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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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chaire, une bonne trentaine
de garces échevelées, lesquelles se balançant d’avant en arrière, pleuraient,
priaient et gémissaient à cœur fendre. Et moi me voulant assurer du dol qui les
poignait ainsi, avançai alors, suivi de mes deux arquebusiers, à la vue de qui
et de moi, les femmes tout soudain se mirent à hucher des cris d’épouvante si
déchirants que j’en fus comme transi, et cloué sur place, béant d’être ainsi
reçu. Cependant, mon immobilité peu à peu les rassurant, elles s’accoisèrent,
et saillit alors de derrière la chaire où sans doute il se cachait, un prêtre
chenu qui, appuyé sur une canne, s’approcha en clopinant et dit :
    — Monsieur,
êtes-vous à M. de Mayenne ou au chevalier d’Aumale ?
    — Ni l’un
ni l’autre, la Dieu merci ! Je suis au roi !
    — Ha !
la Dieu merci, en effet ! dit le vieux prêtre. Nous sommes saufs !
    — Oui-da !
Mayenne a fui ! le faubourg est à nous ! N’avez-vous pas ouï le
boute-selle ?
    — La Dieu
merci, dit le vieux prêtre en levant la main au ciel, ce calvaire est
fini ! Du moins pour moi, ajouta-t-il à voix basse et en me prenant par le
bras pour m’éloigner des garces qui, quelque peu rassurées par ce qui s’était
dit entre lui et moi, continuaient néanmoins leurs lugubres plaintes sans
branler de leur position accroupie. Mais pour elles, Monsieur, il ne fait que
commencer, poursuivit le vieux prêtre. Ces malheureuses que vous envisagez
céans se sont réfugiées, le faubourg pris par M. de Mayenne, en mon église,
croyant que les ligueux qui se disent si fervents défenseurs de notre foi,
respecteraient le saint lieu. Hélas il n’en fut rien ! Car à peine le
chevalier d’Aumale, à mettre le nez dans la nef, eut-il aperçu ces femmes,
qu’il les livra à ses soldats, jurant les blessures de Dieu que puisqu’elles tenaient
le parti du roi, c’était gibier d’hérésie et qu’il les fallait traiter comme
putains au bordeau. Ha ! Monsieur ! À peu que je n’ose dire ce qui se
passa ensuite, ici même, sur les dalles que voilà. D’aucunes de ces infortunées
qui voulurent s’opposer à ces bêtes brutes, furent traînées par les cheveux
jusqu’au pied de l’autel et battues à pieds et poings jusqu’à pâmoison. L’une,
la plus opiniâtre à la résistance, fut tout de gob daguée par un de ces démons
pour lui apprendre, dit-il, à se tenir coite et faire sa volonté. Après
quoi, il besogna son corps expirant. Moi-même, de prime transi à ces horreurs,
mais reprenant cœur en mon indignation, et tâchant d’assouager la férocité de
ces méchants par mes remontrances et le respect qu’ils devaient à la maison du
Seigneur, l’un d’eux, fatigué de m’ouïr, me saisit par le bras, me posa le
cotel sur la gorge et menaça de me dépêcher, si je présumais de l’importuner
plus avant par mes prêchailleries. Sur quoi un autre, ce me semble un sergent,
ou un quelconque gautier qui était en autorité parmi eux, ajouta qu’il n’était
rien qui ne leur fût permis par la Sainte Église, puisque, combattant pour une
bonne cause, avec l’aveu du pape, et pour ainsi parler, sous sa bannière, tous
leurs péchés, voire les plus grands, et jusqu’au parricide, ne pouvaient qu’ils
ne leur fussent remis : privilège infini où il comptait bien, pour sa
part, se ventrouiller tout son saoul…
    — Ha !
Monsieur ! poursuivit le prêtre. N’est-ce pas inique que se réclamant de
l’Église, ils la considèrent si peu ! L’un de ces vilains, violant le
tabernacle, et coupant la chaîne qui attachait mes deux ciboires, jeta sur les
dalles avec déprisement celui d’étain, disant en gaussant qu’il voyait bien
qu’il était en métal vil, donc royal et hérétique, mais en revanche, empocha le
second, celui-là, dit-il, ne pouvant être que de la Sainte Ligue, étant
d’argent.
    Un autre,
dévêtant une garce, et la trouvant trop vieille, même pour son appétit, et
toutes autres étant ès poings de ses compères, se vengea de sa déconvenue en
lui fourrant de force en les parties un de ces pétards dont les assiégeants
font sauter les poternes des villes, y mit le feu et fit exploser la
malheureuse. De quoi il fut gourmandé par le sergent, non pour l’inhumanité de
son acte, mais pour avoir mésusé de ses munitions de poudre, là où une dague
aurait suffi.
    Ce sacquement
infâme dura jusqu’à l’aube, où tout soudain, ils se retirèrent, non sans

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