Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
fut décidé par les deux rois d’aller mettre le siège devant Paris. Mais le
projet, néanmoins, planait quelque peu dans l’air déjà, puisqu’il fut résolu ce
jour que Châtillon et Rosny iraient capturer incontinent Chartres, laquelle
ville, comme on sait, est le grenier de la capitale, tant est que quiconque la
tient, tient et retient l’envitaillement de la bonne ville en blé et froment de
la Beauce.
    Cette attaque
contre Chartres devant être menée dans le secret et la célérité fut la raison
pour quoi Navarre confia à Châtillon trois cents chevaux et cinq cents
arquebusiers à cheval, à l’exclusion de tous gens de pié, mais avec des
échelles, un pont volant pour passer les murailles, et des pétards pour faire
sauter les portes ; le départ fixé fort tôt à l’aube pour n’alerter point
les espions ligueux de Tours ; point de boute-selle, mais un département
sans noise et si je puis dire, à sabot de velours ; le secret bien gardé
sur notre destination que seuls Châtillon et Rosny connaissaient ; et
enfin de Tours à Bonneval, une seule grande traite sans démonter et prenant, le
cul sur selle, nos deux repues, à la fortune du pouce et le vin à la régalade.
    Comme on
approchait de Bonneval, on tomba sur une petite troupe ligueuse commandée par
M. de Recrainville, laquelle ne comptait pas plus de vingt-cinq chevaux. Elle
s’ensauva à notre vue, mais nos coureurs en avant-garde lui tapèrent fort sur
la queue, sans la pouvoir anéantir, mais en faisant quelques prisonniers :
Ce qui fut fort heureux, car on apprit par eux qu’il y avait dans le voisinage
trois ou quatre cents chevaux ennemis en campagne. Ne les voulant pas avoir
dans le dos en notre chevauchée sur Chartres et doutant bien que ceux de
Recrainville qui avaient réchappé leur allaient dire où nous étions, on décida
de les affronter et de marcher à eux. Par une décision qui m’étonna, Châtillon
envoya ses arquebusiers par le chemin de Chartres, comme s’il estimait sa
cavalerie à cheval bien suffisante pour détruire celle de l’ennemi. Tant est
que ce fut à égalité de nombre que le combat se fit.
    Il se fit fort
à l’improviste, car escaladant une petite colline abrupte, pour gagner des vues
sur les alentours, parvenu au sommet, on vit tout soudain l’ennemi qui montait
la pente de l’autre côté vers nous, séparé par deux cents pas à peine. Il
s’ensuivit un affrontement d’une épouvantable violence. Les deux gros
s’entretoquèrent si fortement par la lance et l’épée qu’en un clin d’œil il se
fit un monceau à terre de plus de quarante chevaux et d’hommes pêle-mêle, les
uns sur les autres gisant. Grâce au ciel, je ne tombai point, évitant une lance
et donnant de l’épée comme je pus sous le heaume de mon assaillant. Mon estoc
se cassa net à la poignée, laquelle je jetai tant violemment à la tête de mon
ennemi qu’il en vida les étriers, je pense, car j’eus le temps de dégager de
mon arçon mon deuxième estoc avant d’être de nouveau assailli, mon Miroul
pendant ce temps lançant le cotel, à dextre et à senestre, aux valets ou autres
goujats qui couraient entre nos chevaux pour leur donner dans les tripes. Le
mauvais de ces mêlées, c’est que lance ou épée se brisant, on se trouve tout
soudain sans arme devant un nouvel assaut, à moins que de tirer le pistolet, ce
qu’on ne fait qu’en dernier ressort, et qu’une fois. Et ce que fit Rosny, quand
le petit page Moineau, accourant sur son petit cheval arabe pour lui apporter
un nouvel estoc (deux s’étant jà rompus) un des cavaliers ligueux, foulant au
pied les lois de la chevalerie qui voulait qu’on épargnât les pages, transperça
le pauvret de sa lance : Crime qu’il paya incontinent de sa vie, les
carreaux d’acier de Rosny lui déchiquetant corselet et poitrine.
    Au long de cet
encharné combat, M. de Rosny, tout affairé qu’il fût et donnant de son estoc,
comme disait Jeanne d’Arc, de bonnes buffes et bons torchons, me gardait
à l’œil néanmoins, comme étant novice à ce combat, et me voyant poursuivre
l’ennemi qui tournait jaquette, me cria de n’en rien faire. Et moi obéissant et
à lui me remettant au botte à botte, il me dit que ce n’était pas là vraie
retraite, comme je cuidais en mon innocence, mais que les ligueux ne se décrochaient
de nous que pour se rallier, et furieusement nous recharger. Ce qu’ils firent,
et ce qu’ils firent tant qu’ils furent

Weitere Kostenlose Bücher