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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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marché
dans l’espoir de voir La Goulue, sachant qu’elle allait régulièrement à la
moutarde, du moins quand La Raverie s’encontrait en Saint-Denis, ayant une
maison aussi en Paris et séjournant qui-cy qui-là. Le hasard me sourit pour ce
qu’après une heure à me trantoler dans les alentours, j’aperçus la mignote et
l’accostai à la sournoise.
    — Ha !
Ma grosse mouche ! dit-elle, que me viens-tu encore bourdonner à
l’oreille ? Et que veux-tu savoir ?
    — Tout sur
Vitry, dis-je, sotto voce.
    — Ha !
dit-elle, depuis qu’il s’en est allé à Meaux, Madame est inconsolable ! Il
était si divertissant !
    — Vramy ?
dis-je. Du bec ou du vit ?
    — Des
deux. Je me ramentois qu’un jour en Paris, le perroquet de Madame demeurant coi,
Vitry lui demanda s’il parlait.
    — Oui-da,
opina ma maîtresse, mais il faut lui montrer pécunes.
    — Quoi,
dit Vitry, cela est-il possible ?
    Et tirant un
écu de ses chausses, il le tint entre le pouce et l’index devant le perroquet,
lequel, en effet, se mit aussitôt à jaser.
    — Mordieu,
Madame ! dit Vitry en riant comme fol, je crois, moi, que ce sont les
prêchaillons de Paris qui lui ont appris ces bonnes manières. Car il fait tout
comme eux. Il baille, dès qu’il voit clicailles.
    Je la poussai
plus outre, mais elle ne savait rien de plus sur l’homme que des secrets de
coite que je fourrais incontinent, comme dirait mon Quéribus, « dans la
gibecière de mes oublis ». Cependant, je ne m’en revenais pas bredouille
de ma quête, la gausserie du marquis sur le perroquet de Madame ne montrant pas
une excessive amour ni pour les enflammées soutanes ni pour celle ou celui qui
stipendiait leurs prêches. Tant est que de tels propos me paraissant sentir
plus son « politique » que son ligueux, je commençai à bien augurer
du succès de ma mission.
    Le diabolique
de l’écriture, c’est qu’elle peut courre la poste plus vite que pigeon, et
combien qu’il y ait une bonne journée de cheval de Saint-Denis à Meaux,
transporter le lecteur d’une ville à l’autre en un battement de cil, tant est
qu’à peine a-t-il vu s’éloigner la petite et rondie silhouette de La Goulue sur
la place du marché que le voilà jà en la maison de ville de Meaux dedans les
appartements du gouverneur et parlant comme moi à sa puissante, piaffante et
paonnante personne.
    — Le
marquis de Siorac ? dit Vitry en m’espinchant, fort sourcillant, de la
tête à l’orteil. Ce qui fait que je l’envisageai moi-même sans humilité aucune,
et sans être ni content ni mécontent de ce que je voyais, tant l’homme était
fidèle à ce qu’avait si bien décrit Quéribus.
    Le prélat est
réputé suave, le soldat, abrupt et le marchand, enveloppant. Se peut qu’il y
ait des prélats abrupts, comme l’était feu le cardinal de Guise, à qui
toutefois sa rugosité a fort mal réussi, mais je n’ai jamais vu de soldat
suave, et Vitry ne faisait pas exception. On l’eût dit taillé à coups de serpe
et à la volée dans le bois le plus dur, l’épaule carrée, la musculature sèche,
la mâchoire mal équarrie, le sourcil épais, l’œil noir, un nez dont M me de Nemours eût apprécié les dimensions, lequel était pointé sur moi comme un
canon.
    — Le
marquis de Siorac ? reprit M. de Vitry avec quelque chose de si menaçant,
dans l’œil, le menton et le nez qu’on eût dit qu’il allait me donner l’assaut,
j’ai aperçu une ou deux fois à la Cour d’Henri Troisième un petit chevalier de
Siorac, qui faisait quelque peu le médecin, mais le marquis de Siorac, je n’ai
pas l’heur de connaître.
    — Ce
petit chevalier, c’était moi, dis-je sans battre un cil. Le défunt roi m’a fait
baron et Henri Quatrième marquis.
    — Honore-t-il
donc à ce point la médecine ? dit Vitry en levant un noir sourcil.
    — Nenni,
Monsieur, dis-je d’un air à ne pas me laisser morguer, j’ai rendu quelques
services à Leurs Majestés, d’aucuns en la déguisure où vous me voyez ce jour.
    — Pour
moi, dit Vitry en redressant sa taille et en carrant les épaules, je n’ai
jamais fait que le soldat.
    — Qui
l’ignore ? dis-je avec un salut. Le monde entier connaît la vaillance de
M. de Vitry, laquelle j’ai moi-même quelque titre à pouvoir apprécier, ayant
combattu sous M. de Rosny à la bataille d’Ivry.
    — Ha !
dit Vitry, auquel ce nom d’Ivry faisait mal aux oreilles, la Ligue y ayant été,
comme on l’a

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