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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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venu. À
chaque viole sa corde ! Et de celle-là aussi je jouerai !

CHAPITRE VI
     
     
    Choisy, le
bedondainant secrétaire de Rosny, avait quelque peu anticipé les choses en
parlant l’avant-veille de la capitulation de Mantes. Elle n’était point faite,
et ne se fit que le soir du retour triomphal de mon sage mentor en Rosny, le
roi, après la chasse, et comme pour se défatiguer d’elle, s’étant présenté sous
ses murs, dont il n’eut pas à faire sept fois le tour, comme Josué devant
Jéricho, pour qu’ils tombassent, ou du moins à lui s’ouvrissent. Sur sa lancée,
il prit Vernon et revenant à Mantes, il y établit ses quartiers, où je le
suivis avec très peu de monde, car j’avais rendu à mon père ses hommes et à
Rosny ses arquebusiers, ne gardant que mon Miroul, Saint-Ange, Pissebœuf,
Poussevent (tous deux blessés), le page Nicolas, et Mignon, gentil galapian
recruté par Miroul en Anet, lequel, ne le voulant pas nommer de ce nom
ambigueux, j’appelais Marsal, en souvenir du serviteur de Mespech tué au combat
de la Lendrevie à Sarlat.
    En les quinze
jours que nous demeurâmes avec le roi à Mantes, mon Miroul ne fut pas long à
s’apercevoir que j’avais cessé de me couper la barbe au plus près du menton. Et
sans oser en demander tout de gob la raison, me tabusta de quelques remarques
hors cible et buissonnières, lancées avec un petit brillement de son œil marron
(son œil bleu restant froid), par quoi il voulait me faire assavoir qu’il
entendait bien qu’il y avait anguille sous roche et la voulait par la queue
saisir.
    — Moussu,
vous n’êtes point vieil assez pour porter toute votre barbe ! Même Monsieur
votre père ne la souffre pas si longue !
    Ou bien :
    — Fi
donc, Moussu ! Que vont penser les mignotes de ces fourrés piquants !
Êtes-vous barbon ranci ? Comment plaire aux dames et aux demoiselles avec
ces vieillottes touffes ? N’avez-vous plus appétit au sexe ?
Aimez-vous mieux d’ores en avant aller à messe que courre à fesse ?
    Ou bien :
    — Moussu,
votre barbe me ramentoit le temps où vous jouiez au marchand en Boulogne avec
Dame Alizon ! Ou remembrance plus cuisante encore : quand nous nous
cachions chez elle en Paris lors des barricades. Cornedebœuf ! Je me
revois encore un bandeau sur l’œil pour cacher mes yeux vairons.
    Vramy !
m’apensai-je, le voilà qui brûle, et en même temps s’abandonne à la plus
rongearde anxiété, pour ce qu’il craint, précisément, que ses yeux vairons qui
nous ont trahis le jour des barricades (son bandeau ayant chu et La Vasselière
nous ayant reconnus) m’empêcheront de l’emmener avec moi en mes nouvelles
missions. Car pour celles-là, il a quasiment jà mis le doigt dessus, étant trop
proche de moi pour que je lui puisse rien celer, et pas même mes doutes sur
Angelina.
    Quoi pensant,
et le voulant rassurer, sans rien lui déclore du quand, du qu’est-ce et du
comment (en sachant si peu moi-même) j’usai des mêmes chemins obliques par où
il m’avait approché.
    — Je fus
bien fol, dis-je sans y toucher, de recourir à ce bandeau, pour ce que la
meilleure déguisure pour toi, mon Miroul, ce serait des lunettes, dont un verre
serait bleu.
    Trois ou
quatre jours après cet entretien, je fus ravi de recevoir la visite du Grand
Prieur, fort resplendissant en un pourpoint de satin bleu pâle garni de deux
rangées de perles, sa belle face encore toute veloutée du teint abricot de
l’enfance, son œil bleu tant gentil et naïf, et en contraste avec ce bel azur,
le cheveu testonné en bouclettes noires ; lequel, tout fils de France
qu’il fût, me donna une forte brassée (ce que Rosny ne faisait quasi jamais, se
cuidant trop haut pour cela) et cent poutounes sur les joues, ou plutôt sur la
barbe, ayant gardé la pétulance et la grâce de ses vertes années, et avec tous
en la Cour excessivement cajolant. Tant est que personne ne lui garda jamais la
moindre mauvaise dent de son humeur voleuse, car étant excessivement dépenseur,
et lui faillant toujours cinquante-neuf sols pour faire un écu, il robait comme
fol, et à ce qu’on m’apprit même, envoyait ses laquais détrousser les passants
sur les grands chemins.
    — Siorac,
dit-il de sa voix flûtée et chantante, quand il eut discontinué ses caresses,
je suis d’autant charmé de vous voir que je vous croyais mal allant, vous
cloîtrant, pour ainsi parler, au logis, et n’apparaissant plus à la Cour.
    Et ce

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