n’échappèrent pas à M. de La Chapelle qui poursuivit :
    — M. de Guise m’a fait raccompagner par de nouveaux gentilshommes qui viennent nous prêter main forte. Dès demain ces capitaines vont s’assurer de l’état de nos troupes et vérifier que nous sommes en ordre de bataille. Le duc d’Aumale et ses cavaliers sont déjà à Saint-Denis. Si le roi tente quelque chose, j’ai la promesse qu’ils rentreront dans la ville. Quant à Mgr de Guise, il n’est pas loin, et nous le verrons plus tôt que vous ne le pensez.
    La réunion terminée, Le Clerc dit à Nicolas Poulain qu’il viendrait le chercher le lendemain pour rencontrer les gentilshommes
     de Guise.

    Le lundi après-midi, Le Clerc vint chercher Nicolas. L’un en mule et l’autre à cheval, ils se rendirent à l’hostellerie de
     l’Arbalète, dans le faubourg Saint-Germain.
    L’établissement était situé sur le chemin de l’abbaye de Saint-Germain, juste après le pilori et un peu avant la rue du Four.
     On l’apercevait dès qu’on avait passé la porte Saint-Germain : une grosse bâtisse avec une grande écurie bien pratique pour
     ceux qui venaient à la foire, en février. C’était aussi l’auberge où logeaient les visiteurs de l’abbaye et ceux qui avaient
     affaire avec les nobles familles qui habitaient dans le quartier, comme la duchesse de Montpensier.
    Dans la cour, ils laissèrent leurs montures à un garçon, puis entrèrent dans la salle commune, une longue pièce, basse et
     obscure, au plafond de bois noirci par la fumée. La chaleur était telle qu’on avait l’impression d’entrer dans une étuve.
    Quand ses yeux se furent habitués à l’obscurité, car la salle n’était éclairée que par deux cheminées où brûlaientdes feux d’enfer, Nicolas distingua un groupe de gentilshommes qui faisait grand tapage. Ils étaient une trentaine à occuper
    

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