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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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gaillardies – qu’on pouvait, certes, ne pas être raffolé
du tout des femmes, mais qu’on ne pouvait les aimer sans les aimer
excessivement. J’entends bien que c’est là parole dévotieuse et qu’on la peut
débattre, mais que si on la veut tenir pour vraie, il convient alors d’ajouter
qu’à moins d’être difforme et décrépit, on ne peut les aimer sans être à son
tour aimé d’elles, tant est contagieux l’appétit qu’a notre sexe du leur, et le
leur, du nôtre.
    Je ne dis point
ceci pour me disculper le moindre, avouant, et mes faiblesses et mes
subséquents remords, lesquels, pourtant, comme j’ai dit déjà, ne sont, à mon
sentiment, qu’une sorte de baume dont on oint sa conscience, lequel baume,
l’endormant, vous baille en tapinois une chattemitesse permission de ne point
discontinuer les péchés qui nous furent si chers. Mais je voudrais, toutefois,
faire entendre par le présent propos, combien est difficultueuse pour des
hommes de ma chaleureuse composition la soumission aux lois de Dieu, alors que
les sollicitent si vivement les lois de la Nature.
    Le Gascon
Cabusse, qui fut avec la frérèche soldat dans la légion de Normandie, avant que
de devenir à Mespech leur domestique, disait, en se plaignant que Sauveterre
fût si roide à interdire à nos gens la plus petitime familiarité avec les
chambrières : Co rn edebœuf ! c’est par trop brider la pauvre
bête ! Phrase qui me résonna étrangement en cervelle, quand je rompis
à Châteaudun trois mois de bien aigre et âpre abstinence, laquelle m’était
d’autant plus au rebours de mon estomac, que le péril où j’étais
quotidiennement de ma vie me donnait à penser que je mourrais peut-être sans
m’en être délivré. Comme chacun sait, il n’est rien d’aussi puissant que le
pensement de la mort pour accroître l’urgence de la volupté.
    Cependant,
cette belle drapière dont j’avais tant admiré la vaillance à monter la première
à l’assaut, et qui ménageait si bien tout ensemble sa boutique, sa réputation
et ses prudents plaisirs, ne put pas commander aussi bien au temps qui les
circonscrivait. Car deux jours avant le terme de la petite semaine qu’elle
avait vouée à nos conniventes délices, M. de Rosny y mit fin en me venant dire
un matin, l’air grave et le trait tiré, qu’il avait ouï que sa femme se mourait
en son château de Rosny, qu’il allait y courir et puisque aussi bien j’avais
complété ma petite suite, qu’il me voulait dans son escorte – d’autant que
j’avais d’excellents chevaux dont la célérité lui serait fort utile pour
échapper aux ligueux, lesquels tenaient tout le pays à l’entour.
    Au départir,
mon hôtesse et moi conçûmes dépit et déplaisir à nous déprendre l’un de l’autre
plus tôt que nous n’avions pensé, tant est qu’elle jeta des pleurs, à mon
considérable étonnement, pour ce que je m’apensais qu’elle était bonne ménagère
de tout, y compris de ses larmes. Mais d’évidence, il n’en était rien, car
mouillant mon col de ses refrénés sanglots elle me dit d’une voix que le nœud
de la gorge étouffait qu’elle vivait ce départir comme un arrachement, si fort
s’encontrait le lien que nos étreintes avaient en si peu de jours forgé, à
telle enseigne qu’il ne lui était besoin, même sans me voir, que d’ouïr ma voix
en le logis pour sentir incontinent une douleur tout ensemble insufférable et
délicieuse parcourir son ventre.
    Je fus
excessivement touché de ce propos et d’autres semblables, si naïfs et si
francs, d’autant que. persuadé de prime que la belle drapière voulait vivre ce
commerce comme une parenthèse dans sa vie, et m’étant mis dans des dispositions
à prendre la chose avec une légèreté en moi inhabituelle, je découvrais avec un
trouble extrême qu’elle me parlait un langage où l’amour prenait le relais de
l’appétit. Ce qui m’émut. Et combien que je fusse excessivement chagrin de
quitter les délices où elle m’avait nourri, j’éprouvai en même temps quelque
soulagement à l’idée que la guerre m’arrachait à elle, tant, même la navrure,
ou la mort, me paraissait préférable à la crainte qui tout soudain me poignit
que j’eusse pu moi aussi, infecté par son intempérie, me mettre à l’aimer,
infidèle non pas seulement par le corps, mais par l’âme aussi, à mon Angelina.
    Tandis que je
m’ébattais de la façon que j’ai dite, mon Miroul, fort avide

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