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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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de Mantes, il
fut tout de gob refusé, pour ce que Sa Majesté, à son avènement, avait promis
que lorsque le gouvernement catholique d’une ville ligueuse viendrait à vaquer,
il ne pourrait être baillé qu’à un royaliste de même religion. Rosny n’ignorait
point ces dispositions, mais s’étant flatté que le roi ferait pour lui
dérogation, il fut excessivement encoléré de ce rebéquement et parla à Sa
Majesté avec les grosses dents, jusques à lui reprocher de ne pas prendre à
compte, en son ingratitude, la longueur de ses services, les dépens encourus et
le sang versé.
    Cette scène
qui tenait quasiment du dépit amoureux, tant Rosny aimait en son for le roi,
n’eut de témoin que moi qu’elle embarrassa prou. Et quand enfin Rosny toujours
bouillant en son ire, se retira avec le plus bref des saluts (mais il est vrai
qu’il ne se pouvait génuflexer, son mollet n’étant point refait) je ne sus si
je devais le suivre, ou demeurer. Auquel dernier parti enfin je me rangeai, surpris
que j’étais de l’irraisonnableté de mon mentor, car n’était-il pas évident que
si le roi avait contrevenu à la formelle promesse de ne point mettre un
huguenot en place d’un catholique dans les villes à la Ligue reprises, il eût
mis à groigne et mutinerie tous les gentilshommes royalistes qui allaient à
messe.
    — C’est
un bizarre, dit le roi, Rosny parti, avec un sourire mi-gaussant,
mi-attristé, et en marchant qui-cy qui-là dans la chambre, et de ses courtes et
maigres gambes, frappant le plancher fortement. Mais, poursuivit-il en parlant
par phrases brèves et rapides, sa bizarrerie n’est que vêture. Au cœur gît
tout, et non pas aux habits. J’ai bien trouvé quelque extrémité de vanité dans
l’arrangement de son triomphe à l’entrant de Rosny. Ce n’est qu’un petit côté,
l’homme est de bon métal. Il m’est précieux et entre tous fidèle. Il reviendra.
Il ne voudra pas que de grandes choses se fassent sans lui en ce royaume. Et
vous, Siorac, ajouta-t-il en tournant vers moi sa longue face où se voyaient de
prime son nez si long et son œil si fin : Qu’allez-vous faire ?
Suivre notre Achille irrité en sa tente ? Ou demeurer avec Agamemnon pour
l’aider en son siège de Troie ?
    — Ha !
Sire ! dis-je, entendant que son propos était d’aller derechef assiéger
Paris, avec vous, Sire ! Avec vous jusqu’au bout ! Et les armes à la
main !
    — Voilà,
comme dit Rabelais, qui est chié chanté, dit le roi en souriant. Et vous y avez
quelque mérite, mon ami (m’appelant ainsi pour la première fois), car tant
vaillant que vous soyez, vous n’avez guère de goût, à ce que je crois, au
métier des armes.
    — Il est
vrai, Sire, dis-je, étonné qu’il en ait si vite et si bien jugé, outre qu’étant
médecin, j’ai plus appétit à curer qu’à tuer, il y a au chamaillis quelque
chose qui me rebèque. C’est que vie ou trépas se joue au coup de dés, alors que
dans les secrètes et périlleuses missions que m’avait confiées le feu roi,
j’avais davantage le sentiment de ne devoir qu’à moi seul ma survie ou ma mort.
    — Ha
bah ! C’est tout hasard là aussi ! dit le roi, qui était grand joueur
et chaque jour perdait ou gagnait aux dés et autres jeux de grosses sommes de
clicailles (ce qui enrageait Rosny). Et croyez-vous, mon ami, que vous n’avez
dû qu’à vous-même d’échapper à tous les attentements de meurtrerie dont vous
fûtes l’objet en vos missions ?
    Parole dont je
ne peux me ramentevoir à ce jour sans un horrible serrement de cœur, m’apensant
que si ce grand roi avait cru un peu moins au hasard, et un peu plus aux
précautions, il ne serait pas tombé, lui aussi, comme mon bien-aimé maître,
sous le cotel d’un assassin.
    — Dans la
réalité, poursuivit le roi, c’est de par votre naturelle humeur que vous
préférez à la guerre la déguisure, le secret, l’intrigue, la souterraine menée.
Vous n’aimez pas tant le laurier que le fruit. Et même si peu le savent, plus
vous chaut d’avoir conservé Boulogne au défunt roi que d’avoir gagné, à la
bataille, une cornette sur l’ennemi.
    — Cela
est vrai, Sire, dis-je, béant qu’il pût lire en moi comme en un livre ouvert.
    — Mon
ami, poursuivit le roi, me frappant sur l’épaule avec cette chaleur
d’enjouement qui attirait à lui tant de cœurs, puisque c’est là votre
particulier talent, j’en ferai usance, soyez-en assuré, le moment

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